Le Mexique défend le maïs indigène devant les USA et le Canada
Publié le 29 Novembre 2023
Publié : 27/11/2023
MAÏS JAUNE_Photo Frank Meriño
Depuis février dernier, le gouvernement mexicain a interdit l’utilisation du glyphosate, arguant que les cultures génétiquement modifiées mettent en danger les cultures indigènes « ancestrales », qui constituent un pilier de l’alimentation et de la gastronomie mexicaines.
Par Mélissa Rubio*
Servindi, 27 novembre 2023.- Bien que le Mexique importe chaque année pour 3 milliards de dollars de maïs jaune transgénique aux États-Unis, le président mexicain Andrés López Obrador a choisi de protéger avant tout la santé de sa population et la biodiversité nationale avant les intérêts commerciaux. Cette décision pourrait mettre un terme à des échanges commerciaux vieux de plusieurs années.
Le Mexique fait valoir que le maïs génétiquement modifié peut avoir des effets sur la santé, même lorsqu'il est utilisé comme fourrage. Sa culture implique l'utilisation de glyphosate, un puissant herbicide à large spectre connu sous l'un de son nom commercial le plus populaire : Roundup . Le seul doute justifie que des études scientifiques soient menées là où les sociétés transnationales, les sociétés de semences transgéniques, par exemple, ne participent pas.
Le 13 février de cette année, le Mexique a publié un décret interdisant l'utilisation de la biotechnologie dans le maïs destiné à la consommation humaine, c'est-à-dire celui qui est consommé dans les tortillas ou la farine. Et en 2021, l’utilisation du glyphosate, un produit chimique nécessaire aux cultures génétiquement modifiées, a également été interdite.
La récente mesure envisage non seulement l'utilisation de grains de maïs pour la consommation humaine, mais comprend également une instruction aux agences gouvernementales mexicaines de remplacer progressivement l'utilisation du maïs biotechnologique dans tous les produits destinés à la consommation humaine et à l'alimentation animale.
Cette décision a suscité des tensions avec les Américains car elle met en péril plus de 5 milliards de dollars d'exportations de maïs en grains pour fourrage qui arrivent chaque année sur le territoire mexicain en provenance des États-Unis.
La position des États-Unis
Les États-Unis affirment que le décret publié par le président mexicain pour opposer son veto à l'utilisation de céréales génétiquement modifiées pour la consommation humaine n'a aucune base scientifique et viole le commerce entre les trois pays (ainsi que le Canada).
Totalement insatisfait, le pays américain a porté l'affaire jusqu'au Traité entre le Mexique, les États-Unis et le Canada (T-MEC) et a demandé que ce soit lui qui évalue la situation et absoudre les controverses.
L'intervention du Canada
Le gouvernement canadien s'est également joint au panel de controverse initié par les États-Unis concernant l'utilisation de maïs génétiquement modifié dans les tortillas et la farine. « Le Canada partage les préoccupations des États-Unis selon lesquelles le Mexique ne respecte pas ses obligations scientifiques et d'analyse des risques en vertu du chapitre sur les mesures sanitaires et phytosanitaires de l'ACEUM (T-MEC). Les mesures adoptées par le Mexique ne reposent sur aucun fondement scientifique et risquent de perturber inutilement le commerce sur le marché nord-américain », déclare par écrit l'administration canadienne.
Les entreprises transnationales qui génèrent des semences génétiquement modifiées disposent-elles d’études démontrant leur sécurité ?
Non. Ce qu'ils ont, ce sont des études qui montrent un manque de preuves concluantes qu'ils peuvent compromettre la santé des populations, et cela peut être dû à de multiples raisons : des protocoles de recherche présentant des lacunes dans leur conception ou des recherches délibérément manipulées par les intérêts de l'industrie, qui est également le commanditaire de la plupart de ces études. L'une d'entre elles est l'entreprise Bayer (anciennement Monsanto).
D'un point de vue biologique, l'introduction massive de graines transgéniques finirait par contaminer tout le matériel génétique développé au Mexique au fil des siècles. Ce n'est pas une possibilité, c'est une conséquence car, une fois le matériel transgénique libéré, rien ne peut empêcher sa plantation et au fur et à mesure de sa croissance, la fertilisation croisée finira par étendre la dispersion d'un matériel transgénique à tout ce maïs qui a été développés dans chaque site pour s’adapter aux sols, climats et autres.
Dire que cela peut être évité grâce à la réglementation et au contrôle n’est pas vrai. Les graines transgéniques vont bientôt contaminer les variétés locales mexicaines.
Décision à haut risque
Des sanctions commerciales pourraient être appliquées s'il est déterminé que le Mexique a violé l'une des réglementations de l'accord T-MEC. Autrement dit, si le Mexique ne peut pas démontrer que les OGM peuvent nuire à la santé, les États-Unis et les sociétés de biotechnologie ne peuvent pas démontrer qu'il n'y a aucun danger potentiel.
Il convient de noter qu'au Mexique, l'administration fédérale tente depuis 2020 de restreindre l'utilisation du maïs génétiquement modifié. Le principal argument de l'exécutif est de protéger le maïs indigène et la santé de la population contre les produits agrochimiques. Autrement dit, il ne s’agit pas d’une action improvisée menée par le gouvernement actuel.
Depuis 2020, les entreprises intéressées par le non-effet du décret au Mexique ont lancé des défis sans fin menés par des sociétés transnationales qui contrôlent et gèrent la faim dans le monde. Les spécialistes indiquent que si les magistrats saisis de l'affaire approuvent la protection présentée par Monsanto sur le glyphosate et le maïs génétiquement modifié, cela créerait un précédent fatal qui contribuerait au différend que les États-Unis et le Canada ont avec le Mexique dans le cadre du T- MEC contre l'interdiction de ces produits.
---
*Melissa Rubio est journaliste avec plus de dix ans d'expérience en communication d'entreprise. De même, elle ne perd pas de vue ses intérêts concernant la santé de la population, l'écologie et essaie de rester active dans ce domaine, soit en créant des articles, soit en participant comme bénévole à des événements en faveur de la conservation de la biodiversité. Elle collabore avec Servindi.
traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 27/11/2023
Defienden maíz criollo ante USA y Canadá
Desde febrero pasado, el gobierno mexicano prohibió el uso del glifosato al argumentar que los cultivos transgénicos ponen en riesgo cultivos nativos "ancestrales".
https://www.servindi.org/actualidad-noticias/27/11/2023/defienden-maiz-criollo-ante-usa-y-canada