Mexique : Communiqué du Conseil Indigène et Populaire du Guerrero-Emiliano Zapata
Publié le 26 Novembre 2024
25 novembre 2024
À L'ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE
AU CONGRÈS NATIONAL INDIGÈNE
AU CONSEIL INDIGENE DE GOUVERNEMENT
AUX PEUPLE, NATIONS ET COMMUNAUTÉS INDIGENES QUI N'ONT JAMAIS ÉTÉ
CONQUIS
AUX ORGANISATIONS NATIONALES ET INTERNATIONALES DES DROITS
DE L'HOMME
AUX MÉDIAS LIBRE ET INDÉPENDANTS
A LA SEXTA NATIONALE ET INTERNATIONALE
AUX RÉSEAUX DE RÉSISTANCE ET DE RÉBELLION
AU PEUPLE DU GUERRERO
AU PEUPLE DU MEXIQUE ET DU MONDE
25 novembre 2024
Pendant 532 ans, depuis la prétendue « Conquête de l'Amérique », les peuples Ñu Savii, Me'phaa, Nahua, Ñomdaá et le peuple afrodescendant de la Costa Montaña, Montaña Alta, Montaña Baja du Guerrero, ont été victimes de discrimination, de racisme, d'exploitation, de violence et de dépossession de notre peuple. Siècle après siècle, sexennat après sexennat, ceux qui sont au pouvoir changent de visage, de discours et de formes de manipulation mais ils continuent de profiter de la sueur et du sang de notre peuple. Ils nous ignorent et nous méprisent, sauf en période électorale, où ils se souviennent de nous uniquement pour nous manipuler et demander nos votes. Tous les six ans, nous servons leurs intérêts, mais lorsque nous réclamons nos droits, tels que la terre, la santé, l’éducation, la justice et la paix, ils nous nient systématiquement. Pour eux, nous sommes une entreprise et un outil électoral, pas des personnes ayant des droits ou une histoire.
Alors, quand ils se moquent de nous le matin en disant « les pauvres d'abord » et prétendent reconnaître nos peuples indigènes, nous nous demandons s'ils pensent que nous sommes si ignorants qu'avec quelques miettes, des paroles creuses, des promesses de programmes sociaux et avec une simulation appelée « Quatrième Transformation », nous oublierons la terreur et le mépris que nos communautés subissent à cause d'eux ? Ou que nous oublierons nos 63 compagnons assassinés et nos 22 compagnons disparus du CIPOG-EZ ? Ou que nous négligerons l’abandon après les ouragans Otis et John, qui ont dévasté nos communautés sans qu’aucune aide n’arrive ? Ou que nous ignorerons les promesses non tenues des trois autoroutes de Zacapexco, Alcozacán et Tula dans la municipalité de Chilapa de Alvarez, faites il y a plus de 15 ans ?
Nous n'oublions pas ! Nous n'oublions pas que les tables de dialogue ne servent qu'à gagner du temps et non à résoudre nos revendications. Nous n'oublions pas la complicité des trois niveaux de gouvernement avec les groupes narco-paramilitaires qui assassinent, font disparaître et terrorisent nos communautés en toute impunité. Nous n’oublions pas l’extrême pauvreté dans laquelle nous vivons, sans routes, sans enseignants, sans médicaments, sans médecins, sans hôpitaux.
En 2019, ils ont promis des routes artisanales pour relier nos communautés. En juin dernier, l'ingénieur Martín Vega de la Commission des infrastructures routières et aéroportuaires de l'État du Guerrero (CICAEG) a déclaré qu'il n'y avait pas de ressources. C'est une moquerie. Nous savons qu’il existe des ressources, mais ils préfèrent nous ignorer. Le sous-secrétaire du gouvernement, Francisco Rodríguez, a promis de répondre à nos demandes après les élections et nous a assuré que la gouverneure Evelyn Salgado Pineda nous recevrait. Aujourd’hui, comme toujours, ils viennent avec des excuses. Ils nous mentent. Ils nous ignorent. Ils nous méprisent.
