The kana
Publié le 20 Août 2024
La Kana
Elle prend soin de moi,
elle veille sur ma vie.
Elle me défend contre le voleur,
me donne toujours raison.
C'est une justicière
quand on s'y attend le moins,
et à la sortie de la Faculté
elle se bat pour la liberté.
La police, maman,
la police
veille sur le citoyen,
le protège nuit et jour
et le prend par la main
sur le bon chemin.
Elle fait du bien partout dans le monde,
à qui que ce soit.
Elle apporte la paix et la bonté
à l'humanité.
Elle me protège
contre toute chose étrange,
me persuade avec la loi
et me traite comme un roi.
Elle tient à distance
le rebelle et la canaille
et écrit sur chaque manifestation
le billet de grâce.
La police, maman,
la police
veille sur le citoyen,
le protège nuit et jour
et le prend par la main
sur le bon chemin.
Elle fait du bien partout dans le monde,
à qui que ce soit.
elle apporte la paix et la bonté
à l'humanité.
The Kana
Ella me cuida,
ella vela por mi vida.
Me defiende del ladrón,
me da siempre la razón.
Es justiciera
cuando menos uno espera,
y a la salida de la Facultad
lucha por la libertad.
La policía, mamá,
la policía
vela por el ciudadano,
lo protege noche y día
y lo lleva de la mano
por la buena vía.
En todo el mundo hace el bien,
sin mirar a quién.
Le brinda paz y bondad
a la humanidad.
Ella me ampara
contra toda cosa rara,
Me persuade con la ley
y me trata como a un rey.
Mantiene a raya
al rebelde y al canalla
y escribe en toda manifestación
la boleta del perdón.
La policía, mamá,
la policía
vela por el ciudadano,
lo protege noche y día
y lo lleva de la mano
por la buena vía.
En todo el mundo hace el bien,
sin mirar a quién.
Le brinda paz y bondad
a la humanidad.
Maria Elena Walsh (El sol no tiene bolsillos, 1971) traduction carolita
Avec son ironie habituelle, Walsh s'en prend dans cette chanson aux « gardiens de l'ordre » qui semaient déjà la terreur parmi la population en 1971, année de sortie de cet album. On est alors en pleine « révolution argentine », l'une des nombreuses phases autoritaires qu'a connues le pays au cours du XXe siècle, et les Onganía, Levingston et Lanusse gouvernent d'une main de fer, faisant tuer par dizaines syndicalistes et manifestants. C'est précisément en 1971 qu'ont eu lieu des « desapariciones » retentissantes de militants de gauche et de révolutionnaires : Marcelo Verd et son épouse Sara Palacio, Juan Pablo Maestre et sa compagne Mirta Misetich ont probablement été les premières victimes de ce système de disparitions bien planifié qui sera utilisé massivement à partir de 1976. (source)