Biointrants et multinationales : le nouveau piège toxique de l'agrobusiness
Publié le 23 Août 2024
Introduction du maïs Bt (Bacillus thuringiensis) au Kenya (2003).Creative commons
Jusqu'à la fin des années 1990, Monsanto était une entreprise principalement spécialisée dans la production et la vente de pesticides chimiques. Ces produits tuent les insectes rapidement et de manière indiscriminée, ce qui est idéal pour les grandes exploitations en monoculture et les traitements réguliers, mais dévastateur pour la biodiversité et la santé humaine. Monsanto ne s'intéressait pas du tout aux pesticides non chimiques, comme ceux fabriqués avec la bactérie du sol Bacillus thuringiensis (Bt). Les biopesticides agissent plus lentement et conviennent à une production à petite échelle, les agriculteurs et agricultrices surveillant de près les cultures et ne pulvérisant que lorsque c'est nécessaire. Bien que moins nocifs, les biopesticides rapportent beaucoup moins d'argent aux entreprises, car ils échappent généralement à l'emprise de l'industrie des brevets.
L'intérêt de Monsanto pour le Bt s'est renforcé avec l'émergence du génie génétique. La multinationale s'est rendue compte qu'elle pouvait insérer des gènes Bt dans les végétaux, leur permettant ainsi de produire la toxine en continu dans l'ensemble de la plante. Cela pourrait, dans les faits, transformer le biopesticide en quelque chose de plus proche d'un pesticide chimique, bien adapté à la monoculture industrielle. De plus, Monsanto pourrait breveter ce Bt génétiquement modifié et l'intégrer dans sa stratégie plus large de domination de l'industrie des semences.
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