Patrimoine culturel immatériel 2023 : L’artisanat et l’art de jouer du balaban ou mey
Publié le 5 Novembre 2024
balaban en Azerbaïdjan By Photographed by MrArifnajafov, own work, 2012-06-01, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19687157
L’artisanat et l’art de jouer du balaban ou mey
Inscrit au patrimoine culturel et immatériel en 2023.
Dénomination de l’élément dans les 2 langues concernées :
- Azerbaïdjan : Balabanın Sənətkarlığı və İfaçılıq Sənəti
- Turquie : Mey Zanaatkarlığı ve İcra Sanatı
En Azerbaïdjan, l’instrument est appelé balaban.
En Turquie, l’instrument est appelé le mey.
Les personnes et organisations impliquées
Les personnes sont impliquées dans la fabrication, la composition de la musique, l’enseignement et l’apprentissage du balaban/mey. Elles produisent, utilisent, forment et font la promotion de det instrument de musique.
Plusieurs organisations existent :
►Azerbaïdjan :
32 écoles de musique pour enfants et écoles secondaires à Bakou, Ganja, Nakhikchevan, Quba, Chaki, Karabakh et Lankaran.
Des établissements d’enseignement supérieur comme le Conservatoire national d’Azerbaïdjan et l’Université de la culture et des arts, l’Union des compositeurs d’Azerbaïdjan et Union publique Yaradıcı Təşəbbüslər)
Les grands interprètes de balaban sont, entre autres, Alakbar Asgarov, Rasim Aleskerov, Rahman Aleskerov, Alikhan Samadov, Bahruz Zeynalov, Hasanaga Sadigov, Bababkhan Amirov, Shirzad Fataliyev.
►Turquie
Les joueurs de mey sont connus sous le nom de « Mey Çalgıcıları » (joueurs de mey). Les fabricants de mey sont connus sous le nom de « Mey Zanaatkarları » (artisans pour le mey). Trois groupes d’artisans assurent séparément la fabrication : les « Gövde Yapımı Zanaatkarları » (fabricants du corps), les « Kamış Yapımı Zanaatkarları » (fabricants des anches) et « Kıskaç Yapımı Zanaatkarları » (fabricants des pinces).
Les 2 états soumissionnaires
►Azerbaïdjan
La fabrication du balaban est typique de la région de Shirvan. On peut trouver des fabricants également à Bakou, Shamakhi, Guba, Ningachevir, Ganja et Nakhchivan.
►Turquie
Le mey est surtout pratiqué dans la partie orientale de la Turquie dans les villes de Kars, Erzurum, Bayburt, Erzincan, Artum.
L’instrument
mey en Turquie
Le balaban/mey est un instrument en bois utilisé depuis des siècles par les communautés des 2 états. Il est constitué de 3 parties : le corps, l’anche et la pince.
Le corps est percé de 7 à 8 trous de jeu et un trou de pouce.
Une large double anche aplatie est ajoutée côté bouche.
Une pince est utilisée pour accorder l’anche.
Les essences d’arbres utilisées diffèrent et nécessitent une bonne connaissance des espèces végétales. Les arbres utilisés sont les pruniers, les abricotiers, les mûriers et les noyers. Les essences préférées sont le prunier et l’abricotier pour la fabrication du corps.
L’anche est fabriquée en massette à larges feuilles.
La pince est fabriquée en tiges de roseaux et de bois.
Différents outils et matériaux sont nécessaires à la fabrication.
La pratique
Les musiciens produisent une vibration en expulsant l’air accumulé dans la bouche qu’ils vont moduler en bouchant ou en libérant les trous du corps de l’instrument.
La maîtrise de cet instrument demande du temps et de la persévérance.
En Azerbaïdjan, le balaban est enduit en finition à l’huile de lin ou d’olive et mis à sécher à une certaine température sur une longue période. Ensuite, ils percent les 8 trous du dessus et le trou du dessous.
