Mexique : Le sexennat du mensonge : 10 ans sans rien connaître sur les 43 étudiants disparus

Publié le 20 Septembre 2024

Tlachinollan

19 septembre 2024 

Au début de la journée de lutte, les mères et pères des 43 étudiants d'Ayotzinapa ont organisé une méga-marche avec des étudiants, des groupes de personnes  de proches disparus et des organisations sociales pour exiger que le gouvernement fédéral et celui de l'État présentent leurs enfants vivants. Ils ont exigé les 800 pages dont dispose l'armée mexicaine et ont regretté qu'à quelques jours de la fin du sexennat de la quatrième transformation, il n'y ait aucune information sur le sort des 43 jeunes.

La marche a commencé avec les slogans les plus représentatifs des revendications des parents et des normalistes. Ils les ont pris vivants, nous les voulons vivants ! Comme un écho, les revendications résonnaient à l’unisson. Une plaie ouverte qui burine le cœur des mères et des pères. La mobilisation a culminé au Parador del Marqués avec un rassemblement.

Nous soulignons la participation de Mme Hilda Legideño, mère de Jorge Antonio Tizapa Legideño, avec les paroles les plus représentatives des 10 années de recherche de son fils, ainsi que du reste des mères et des pères.

« On continue 10 ans après. Nous ne pouvons pas nous retirer tant que nous n'avons pas reçu une réponse du gouvernement sur le sort de nos enfants. Le gouvernement a donné sa position, nous avons la nôtre. Le groupe d’experts est celui qui nous a conduit à la vérité, ce sont les seuls qui ont réussi à mettre de côté autant de mensonges de la part du gouvernement.

« Deux sexennats, celui d'Enrique Peña Nieto, responsable de la disparition de nos enfants, et celui qui était chargé d'établir la vérité historique ; il a fait tellement de mal aux mères et aux pères et à ce jour nous n’avons aucune réponse. Le gouvernement d'Andrés Manuel n'a avancé qu'à mi-parcours du sexennat avec le Groupe interdisciplinaire d'experts indépendants (GIEI), avec Alejandro Encinas lorsqu'il était sous-secrétaire aux Droits de l'Homme, à la Population et à la Migration et avec le procureur spécial Omar Gómez Trejo. Le président a montré qu'aucun progrès n'allait être réalisé lorsque des mandats d'arrêt ont commencé à être lancés contre les militaires, c'est-à-dire lorsque toute l'enquête s'est arrêtée et que tout s'est effondré. Maintenant, il est dit que les militaires n'ont aucune participation et ne sont pas responsables, alors qu'il existe un rapport qui montre que les militaires étaient présents et documentés, mais il manque des pages qui doivent être livrées.

« En tant que mères et pères, nous demandons le retour du groupe d'experts car ce sont eux seuls qui peuvent nous aider à découvrir la vérité. On ne peut pas faire confiance au gouvernement mexicain, il nous a menti pendant deux sexennats ; une nouvelle présidente arrive et nous continuerons à exiger la vérité et la justice. Tant qu’ils ne nous diront pas où se trouvent nos enfants, nous continuerons à les chercher parce que nous les aimons et que nous ne pouvons pas les abandonner. Nous voulons savoir où ils se trouvent, ce qui s'est passé, et nous voulons que justice soit rendue et que les responsables de la disparition de nos enfants paient. Les plus hauts gradés n'ont pas été touchés, ceux qui donnaient l'ordre, ceux qui prenaient nos enfants, c'était la police, c'était tout l'appareil répressif du gouvernement. Ceux qui ont donné l’ordre étaient des fonctionnaires de haut rang qui savaient quand nos enfants ont disparu. Le gouverneur du Guerrero, Enrique Peña Nieto, de Cienfuegos, était présent. Ils ont une responsabilité, mais tant que le gouvernement ne s’engagera pas à rendre justice, ils ne seront pas touchés. Ils sont responsables et nous continuerons à exiger une enquête approfondie, nous voulons des réponses, notamment pour savoir où sont nos enfants."

Alors que ce sexennat se termine le président Andrés Manuel López Obrador a laissé tomber les mères et les pères qui, avec des douleurs dans le dos, cherchent leurs enfants. Il a promis de retrouver les 43 normalistes, mais à la moitié de son sexennat, il a préféré défendre l'armée. Les mères et les pères savent très bien qu'ils ont été trompés, mais ils rappellent également aux autorités fédérales qu'il reste des questions en suspens dans le cas d'Ayotzinapa. Au Mexique, nous sommes loin de la vérité et de la justice. Malgré l’infamie des gouvernements, les familles ont l’espoir de retrouver leurs enfants.

traduction caro d'un article paru sur Tlachinollan.org le 19/09/2024

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Peuples originaires, #Los desaparecidos, #Ayotzinapa

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