BOLIVIE: un pays à l'aube de sa refondation
Publié le 24 Janvier 2009
Bolivie, un pays à l'aube de sa refondation
La Paz . Les Boliviens ratifient dimanche la nouvelle Constitution. Evo Morales appelle à approfondir « la révolution démocratique ». L'opposition
continue de se cabrer.
Des centaines de milliers de Boliviens étaient attendus hier à Cochabamba pour célébrer la fin de la campagne du « oui » à la nouvelle Constitution dont le référendum de ratification a lieu dimanche. Le président Evo Morales, qui présentait ce même jour le bilan d'activité gouvernementale pour l'année 2008, a enjoint ses concitoyens de saisir « l'opportunité historique de consolider les transformations amorcées en 2006 », lors de son accession au pouvoir. « Le texte comprend un meilleur futur pour les Boliviens puisqu'il leur garantit le respect de leurs droits humains, l'accès aux services basiques comma la santé, l'éducation, l'emploi et l'eau potable, en plus de promouvoir une nation sans exclusion », a-t-il fait valoir.
un accouchement dans la douleur
Du côté des forces sociales, pilier du gouvernement du MAS (Mouvement au socialisme), ce nouveau texte garantira la nécessaire refondation de ce pays figurant parmi les plus pauvres au monde. Son accouchement aura d'ailleurs été douloureux.
Ces trois dernières années, la récupération des profits de l'exploitation des ressources naturelles (gaz, pétrole...), indispensable au financement des réformes sociales (allocations scolaires et les pensions de retraites), a été la pierre d'achoppement avec l'opposition de droite de Podemos. Le MAS a dû faire face à une obstruction systématique : blocage des travaux de la Constituante, veto aux nationalisations et aux réformes...
Les référendums séparatistes promus par l'oligarchie raciste, dans les riches régions de l'Est bolivien, ont constitué le point culminant des tentatives de renversement contre le gouvernement socialiste. La crise a certes connu une trêve, en août, après qu'un référendum révocatoire eut confortablement confirmé Evo Morales dans ses fonctions. Une accalmie fragile au terme également de compromis par rapport au texte initialement prévu.
Mais la droite et les préfets des régions fractionnistes, soutenus par les confédérations et les brigades de choc des comités civiques, n'ont pas baissé les bras. Avec l'appui des principaux canaux médiatiques, la propagande a fonctionné à plein, accusant la Constitution de s'en prendre à la propriété privée, à l'Église, aux autonomies...
Après 183 ans d'exclusion sociale et politique, à quoi ressemblera la Bolivie de demain ? Le verdict sortira des urnes. Pour l'heure, le « oui » fait la course en tête dans les sondages.
C. Ce. ( l'humanité du 23 janvier)