Pendant ce temps, la guerre contre notre peuple ne cesse pas. La militarisation, la dépossession, la contre-insurrection et la persécution de ceux d’entre nous qui défendent la terre, l’eau et la vie s’intensifient. Face à cette violence, le gouvernement prétend payer une « dette historique » envers les peuples indigènes, célèbre une prétendue « réforme constitutionnelle en matière indigène » et place Adelfo Regino Montes, directeur de l'INPI, traître aux peuples indigènes, comme une marionnette. Mais lorsque nous exigeons le respect de nos droits territoriaux, de notre autonomie, de notre libre détermination, de notre culture, de nos langues, de notre médecine traditionnelle, de nos traditions et coutumes, qui nous correspondent en tant que peuples autochtones, nous sommes persécutés, assassinés et disparus. En tant que peuples autochtones, nous ne sommes pas une décoration folklorique pour légitimer leur politique de dépossession et de mort. Et encore moins resterons-nous à genoux face à cette insulte et à cette injustice.
Nous ne venons pas demander la charité ou des permissions, nous venons exiger ce qui nous appartient en tant que peuple et le respect que méritent nos communautés.
C'est pourquoi nous exigeons aujourd'hui une table de dialogue immédiate avec la gouverneure de l'État du Guerrero, Evelyn Salgado Pineda, pour répondre aux demandes urgentes de nos communautés, parmi lesquelles une attention immédiate aux communautés touchées par l'ouragan John, qui ont été abandonnées et laissées à leur sort.
Si d'ici 15 jours cette table de dialogue n'est pas mise en place pour répondre à nos revendications, nous prendrons la réunion matinale de Claudia Sheinbaum au Palais National jusqu'à ce qu'ils nous écoutent. Et si nos revendications continuent d’être ignorées, nous porterons nos revendications devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme , dénonçant le gouvernement mexicain pour la discrimination et l’abandon systématique de nos peuples indigènes et afro descendant.
Enfin, nous tenons pour responsables les trois niveaux de gouvernement, dont Evelyn Salgado et Claudia Sheinbaum, de toute atteinte à l'intégrité physique de nos compagnons lors de notre voyage à Chilpancingo et au cours de la journée.
Nous lançons un appel aux habitants du Guerrero, de la Costa Montaña, de la Montaña Alta et de la Montaña Baja, ainsi qu'aux organisations sociales, aux défenseurs des droits de l'homme et à toutes les personnes conscientes du monde qui veulent mettre fin à cette discrimination et à cet état de guerre dans lequel nous vivons. Il est temps de s'unir, de s'organiser et de montrer aux autorités que nous en avons assez de leurs mensonges, de leur indifférence et de leur mépris envers les communautés indigènes et la population en général.
ARRÊTEZ LA GUERRE CONTRE NOTRE PEUPLE !
VIVE LES PEUPLES QUI S'ORGANISENT !
VIVE LE CONGRÈS NATIONAL INDIGENE !
VIVE LE CONSEIL INDIGENE DE GOUVERNEMENT !
VIVE LUCIO CABAÑAS !
VIVE GENARO VASQUEZ !
VIVE ZAPATA !
VIVE LE CIPOG-EZ !
VIVE L'ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE !
Cordialement :
CONSEIL INDIGÈNE ET POPULAIRE DU GUERRERO – EMILIANO ZAPATA (CIPOG-EZ)
traduction caro d'un communiqué paru sur le site du CNI le 25/11/2024
COMUNICADO DEL CONCEJO INDÍGENA Y POPULAR DE GUERRERO- EMILIANO ZAPATA - Congreso Nacional Indígena
AL EJÉRCITO ZAPATISTA DE LIBERACIÓN NACIONAL AL CONGRESO NACIONAL INDÍGENA AL CONSEJO INDIGENA DE GOBIERNO A LOS PUEBLOS, NACIONES Y COMUNIDADES INDÍGENAS QUE NUNCA FUERON CONQUISTADAS A LOS ...