Mexique : Les langues meurent entre les politiques officielles, l'impunité et l'injustice : Conseil suprême indigène du Michoacán (CSIM)
Publié le 23 Février 2024
21 FÉVRIER 2024
LES LANGUES MEURENT ENTRE POLITIQUES OFFICIELLES, IMPUNITÉ ET INJUSTICE
AU PEUPLE DU MEXIQUE ET DU MICHOACÁN
AUX MÉDIAS
AUX PEUPLES ORIGINAIRES
DE L'ÉTAT MEXICAIN
Communautés originaires du Michoacán au 21 février 2024.
K'eri Kunkorhekua Iretecheri, le Conseil Suprême Indigène du Michoacán #CSIM, conseil libre et autonome des peuples indigènes de l'entité, indépendant des gouvernements, des partis politiques et des ordres religieux, assemblée générale des autorités indigènes, composée de représentants civils, communaux et autorités traditionnelles de 70 communautés autochtones, nous exprimons collectivement ce qui suit :
Aujourd'hui, à l'occasion de la #JournéeInternationaledelaLangueMère, cela fait un an depuis l'assassinat du défenseur des forêts, le commissaire aux biens communaux de la Communauté autonome de Sicucho, Alfredo Cisneros Madrigal, assassiné dans la nuit du 21 février 2023, sans aucune détention ni procédure judiciaire.
Dans ce contexte, 70 dirigeants indigènes, autorités traditionnelles et défenseurs des droits de l'homme ont été assassinés ou disparus pour avoir lutté pour un pays plus juste ou pour avoir protégé le territoire, les forêts ou la vie. Les premiers cas remontent à 1974, avec la disparition forcée de 5 des membres de la famille Guzmán Cruz, dont le procès est en cours auprès de la Commission interaméricaine des droits de l'homme #CIDH. Dans tous les cas, la réponse est la même : impunité totale et injustice systémique.
Historiquement, l'État mexicain a été la principale cause de la disparition de nos langues ancestrales, imposant unilatéralement des méthodes éducatives visant l'acculturation, l'incorporation et l'intégrationnisme ; il suffit de rappeler les techniques de castillianisation forcée qui ont été imposées comme politique publique. De même, selon les chiffres officiels (INEGI 2020), dans notre pays il y a plus de 120 millions de personnes, dont 6,2% parlent une langue indigène, cependant, en perspective, lors du Recensement de la population de 1930 (INEGI), 16,0% des Mexicains parlaient une langue autochtone, c’est-à-dire que les statistiques reflètent l’échec des gouvernements au pouvoir à « sauver » nos langues. Il ne suffit pas d'organiser des conférences et des débats, de poser pour des photos pour ensuite oublier les problèmes des communautés indigènes.
Les langues meurent entre les politiques officielles, l’impunité et l’injustice, mais malgré tout, les langues de nos ancêtres continueront de s’épanouir dans l’organisation, la résistance et les biens communs. Justice pour le compañero Alfredo Cisneros Madrigal.
TERUNHASKUA K'OIA, ECHERI KA JURAMUKUKUA IAMENTU IRETECHANI
JUSTICE, TERRITOIRE ET AUTONOMIE POUR LES PEUPLES ORIGINAIRES
CONSEIL INDIGÈNE SUPRÊME DU MICHOACÁN #CSIM
traduction caro d'un communiqué paru sur le site du CNI le 21/02/2024