Patrimoine culturel immatériel 2021 : L’art de la broderie en Palestine, pratiques, compétences, connaissances et rituels

Publié le 9 Novembre 2024

Par Ma'moun Othman — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=107354346

 

Cet élément du patrimoine culturel immatériel a été inscrit en 2021.

Nom en palestinien :  فن التطريز في فلسطين: الممارسات والمهارات والمعارف والطقوس.

Autre nom : traditional fallahi ; cross stitch

L’art de la broderie traditionnelle est présent dans tous les villages, villes et camps palestiniens. Il est fréquent de voir des femmes de tous les âges et des filles se réunir chez les unes ou les autres afin de broder des robes traditionnelles. Plusieurs organismes caritatifs sont actifs dans le domaine de la broderie en tant que groupes indépendants et informels.

Dans la ville d’Amman, en Jordanie, les Palestiniennes qui vivent dans des camps se réunissent pour broder et exposent leurs produits dans des bazars créés pour soutenir les familles dans le besoin, améliorer leurs conditions de vie.

A Bethléem, les broderies palestiniennes sont exposées au Centre pour la préservation du patrimoine culturel palestinien lors des fêtes et des festivités.

L’art de la broderie palestinienne a dû évoluer en raison des endroits dont elle est originaire ou vers laquelle elle a été déplacée et du processus interculturel découlant du déplacement des Palestiniens en 1948.

Le style et la méthode restent inchangés.

 

Par Ma'moun Othman — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=107354343

 

Les Palestiniennes emportent leurs ouvrages de broderie sur leurs lieux de refuge aux 4 coins du monde comme un symbole de leur identité et de leur fierté nationale. Cette broderie tient une place à part dans le monde parce qu’elle véhicule l’histoire des femmes palestiniennes et reflète leur style et leur relation à la terre et à la vie.

L’habit principal était une robe à manches amples appelé thob, le buste, les manches et les manchettes étaient recouvertes de broderies au point de croix ou au point écossais. Les pans verticaux allant de la taille jusqu’au bas de la robe étaient ornés de broderies, en fils de soie sur des tissus en laine, lin ou coton.

Dès les années 1970, la robe régionale n’est plus utilisée, l’habit traditionnel des Palestiniens et l’industrie du tissage ont quasiment disparu.

Pourtant, il y a eu un renouveau grâce aux associations de femmes qui œuvrent à la promotion et à la réinitialisation des traditions de la broderie. Aujourd’hui, les broderies palestiniennes sont recherchées par des personnes résidant en Palestine mais aussi en dehors.

Les filles apprennent à broder vers l’âge de 8 ans, dès qu’elles parviennent à manier une aiguille. Les jeunes filles sont encouragées à copier les robes de leurs mères et grand-mères.

 

@Wafaa Abu Gulmee, Palestine, 2020

 

Les connaissances sont transmises aux plus jeunes selon 2 modes différents : la transmission traditionnelle au sein des familles, les jeunes filles sont invitées à s’assoir près de leurs mères pour les observer et peuvent réaliser leur première broderie. Le 2e mode d’apprentissage est formel, produit par des groupes et sociétés spécialisés qui organisent des formations sous le supervision de formatrices compétentes qui enseignent aux jeunes filles âgées de  à  ans.

 

Lien intergénérationnel/cérémonies

 

La broderie palestinienne renforce le lien intergénérationnel, les femmes les plus âgées forment les plus jeunes de leurs familles. Chaque région disposait de motifs qui lui étaient propres et symbolisaient l’identité du groupe.

Avant un mariage, les femmes de la famille se rassemblent pour broder les habits de la mariée ainsi que les taies d’oreillers, les draps de lit, les cadres de miroir et les rideaux.

Le point d’orgue de ce travail est le jour du henné, un jour de fête durant lequel les membres de la famille de la future mariée dansent et chantent vêtues de robes brodées. Le jour du mariage, la mariée porte une robe blanche brodée de motifs géométriques symboliques.

Les robes sont utilisées dans le cadre d’un autre rituel quand les femmes défilent dans la ville de Bethléem jusqu’à l’église de la Nativité vêtues de leurs habits traditionnels brodés.

 

Symbolisme important

 

En Palestine, la robe traditionnelle (thob) a été à diverses reprises un important symbole social et politique. Après 1948, les motifs ont été très influencés par la nakba et des changements radicaux qui se sont opérés dans la vie rurale traditionnelle. À la suite de l’insurrection en Palestine dans les années 1980, les femmes palestiniennes de la région d’Hébron ont utilisé la broderie comme moyen d’expression de leurs droits politiques et de leur patrimoine et ont brodé un drapeau palestinien et une carte de la Palestine sur une robe connue comme la robe de l’Intifada.

 

Sauvegarde de l’élément en Palestine

 

De nombreux efforts ont été déployés par le gouvernement pour la sauvegarde de la broderie au cours des dernières décennies : l’instauration de la Journée du patrimoine palestinien le 7 octobre et la Journée de la robe traditionnelle le 25 juillet de chaque année, ainsi que des festivités et des concours en lien avec la broderie.

Le 13 mars de chaque année, la Palestine célèbre la Journée nationale de la culture au cours de laquelle sont organisées des activités incitant à la promotion de la broderie. Le ministère a créé le Département du Patrimoine au sein duquel le Service du registre national de service du patrimoine s’occupe de la collecte et du classement des matériaux patrimoniaux.

Source : UNESCO

 

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