Fédération de Russie : Le peuple Tchouvache

Publié le 5 Mai 2023

Par Геннадий Иванов — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=56394100

 

Peuple autochtone turcophone originaire d’une grande région allant de la Volga à la Sibérie et vivant de nos jours principalement dans la république de Tchouvachie. Leur origine est sujette à deux théories, la première est qu’ils descendent des Suars et des tribus sabires du khanat bulgare de la Volga. La seconde est qu’ils descendent de bulgares de la Volga qui dont fusionné avec les Scythes et les Maris.

Nom

Sur l'origine étymologique du mot Tchouvache, deux théories s'opposent. La première suppose que le mot est une adaptation shaz-turc du  lir-turc Suva. La seconde suppose que le mot dérive du turc commun jăvaš (amical), opposés aux şarmăs (belliqueux).

Sous-groupes

  • Virial ou Touri вирьял, тури : supérieur
  • Anatri : en tchouvache : анатри ; inférieur  sud de la république de Tchouvachie, ils entretiennent des liens historiques avec les Tatars)
  • Anat Jenci анат енчи ; mi-bas
  • Hirti (хирти ; steppe

Langue

 

Tchouvache, branche oghoure des langues turques. C’est une langue unique parmi les langues turques, formant un ensemble homogène et s’en démarquant nettement ce qui suppose une séparation précoce. Selon Vassili Radlov c’est une langue turque fortement influencée par le finnois. Pour Nicolas Poppe (1925) elle a une position intermédiaire entre les langues turques et les langues mongoles.

Locuteurs : 1,08 million en 2010

Il y a 3 dialectes distincts :

Le dialecte supérieur, le dialecte inférieur et le dialecte moyen.

Chacun a ses caractéristiques propres permettant de le diviser en unités dialectales plus petites.

Les parlers sont également divisés en sous-parlers. C’est une des langues minoritaires les plus parlées en Russie.

Le tchouvache a renoué avec l’écrit à la fin du XIXe siècle avec la création d’un alphabet cyrillique par Ivan Ivanovitch Iakovlev, adopté en 1873 et rénové en 1938.

Wikipedia en tchouvache

 

Les ancêtres

Ils étaient installés sur la rive droite de la Volga entre Nijni Novgorod et Kazan. Attila et les Huns sont leurs ancêtres, car les ancêtres les plus anciens des pays turcophones connus dans l’histoire sont des tribus de Huns bulgares et souvares (désignés comme Huns blancs ou Huns d’argent).

Ils se sont déplacés vers l’ouest au IIe siècle avant JC pour s’établir en Asie centrale sous la pression des chinois.

Au Ier siècle de notre ère, ils ont franchi la Volga, occupé la steppe s’étendant entre la mer Caspienne et la mer d’Azov parvenant jusqu’au Danube.

Le peuple Tchouvache se serait formé du XIIIe au XVe siècle sur la base de la communauté bulgare et souvare après l’assimilation de certaines populations locales.

La langue tchouvache s’est constituée sur la base du bulgare ancien qui appartient avec la langue turque à la famille ouralo-altaïque.

 

Par Zelenov Ivan — http://collection.kunstkamera.ru, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=69992003

 

La république de Tchouvachie

 

 

Yangildino, district de Kozlovsky, Tchouvachie - image panoramique https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Chuvashia?uselang=fr#/media/File:Yangildino_(Kozlovskij_district)_-_panorama.jpg

 

Nom en tchouvache  Чӑваш Республики

République de la fédération de Russie, située dans la région économique de Volga-Viatka ou moyenne Volga et sur la rive gauche de ce fleuve. C’est un des 85 sujets de la fédération de Russie, divisée administrativement en 21 raïons et 5 cités.

Capitale : Tcheboksary (Choubachkar)

Créée : le 24 juin 1920 avec le statut d’oblast autonome de l’Union Soviétique.

Le 21 avril 1925 elle devient une république socialiste soviétique autonome.

Superficie : 18.300 km2

 

https://commons.wikimedia.org/wiki/Atlas_of_Chuvashia?uselang=fr#/media/File:Chuvashia03.png

 

Le climat est modérément continental, le paysage est constitué de forêts de steppe et de forêts.

Les ressources naturelles sont le gypse, les sables, le tripoli (matière polissante à base de fin dépôt siliceux issu de la décomposition de diatomées et de radiolaires), l’argile, les dépôts de sapropèle (vase organique pouvant donner du pétrole), la phosphorite et la tourbe.

La population est composée d’autochtones tchouvaches et de russes venus d’Ukraine et de Biélorussie qui vivaient de la chasse aux animaux à fourrure et de la pêche.

Les Tchouvaches constituent 67,7% de la population de la république, les Russes 26,9%, les Tatars 2,8% et les Mordves 1,1% (il y a encore de plus petites minorités).

 

Religion et croyances

Ils ont pris soin de préserver leurs croyances dont le dieu principal est Toura. Certains Tchouvaches ont préféré se séparer des autres groupes ethniques environnants pour se préserver du christianisme orthodoxe et de l’islam et ont pratiqué l’endogamie pendant plusieurs siècles. Aujourd’hui la majorité de la population tchouvache est chrétienne orthodoxe mais ils gardent toujours leurs traditions ancestrales et leurs pratiques cultuelles. Il y a de nombreuses divinités et esprits dans la mythologie tchouvache.

Toura est le dieux suprême qui n’intervient pas directement dans les affaires des hommes. Il les dirige par l’intermédiaire du dieu Kébé chargé des destinées du genre humain.

Puleh attribuait aux hommes un sort heureux ou malheureux ;

Pigambar répartissait les qualités spirituelles et communiquait les visions prophétiques aux prêtes et mages (ioumouz). Il a offert le feu à tout l’univers.