Les artisans fabriquent des balabans allant du sol de l’octave 2 au ré ou mi mineur de l’octave 4.
En Turquie, les artisans fabriquent 3 tailles traditionnelles de mey : ana (la plus longue), orta (la moyenne) et cura (la plus petite). Ces différentes tailles produisent des mélodies différentes.
Afin de jouer le mey, une anche double appelée « Kamish » est placée sur l'instrument. Lorsque le mey n'est pas utilisé, l'embout buccal est rangé dans un endroit sec, et un anneau le ferme pour une utilisation ultérieure, afin d'éviter qu'il ne se dilate.
Le mey est joué en solo et parfois en groupe accompagné par des percussions ou un autre mey.
La gamme de sons se limite à une octave.
La transmission
Les connaissances, savoirs faires et techniques de fabrication et d’utilisation du balaban/mey se transmettent de façon informelle au sein des familles par les échanges verbaux, l’observation, la participation et les relations maître-apprenti. L’élément est également transmis par des moyens formels et non formels dans l’enseignement avec l’apprentissage du solfège.
Cet instrument connaît une grande popularité auprès des jeunes dans les 2 états.
Les aspects socio-culturels
L’instrument joue un rôle important dans la culture musicale de nombreux habitants. Les aspects socio-culturels de l’élément sont liés aux pratiques sociales, à la mémoire sociale et à l’identité culturelle.
Utilisé comme un instrument soliste ou d’accompagnement lors des fêtes traditionnelles, des mariages, des concerts ou avec des orchestres, des ménestrels et des groupes de musique traditionnelle il contribue à la solidité des liens sociaux.
En Azerbaïdjan, la fabrication et l’utilisation remontent à des temps immémoriaux. Ils ont découvert à Mingechevir l’instrument le plus ancien datant du 1er siècle avant JC.
Les artisans azerbaïdjanais considèrent le balaban comme un composant de leur identité et de leur mémoire collective qu’ils partagent aux jeunes.
En Turquie, le mey fait partie des traditions des ménestrels pratiquées à l’intérieur des maisons comme lors des rencontres traditionnelles sohbet, les rassemblements de ménestrels, les cérémonies, les répertoires de danses traditionnelles turques.
Toutes les couches de la société turque se rassemblent autour du mey sans distinction d’âge, de genre, de milieu socio-économique ou d’origine ethnique. Les conversations, les pièces de théâtre, la musique et les repas sont des éléments essentiels qui développent l’amitié en rassemblant des individus sur une base commune. Cela restaure les liens sociaux, la solidarité sociale, l’apaisement.
La sauvegarde
►Azerbaïdjan
Autrefois, c’était les artisans et les musiciens qui fabriquaient, transmettaient et jouaient du balaban. Aujourd’hui, des associations communautaires (unions publiques, telles que l’Union des compositeurs d’Azerbaïdjan et l’Union publique de Yaradıcı Təşəbbüslər) jouent un rôle de plus en plus important dans la préservation de l’art du balaban, en soutenant les artisans et les interprètes. Les membres de ces organisations communautaires ont participé à la promotion et à la sauvegarde du balaban aux niveaux national et international. Des centaines de professeurs d’écoles professionnelles et de musiciens enseignent actuellement le balaban.
Le grand compositeur azerbaïdjanais Uzeyir Hajibeyli a été le premier à écrire des partitions pour le balaban et à l’intégrer dans des orchestres dans les années 1930.
►En Turquie, les efforts de sauvegarde commencent dans les années 50 avec la diffusion de concerts de mey sur les chaînes nationales. Différentes mesures ont servi à attirer l’attention et la visibilité de l’élément. Des « méthodes de mey » ont joué un rôle important dans la transmission de l’élément. Les communautés constituent grandement ) la sauvegarde en proposant des cours privés dans de nombreuses villes.
Source : Unesco