Pérou : Autonomie et durabilité : Clés de la Rencontre Internationale des Gardes Indigènes à Pucallpa
Publié le 29 Août 2024
Publié : 26/08/2024
Cette rencontre à Pucallpa marque une étape importante dans la lutte pour l'autonomie et la défense des territoires indigènes, renforçant l'importance des gardes indigènes comme bastions de résistance, de protection et de justice dans un monde de plus en plus menacé par l'exploitation et la violence.
Autonomie et durabilité : Clés de la Rencontre Internationale des Gardes Indigènes à Pucallpa
L'événement souligne l'importance de l'unité, de l'autofinancement et de la reconnaissance officielle dans la lutte pour les droits territoriaux.
Par Ronald Suárez Maynas*
26 août 2024.- Du 20 au 25 août, Pucallpa est devenue l'épicentre d'une importante rencontre internationale qui a réuni des gardes indigènes du Pérou, de l'Équateur et de la Colombie ; organisée par la Garde Indigène Régionale d'Ucayali et dirigée par Marco Tulio Guimarães.
L'objectif principal de l'événement était de renforcer les capacités politiques et stratégiques de ces organisations, essentielles à la défense de leurs territoires et de leurs ressources naturelles, confrontées à des menaces constantes d'intérêts extérieurs.
La réunion, qui s'est tenue au Centre culturel multidiversité Bakish Mai, a compté sur la participation des 24 bases de la Garde indigène Shipibo, Kakataibo. Des membres de la délégation Asháninka de la Sécurité indigène amazonienne étaient également présents, en plus de la précieuse présence de gardes indigènes d'Équateur et de Colombie.
Cet échange international a permis aux communautés de partager leurs expériences et leurs stratégies pour la défense de leurs terres, soulignant l'importance de la coopération et de l'apprentissage mutuel dans leur lutte commune.
Renforcer la défense territoriale
L’un des sujets centraux abordés était l’élaboration d’une feuille de route pour un plan de suivi et de surveillance du territoire. Aracelly Ventura, représentante de la Garde indigène Kakataibo, a souligné l'urgence de mettre en œuvre des stratégies efficaces pour protéger leurs territoires, en particulier dans les zones à haut risque.
Ventura a partagé l'expérience douloureuse de sa communauté après l'assassinat du leader Kakataibo, Mariano Isakama, soulignant la précarité avec laquelle les patrouilles sont effectuées dans ces zones. Ce témoignage a non seulement servi à souligner la nécessité d'une plus grande sécurité, mais aussi à souligner le courage et l'importance des gardes indigènes en tant que première ligne de défense de leurs communautés.
La fonction de la garde indigène va au-delà de la surveillance et de la protection physique ; Ils sont également des gardiens culturels, porteurs de la mémoire et de l’identité de leur peuple. Ils protègent non seulement le territoire, mais aussi le tissu social et spirituel qui unit les communautés.
Dans un contexte où les menaces sont multiples, de la déforestation à l’invasion des territoires par des acteurs extérieurs, les gardes indigènes jouent un rôle fondamental dans la préservation de la vie et de la culture indigènes.
Un autre point clé a été l'intervention de Jorge Chauca, leader de la Sécurité Indigène Amazonienne (SIA). Chauca a souligné les avancées significatives dans la lutte pour la reconnaissance des gardes indigènes comme instruments d'autoprotection, y compris une initiative législative en cours. Ce combat pour la reconnaissance est essentiel pour garantir que les gardes indigènes disposent du soutien et des ressources nécessaires pour remplir leur mission de défense territoriale.
Stratégies d'autofinancement : garantir la pérennité
L’un des défis les plus urgents auxquels sont confrontés les gardes autochtones est la nécessité de s’autofinancer. Au cours de la réunion, diverses stratégies ont été discutées pour assurer la viabilité financière de ces organisations, un aspect crucial pour leur autonomie et leur capacité opérationnelle.
L'autonomie financière est essentielle pour que les gardes puissent fonctionner sans dépendre de dons extérieurs, ce qui leur permettrait de conserver leur indépendance et de renforcer leur capacité à répondre aux menaces.