Ils ont une vénération à la Terre, divinité sous la figure d’Ama (la Mère) et qui est entourée de toute une famille d’esprits de la terre. La Terre, le soleil ou les éléments sont représentés sous une grande variété de formes et d’images.

D’autres divinités mineures dont naître, protègent les hommes, les blés, les abeilles dont le Dispensateur, le Fondateur des blés, le Père des fleurs, l’Esprit-qui-fait-onduler-les-champs, le Fondement des animaux, le Producteur-du-mouvement-chez-les-abeilles.

C’est une religion dualiste, les esprits protecteurs s’opposent aux esprits malfaisants menés par Shouïtan.

Les plus influents de ces esprits malfaisants sont Esrel le dieu de la mort, Jereh messager des maladies, Ijé l’esprit du foyer, Arzuri le sylvain.

Les rites collectifs les plus importants sont liés au cycle saisonnier.

Tschugé est une prière pour la pluie ;

Sora Tschugé sont des libations de la bière en remerciement de la récolte et une prière à toutes les divinités qui régissent le monde terrestre.

La fête religieuse Suhiri (fête d’hiver des jeunes pour demander une bonne récolte et la fécondité des troupeaux)

Kalom, fêtes printanières en l’honneur de Toura et célébration des morts.

Le rite séren sert à écouter les mauvais esprits ;

Simek est la fête de la floraison printanière ;

Célébration des morts au cimetière,

Sirizé la fête de la grossesse de la terre avec interdiction de la déranger, de marcher sur elle les pieds nus, de faire des travaux agricoles, d’extraire des pierres.

Un rite très archaïque le Her-Agi met en scène la parenté première de l’homme avec la terre et parvient par quelque souffle mystérieux. C’est le labour des jeunes filles qui s’attelaient à une araire et sans ceinture, les cheveux dénoués dans un silence nocturne, traçaient un sillon autour du village. Nul ne pouvait emprunter les chemins menant au village ou s’en éloignant. Celui qui transgressait était frappé par les jeunes filles à coups de rameaux de sorbier (aux pouvoirs magiques). Puis, ils cuisaient des œufs sur un feu de bois de chêne allumé par friction puis portaient le feu dans tous les foyers. Ce rite a disparu à la fin du siècle dernier.

La femme, mère, était hors d’atteinte et sacrée. Selon un dicton tchouvache « la mère est kébé, on ne peut se disputer avec elle ».

 

Les coiffes en argent

 

Par Auteur inconnu — gov.cap.ru, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=118341950

La coiffe « thoukia » d’une jeune femme célibataire ressemblait à un casque guerrier, celle d’une femme mariée, khouchpou avait une couronne ouverte et une longue « queue » qui permettait de maintenir son dos droit.

Ces coiffes étaient chargées de pièces d’argent ou d’imitations de pièces de monnaie. Les meilleures pièces étaient placées sur les tempes. En marchant, elles tintaient le plus fort. Dans la coiffe il y avait aussi des perles et des petits coquillages, indicateurs également de richesse.

Une fille revêtait le thoukia quand elle était en âge de procréer montrant qu’elle était alors prête à se marier et à perpétuer la lignée. Lors de la cérémonie du mariage, la jeune femme portait le khouchpou et sa thoukia était transmise à ses sœurs cadettes.

 

Par Algeyav — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=112708503

 

Les femmes portaient aussi des colliers « chioulguémé » ressemblant à une bourse ou à une assiette décorée au centre (signe tribal). Les pièces de monnaie servaient aussi pour faire des boucles d’oreilles (alga). Les pièces étaient une sorte de talisman contre les forces maléfiques.

 

Par Vaija — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=114143128

 

Le pays des cent mille broderies

C’est un nom romantique souvent attribué à la république de Tchouvachie. On y brode de nombreux motifs et points de broderie différents dans chaque région. La broderie définit le code culturel du peuple. Le costume folklorique traditionnel était décoré avec de la broderie (chemises, tabliers, couvre-chef des femmes). C’était considéré comme un talisman contre les forces du mal, il fallait en priorité protéger les femmes chargées de donner la vie.

 

symbole cosmologique Par An embroidery from E.I. Efremova's collection (photo by G.I. Ivanov-Orkov) — vkontakte.ru, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10655471

Selon la mythologie tchouvache, il existe 3 mondes :

Le monde inférieur, le monde moyen où vivent les gens et le monde supérieur.

Des entités habitent ces mondes et peuvent être observés dans la broderie tchouvache (esprits, animaux, éléments naturels). Tout ce qui est dessous de la taille constitue le monde inférieur et le passé, ce qui va de la taille aux épaules, c’est notre monde et au-dessus des épaules, c’est la connexion avec le cosmos et l’univers.

Les motifs tchouvaches les plus fréquents sont les carrés-symbole de la terre, les formes à 8 branches représentant le soleil, des canards, des chevaux, des arbres, des yeux (œil de Toura), des signes géométriques. Il y a des symboles de l’ancienne écriture runique qui étaient utilisés au moyen-âge comme marqueurs claniques.

 

Les musiciens et chanteurs tchouvaches se tiennent en rang dans le parc pendant le festival tchouvache "Akatuj" organisé à Saint-Pétersbourg, Russie, par la diaspora tchouvache. Par Zakharov Oleg — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=87371577

 

Sources : wikipedia, russia beyond, l’œil des champs, anthologie de la poésie tchouvache de Guennadi Aïgui

Lecture conseillée

L'oeil des champs, anthologie de la poésie tchouvache de Guennadi Aïgui

Documente en PDF Chez les Tchouvaches

 

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