Colombie : Les Wayuu manifesteront pour le droit au logement

Publié le 12 Janvier 2024

Publié : 01/11/2024

Le mouvement social Sumainwayuu appellera à une mobilisation à La Guajira en raison des ordres d'expulsion du gouvernement régional.

Servindi, 11 janvier 2024.- Le Mouvement Social Sumainwayuu organisera une mobilisation générale à partir du 15 janvier dans le département de La Guajira (Colombie) pour protester contre les expulsions de logements auxquelles sont confrontées les familles.

Ces protestations répondent aux ordres du gouvernement régional dont l'administration ne respecterait pas les mesures dictées pour faire face à des conflits ancestraux.

La mobilisation indigène rassemblera les communautés de Riohacha, Manaure, Barrancas, Fonseca, Distracción, Maicao, Uribia, entre autres villages de La Guajira.

Jusqu'à présent, plus de 3 000 personnes, soit environ 1 500 familles, ont été dépouillées de leurs territoires, principalement dans les villes de Cachaca, Mejía, Potrerito, Wayuukaso et Villa Iler.

L'administration municipale ignore la ligne du gouvernement

Depuis le 16 décembre 2022, le Mouvement social Sumainwayuu a rencontré le gouvernement national, notamment le ministère du Gouvernement, le ministère de la Défense et l'Agence nationale foncière.

Selon le mouvement, il a été convenu de présenter une demande de suspension des expulsions, mais l'administration municipale a ignoré les ordres et les a exécutés dans des communautés comme Wayucaso, Tuc Tuc, Santa Clara, Potrerito, entre autres.

En mars 2023, le ministère de l'Intérieur a adressé un courrier au procureur délégué aux affaires ethniques et aux collectivités territoriales, soulignant son suivi de la situation depuis décembre 2022.

La nécessité d'épuiser les processus institutionnels et les pouvoirs sur terre a été soulignée, en recherchant des alternatives pour minimiser le recours à la force, conformément à la loi 1801 de 2016.

Le ministère a réitéré sa demande d'intervention lorsqu'il a été informé que l'Inspection policière de Riohacha poursuivait les expulsions, mettant ainsi en danger la population indigène.

Cela contredisait les accords conclus avec les institutions et menaçait la sécurité des enfants, des adolescents et des personnes âgées dans les territoires contestés.

Manifestation pacifique

Malgré les déclarations répétées de la Communauté et du Gouvernement national, le 26 décembre, une nouvelle expulsion a eu lieu, cette fois contre la communauté Jarinjinamana.

C'est pourquoi le Mouvement Social Sumainwayuu MSSW, avec d'autres mouvements indigènes, a appelé la communauté à organiser une manifestation pacifique le 15 janvier prochain dans plusieurs régions du département de Guajiro.

En juin de l'année dernière, une délégation indigène de La Guajira s'est rendue à Bogota pour dénoncer les expulsions et les dépossessions de leurs territoires.

Au cours de cette visite, les membres de neuf communautés Wayúu de Riohacha ont expliqué au gouvernement qu'ils étaient déplacés de leurs territoires ancestraux par des tiers cherchant à développer des projets urbains.

En outre, ils ont souligné le manque de reconnaissance de leurs droits par les institutions régionales et ont signalé des abus de la part des forces publiques et des groupes paramilitaires.

L'autonomie des autorités régionales a été remise en question, puisque certains responsables ont été dénoncés par les communautés devant le Bureau du Procureur général et d'autres organismes de contrôle pour leur prétendue responsabilité dans les expulsions.

Le leader Wayuu, Pedro Ballesteros, a rapporté que des personnes armées, appuyées par la police, les avaient menacés, détruisant leurs maisons. Il a déclaré que les institutions de la région « ne respectent aucun droit ancestral ou occidental ».

Projets urbains contre les peuples autochtones

Selon les communautés, les projets urbains comprennent une prison à sécurité moyenne pour 10 000 détenus, une lagune d'oxydation et la délivrance illégale d'actes à des tiers sur des terres ancestrales.

Ballesteros a expliqué que dans l'une des zones où l'on tente d'expulser les communautés indigènes, on prévoit la construction de 1.300 appartements, ce qui a conduit à une augmentation de la valeur de ces zones et de la valeur économique des terrains.

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 11/01/2024