L'univers Ernest Pignon-Ernest : Prison St Paul à Lyon

Publié le 7 Septembre 2023

PRISON ST PAUL de Lyon

image C et A , expo Brioude 2023 Ecce Homo IV, 2012, Collage à la prison St Paul, Lyon 2012

"Dans les années 90 , j’étais allé, à la demande de certains détenus de la Prison Saint Paul à Lyon, animer quelques séances de l’atelier peinture.
En 2011 Daniel Siino qui était à l’origine de ce premier contact m’annonce que la prison maintenant désaffectée va devenir un campus universitaire et que l’université catholique qui va en prendre la direction m’ouvrirait les lieux si je souhaitais y intervenir avant la transformation radicale." (site EPE)

2012 Collages dans la prison désaffectée depuis 2009, elle ouvrait une dernière fois en septembre 2012 à l’occasion des journées du patrimoine avant d’être transformée en université. Il rend hommage aux anonymes et s’inspire de l’histoire des lieux dans lesquels Klaus Barbie a sévi, dans lesquels Jean Moulin et Raymond Aubrac ainsi que de nombreux autres résistants furent emprisonnés. Il exposera en 2014 à la galerie Lelong à Paris cette série Prisons réalisée à la prison St Paul.

« Mes images sont grandeur nature, ma référence est le suaire – je dis tout le temps que je suis athée et je ne fais que des références christiques ! Pour les 2000 ans qui nous concernent, on est obligé d’y recourir quand on travaille sur la mort, elle s’incarne souvent dans l’image du christ »(source)

Sur 3 portes de cellules, il colle les figures d’anciens prisonniers, les résistants Robert Namiand et Jean Arsac et l’indépendantiste algérien Ahmed Cherchari. L’œuvre évoque la présence de prisonniers politiques dans les prisons lyonnaises au cours du 20e siècle. La prison St Paul était administrée par l’état français pendant l’occupation, elle détenait des prisonniers de droit commun et ceux dont les peines étaient liées à la répression exercée par le régime de Vichy (chrd.lyon.fr)

« Voici l’homme, ecce homo ».

Sa main ouverte est la même que celle qui apparait du drap/suaire.

Sur ces murs redonner sa place à l’histoire humaine .

Mohamed Cherchari

Marguerite Buffard- Flavien

Berthie Albrecht

Grands dessins de fantômes qui hantent les murs, litanie d’hommes nus (toujours le même) mais toujours autre figés dans leur verticalité comme les barreaux qui les entourent, des combattants : Ahmed Cherchari, émigré à Lyon en 1953 qui a combattu pour l’indépendance de l’Algérie et qui a été arrêté en 1959 et incarcéré à la prison St Paul, condamné à mort, guillotiné le 23 février 1960. Marguerite Buffard-Flavien, incarcérée en 42 au camp de femmes de Monts, puis à Mérignac d’où elle s’évade et rejoint les FTP à Lyon. Elle a été dénoncée et arrêtée par la milice, elle se défenestre du 3e étage des locaux de la milice pour ne pas parler sous la torture. Berthie Albrecht, résistante qui a été arrêtée à Lyon en 42, elle s’est évadée et elle est entrée dans la clandestinité dans le groupe Combat. Elle est arrêtée à nouveau en 1943, incarcérée à Fresnes et sera pendue le jour-même.

Jean Moulin

Au fond du couloir, Jean Moulin, préfet et résistant qui dirigea le CNR, arrêté le 21 juin 1943, il est conduit au siège de la gestapo, il sera torturé et mourra le 8 juillet 1943.

Yoyos

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« Ce sont des bouteilles en plastique que les prisonniers activaient à l’aide d’une ficelle ou un lambeau de drap en les balançant pour faire passer des messages, du café, des cigarettes d’une cellule à l’autre. Ce sont des bouteilles à la mer le plus souvent accrochées dans les barbelés pendant comme des ex-voto n’espérant plus rien »

Linceuls

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… C’est aussi en voyant ces bribes d’espoir pathétique, ces chaussures, ces morceaux de chemises, de couvertures accrochées aux pointes des barbelés que j’ai pensé aux corps qui les avaient habités et que m’est revenu en mémoire que la prison Saint-Paul avait été l’une des plus suicidaires…. delà ce drapé, ce suaire qui dissimule un corps anonyme, dont on ne devine qu’une main, qui semble pendre des barbelés comme les linges échoués. (EPE)

Sources :