Parmi les propositions les plus remarquables figure la création d'initiatives productives communautaires, telles que la culture et la commercialisation de produits agricoles biologiques, l'artisanat et le tourisme communautaire. Ces activités généreraient non seulement des revenus, mais renforceraient également l'identité culturelle des communautés autochtones, en intégrant l'économie avec la protection de leurs traditions.
Ces stratégies permettraient aux gardes autochtones de poursuivre leurs opérations, de s'équiper adéquatement et de poursuivre leur mission de protection de leurs communautés.
De même, la possibilité d'établir des alliances avec des ONG et des entités internationales pouvant offrir un soutien financier et technique, facilitant l'accès aux ressources et à la formation, a été évoquée. La mise en place d'un fonds commun entre les différentes gardes indigènes a également été discutée, ce qui permettrait de partager les ressources en cas d'urgence ou de besoin, garantissant ainsi qu'aucune base ne soit laissée sans protection.
Défis et accords : vers une plus grande inclusion des femmes
L'un des débats les plus significatifs de la réunion a été la faible participation des femmes dans les gardes indigènes. Il a été convenu d'organiser une réunion nationale des gardiennes autochtones, dans le but d'encourager leur participation active à la défense de leurs territoires.
Cet accord marque un progrès important vers l’inclusion et la reconnaissance du rôle crucial que les femmes peuvent et doivent jouer dans la protection de leurs communautés.
L’importance de l’unité et de l’autonomie
La réunion a non seulement renforcé les liens entre les communautés de différents pays, mais a également jeté les bases de futures collaborations et d'un renforcement institutionnel. L'unité, la reconnaissance des droits et la recherche de l'autonomie ont été des axes fondamentaux de l'événement.
L'unité a été soulignée comme un principe indispensable pour faire avancer la lutte pour les droits autochtones, une leçon partagée par la Garde indigène de l'Équateur, dont l'expérience a montré à quel point les objectifs communs sont plus faciles à atteindre lorsque les communautés restent unies.
La Garde Indigène de Colombie, représentée par Robert Molina, a apporté une riche expérience de 40 ans en matière de défense territoriale. Molina a rappelé la reconnaissance accordée par l'ONU en 2001, qui légitime la lutte de ces organisations en tant que défenseurs de l'environnement et de la paix, et a souligné l'importance de la « Loi d'Origine ».
Cette loi, qui met en avant l'identité, la spiritualité et la famille comme piliers fondamentaux, est considérée comme un modèle pour parvenir à l'autonomie et renforcer la résistance indigène face aux menaces extérieures.
Conclusion et engagements
Parmi les conclusions les plus notables avec la signature de l'Accord d'engagements politiques de Bakish Mai, une étape décisive vers la consolidation d'un réseau international de gardes indigènes. Cet accord souligne l’importance de la collaboration et de l’unité entre diverses organisations pour relever des défis communs.
La stratégie de communication, identifiée comme un outil essentiel pour renforcer ces organisations, accompagnera le processus de défense territoriale et des droits autochtones au Pérou et au-delà.
La consolidation des gardes indigènes et la reconnaissance officielle de ces organisations permettront non seulement une défense plus efficace de leurs territoires, mais garantiront également que les générations futures d'indigènes pourront vivre en paix et en sécurité dans les territoires qui leur appartiennent ancestralement.
Cette rencontre à Pucallpa marque une étape importante dans la lutte pour l'autonomie et la défense des territoires indigènes, renforçant l'importance des gardes indigènes comme bastions de résistance, de protection et de justice dans un monde de plus en plus menacé par l'exploitation et la violence.
---
* Ronald Suárez Maynas est un communicateur, journaliste, documentariste et responsable culturel autochtone originaire du peuple Shipibo Konibo. Il a présidé le Conseil Shipibo Konubo Xetebo (COSHIKOX), dont la gestion a été plutôt réussie et transparente.
Traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 26/08/2024
Claves del Encuentro Intern. de Guardias Indígenas
Encuentro Internacional de Guardias Indígenas en Pucallpa resalta la importancia de la unidad, la autofinanciación y el reconocimiento oficial en la lucha por los derechos territoriales.