Amazonie : Peuples autochtones : gardiens de la forêt et du carbone

Publié le 10 Décembre 2023

La reconnaissance et le renforcement des droits territoriaux des autochtones sont essentiels au respect des engagements climatiques pris par la communauté internationale ; 

Divers auteurs*

 

mardi 5 décembre 2023 à 14h49

 

Article initialement publié dans Valor Econômico le 12/05/2023.

L’Amazonie joue un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique grâce à ses vastes réserves de carbone forestier. Ses arbres stockent le carbone, l’empêchant de s’accumuler dans l’atmosphère et favorisant le réchauffement climatique. Et les principaux responsables de ces stocks robustes sont les peuples autochtones, gardiens ancestraux des forêts.

Selon les données générées par le RAISG (Georeferenced Amazon Socio-Environmental Information Network) et le Woodwell Climate Research Center (WCRC), publiées le 4 décembre lors de la COP28 à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le biome amazonien dans six pays – Bolivie, Brésil , le Pérou, l’Équateur, la Colombie et le Venezuela – stockent environ 79 000 MtC de carbone forestier. Parmi ceux-ci, 58 % se trouvent sur des terres autochtones et des zones naturelles protégées.

En d’autres termes, la reconnaissance et le renforcement des droits territoriaux des autochtones favorisent non seulement la justice sociale, mais s’avèrent également cruciaux pour la protection et la préservation des stocks de carbone en Amazonie, et contribuent ainsi au respect des engagements climatiques (CDN) assumés par chaque pays. .

Le stockage du carbone est un service environnemental fondamental pour lutter contre la crise climatique. Cependant, les politiques visant à développer les activités économiques en Amazonie, en particulier l’agriculture, génèrent des taux élevés de déforestation et une perte des stocks de carbone forestier.

De plus, les cadres réglementaires des pays amazoniens n'assurent pas la protection nécessaire à leurs forêts – ni pour maintenir les services ni pour sauvegarder les droits territoriaux et la vie des peuples autochtones.

Il s’agit d’une mesure urgente qui doit être prise par les gouvernements de la région. Le carbone forestier est devenu un produit attrayant, mais la gestion du crédit et la commercialisation ne sont pas encore réglementées, ce qui ouvre la voie à des comportements prédateurs de la part des entreprises et à des négociations inégales avec les populations autochtones.

Un panorama inquiétant, par exemple, est le manque d’application des garanties pour les droits des peuples autochtones, de réglementation et de contrôle dans le cadre de l’instrument REDD+ (réduction des émissions de gaz à effet de serre et augmentation des stocks de carbone forestier).

Il est urgent de reconnaître, promouvoir et fournir des incitations directes en ce qui concerne le travail effectué par les peuples autochtones dans le suivi et la surveillance de leurs territoires pour protéger leurs forêts. Il est également essentiel de préserver votre intégrité physique.

La conservation des forêts et la faible perte de carbone sur les terres autochtones ne sont pas le produit du hasard, mais de la capacité de gestion forestière des peuples autochtones qui les habitent. Cela est dû à leur connaissance approfondie de l'environnement, qui leur permet d'utiliser durablement la forêt et également de protéger et garantir leurs modes et moyens de vie.

Par conséquent, le principal défi en matière de marchés du carbone est de garantir que les peuples autochtones soient des interlocuteurs centraux dans la prise de décision concernant leurs territoires. En ce sens, la mise en œuvre de mécanismes de participation des communautés autochtones et de protocoles de consultation préalable, libre et informée sont des stratégies fondamentales.

Les peuples autochtones sont des sujets collectifs, dotés d’une libre détermination et d’une autonomie gouvernementale qui ne peuvent être ignorées, encore moins lorsque leurs connaissances, leurs modes de vie et leurs pratiques ancestrales de respect et d’harmonie avec le territoire démontrent une immense capacité à contribuer à la lutte contre le changement climatique.

*Adriana Ramos, Institut Socioambiental (Brésil) ; Bibiana Sucre, Provita (Venezuela) ; Carlos Souza Júnior, Imazon (Brésil) ; Carmen Josse, EcoCiencia (Équateur) ; María Teresa Quispe, Wataniba (Venezuela) ; Natalia Calderón, Fundación Amigos de la Naturaleza (Bolivie) ; Renzo Piana, Instituto del Bien Común (Pérou) ; Silvia Gómez, Fundación Gaia Amazonas (Colombie). Membres du conseil d'administration du RAISG.

traduction caro

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