L'univers Ernest Pignon-Ernest : Soweto-Durban. La Pieta sud-africaine

Publié le 9 Septembre 2023

SOWETO -DURBAN

Sida à Soweto en 1976

 

 

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Au début des années 2002 lors de sa visite en Afrique du sud, il est touché par le problème du sida et fait de nombreuses visites d’hôpitaux et de centres de soin. Il colle des sérigraphies dans les rues de Durban avec l’association Warwick Junction Project et à Soweto avec l’association Klipton Youth.

Les sérigraphies présentent la même scène dessinée au fusain et sérigraphiée sur du papier journal vierge récupéré. L’image, une Pietà s’inscrit dans l’histoire de l’art religieux européen et dans l’histoire politique de l’apartheid pour donner à voir une crise sanitaire contemporaine : la population sud-africaine décimée par le VIH/Sida.

Pour rappel, après la révolte de Soweto le 16 juin 1976 (une manifestation d’écoliers et de lycéens noirs réprimée dans le sang par la police blanche du régime d’apartheid) une photo d’Hector Petersen, 13 ans, que l’on voit sans vie dans les bras d’un homme, fait le tour du monde. EPE reprend cette scène en la transformant, le mourant a été fauché par le sida.

 

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« J’étais parti à Soweto pour travailler sur le côté multiculturel d’un pays où il y a 18 langues. Et puis, lorsque j’ai rencontré les gens – car j’ai besoin d’avoir des contacts avec la population – j’ai glissé sur un autre sujet. Tous les gens m’ont demandé de travailler sur le SIDA (….)

La Pieta a été collée simultanément dans 2 lieux distants de 600 km, le quartier de Kliptown à Soweto, Johannnesburg et celui de Warwick à Durban. Ces 2 quartiers partagent des caractéristiques communes et signifiantes pour comprendre l’œuvre de l’artiste dans sa double dimension locale et politique. Ce sont tous 2 des espaces de vie des populations africaines au sein de grandes métropoles sud-africaines – quartier résidentiel et haut-lieu politique pour Kliptown – marché informel et plateforme de transport pour Warwick, des espaces dont l’existence même avait été remise en cause sous l’apartheid s’agissant de limiter la présence des Noirs en ville à la stricte exploitation de leur force de travail.

La relation Kliptown/Warwick renvoie au système de la migration circulaire. Depuis des décennies, les migrants Zoulous de la région de Durban vont travailler dans les mines du Witwatesrand laissant sur place leur famille qu’ils ne revoient qu’une fois par an. Le lieu de circulation/migration et le lieu de résidence économique est un couple de relations inhérent au système d’exploitation économique de la main d’œuvre africaine ayant eu cours sous l’apartheid, un facteur de déstructuration du tissus familial et social africain qui contribuera à la diffusion de l’épidémie de VIH/SIDA, à leur retour les hommes transmettent le virus qu’ils ont contracté pendant leur contrat de travail dans les mines auprès des prostituées. (source La rue comme palette. La Pietà sud-africaine, Soweto/Warwick, mai 2002)

Sources :

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Devoir de mémoire, #Ernest Pignon-Ernest, #Arts et culture

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