Autonomie mapuche et résistance territoriale

Publié le 3 Avril 2024

Publié : 04/02/2024

 

« Il y a une résistance de la part du peuple mapuche à disparaître et à cesser de fonctionner selon les principes qui existaient il y a plus de 200 ans. »

Servindi, 2 avril 2024.- Assiégée par l'expansion des activités minières, hydroélectriques et forestières, la Nation Mapuche est située au sud du Chili et de l'Argentine.

Pour faire face à ces problèmes, le peuple mapuche cherche à récupérer géopolitiquement le Wallmapu, le nom sous lequel est connu son territoire autochtone ancestral qui s'étendait entre les océans Atlantique et Pacifique.

Dépossession territoriale

Après la guerre d'Arauco, l'Espagne a reconnu l'intégralité du territoire de la nation mapuche par le Traité de Quilín, le 6 janvier 1641. Celui-ci a été ratifié à plusieurs reprises, où l'Argentine et le Chili l'ont également signé.

Dans un premier temps les délimitations territoriales furent respectées par les deux nouvelles républiques. Cependant, le conflit a éclaté et s'est intensifié lorsque l'Argentine et le Chili ont décidé d'envahir militairement le Wallmapu.

Le peuple Mapuche a subi le génocide et ceux qui ont réussi à survivre ont été persécutés et dépouillés de leurs propriétés. Les terres ainsi que les ressources naturelles du Wallmapu ont été confisquées et distribuées aux colons étrangers.

De cette manière, sur les 10 millions d'hectares de territoire que l'Espagne avait reconnus comme nation mapuche, ils ont été réduits à 500 mille hectares.

L'économie du peuple Mapuche est étroitement liée au territoire puisqu'elle dépend de ses ressources naturelles et se développe dans une perspective communautaire et en harmonie avec la nature.

Cette vision est contraire à la vision individualiste de l’État chilien et déconnectée des éléments du territoire qui, pour les Mapuche sont des parties indivisibles.

Dans ce contexte, la Nation Mapuche défend et exige la restitution du territoire non seulement d'un point de vue matériel, mais aussi pour la défense de sa culture, ainsi que de sa propre organisation sociale, économique et judiciaire.

L'Espagne a reconnu le territoire de la nation mapuche dans son intégralité par le traité de Quilín, le 6 janvier 1641. Entre 1820 et 1830, ni le Chili ni l'Argentine n'avaient juridiction sur le territoire mapuche.

Le rôle des projets industriels

La vision communautaire de la nation mapuche et la vision individualiste de l'État chilien se manifestent dans le conflit entre les communautés indigènes et les entreprises forestières de L'Araucanie.

Sous la dictature d'Augusto Pinochet, en 1974, l'expansion forestière a été établie sur le territoire mapuche en vertu du décret-loi 701 , dans le but de promouvoir le développement industriel à travers les entreprises papetières.

De cette manière, l’industrie a boisé des terres désertifiées dans le but de planter des arbres qui ne sont pas endémiques et qui nécessitent beaucoup d’eau. 

Ainsi, les communautés mapuche étaient entourées de plantations forestières (« déserts verts ») et voyaient leur environnement affecté et privé des ressources dont elles dépendaient.

D'autre part, il y a aussi l'industrie du saumon qui se développe sur le territoire ancestral mapuche et qui utilise des antibiotiques et des désinfectants qui affectent les écosystèmes.

 

Gouvernement autonome mapuche

 

Photo de : Radio Uchile

Depuis la fin du XIXe siècle, le peuple mapuche a été victime de massacres et de déplacements forcés à la suite des campagnes de guerre du Chili et de l'Argentine.

Dans ce contexte, le peuple mapuche cherche à exercer son droit à l’autodétermination comme une nécessité pour prévenir et résoudre le conflit historique avec l’État chilien.

Dans cette perspective, en 2013 a eu lieu le Ier Sommet de Cerro Ñielol, au cours duquel la Nation Mapuche a annoncé sa transition vers l'autodétermination.
Ils avaient alors exprimé leur « ferme désir de dialogue avec l’État chilien, la société civile, les partis politiques et les organisations de défense des droits de l’homme, entre autres ».

De même, ils ont rappelé que le processus de pacification de La Araucanía « constituait un acte contre l’humanité, par conséquent, le peuple mapuche doit être réparé et indemnisé pour les dommages causés ».

En revanche, ils rejettent la militarisation du territoire mapuche, qu’ils considèrent comme « une nouvelle occupation militaire ».

 

Résistance historique

 

Nativitad Llanquileo Pilquiman

 

Natividad Llanquileo Pilquiman , de la Nation Mapuche, affirme qu'« il y a une résistance de la part du peuple Mapuche à disparaître et à cesser de fonctionner selon les principes qui existaient il y a plus de 200 ans ».

Lors du webinaire « Autonomie et décolonialité à Abya Yala, expériences du Pérou, de la Bolivie, du Chili et du Nicaragua », organisé en février, elle a déclaré que les Mapuche défendraient leur territoire « même si l'État fait ce qu'il fait ».

"C'est notre vie. Et nous n’allons pas abandonner nos vies », a-t-elle déclaré.

 

Informations générales

 

Les Mapuche sont situés au centre du Chili et au sud de l'Argentine. Leur langue est le Mapudungún.

Lors du Ier Sommet de Cerro Ñielol, en 2013, la Nation Mapuche a annoncé sa transition vers l'autodétermination.

Les principales menaces qui les affligent sont la dépossession territoriale, les activités minières, les centrales hydroélectriques et les plantations forestières.

traduction caro d'un article de Servindi.org du 26/03/2024

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Argentine, #Chili, #Peuples originaires, #Mapuche, #Autonomie

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article