Pérou : Les Asháninkas exigent des actions concrètes après l'assassinat de leur leader
Publié le 12 Avril 2023
Les Asháninkas rassemblés dans les bureaux de la CART veillent sur la dépouille de leur leader Santiago Contoricón Antúnez, dans la soirée du 10 avril. Photo : Fremank
Les Asháninka demandent, entre autres, que le ministère public rende compte dans les 48 heures de l'avancement de l'enquête sur l'assassinat de Santiago Contoricón, faute de quoi ils prendront des "mesures radicales".
Servindi, 10 avril 2023 - La Central Asháninka del Río Tambo (CART) exige des autorités péruviennes une série d'actions concrètes pour éviter l'impunité dans le récent assassinat du leader indigène Santiago Contoricón.
L'une d'entre elles consiste à demander au bureau du procureur général de rendre compte de l'avancement des enquêtes sur ce crime dans les 48 heures, faute de quoi des "mesures radicales" seront prises, préviennent-ils.
Ils exigent également le retrait immédiat de tous les officiers de la base navale située dans la communauté indigène de Puerto Ocopa, district de Río Tambo (Junín) où le meurtre a eu lieu.
Ces derniers ne se sont pas acquittés de leur responsabilité d'assurer la sécurité et la protection de la population et ont permis la circulation de navires transportant de la cocaïne et des intrants chimiques pour le trafic de drogue.
Par ailleurs, ils exigent que des représentants du gouvernement central (Premier ministre et ministres de la défense, de l'intérieur et de la culture) se rendent dans la communauté pour expliquer la négligence dont souffre le peuple Asháninka.
"Si le gouvernement central, la marine et le ministère public ne respectent pas les points convenus, nous serons contraints de prendre des mesures radicales pour défendre nos vies, nos terres et nos familles", prévoient-ils.
Tout en exigeant ces actions, ils ont annoncé qu'à partir du 11 avril, ils fermeraient définitivement la rivière Tambo à tous les types de bateaux jusqu'à ce que les responsables soient arrêtés.
Ils ont également donné un délai de 48 heures pour le retrait de tous les étrangers de Puerto Ocopa et Puerto Chata, et ont annoncé que les enfants ou les conjoints non Ashaninka devront être enregistrés.
Ces mesures ont été annoncées à la suite du meurtre de Santiago Contoricón Antúnez, un leader Asháninka emblématique, abattu à son domicile dans la nuit du samedi 8 avril par des inconnus.
Selon la CART, le motif du crime était la lutte de Contoricón avec les comités d'autodéfense contre les trafiquants de drogue qui voulaient utiliser leurs territoires et leurs rivières pour transporter de la cocaïne vers l'Ucayali.
Le dirigeant collaborait étroitement avec la police et les forces armées pour lutter contre le narcoterrorisme dans la vallée des fleuves, Apurímac, Ene et Mantaro (Vraem).
C'est pourquoi il a reçu des menaces, qui ont été communiquées en temps utile aux ministères.
Avec la mort récente de Contoricón, ce sont désormais trois dirigeants asháninka qui ont été assassinés pour avoir défendu le territoire de la Selva Central depuis 2021. Auparavant, Estela Casancho (2021) et Ulises Rumiche (2022) avaient été tués.
De 2012 à 2022, 20 indigènes ont été tués en Amazonie, selon la base de données du coordinateur national des droits de l'homme (CNDDHH), qui a condamné ce dernier crime.
Santiago Contoricón était un leader emblématique. Il a commandé la résistance contre le Sentier lumineux et a contribué à la pacification de sa communauté. Une récompense de 150 000 S/ est maintenant offerte pour retrouver ses assassins.
Traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 10/04/2023
Asháninkas exigen acciones concretas tras asesinato de su líder
Entre otras exigencias, demandan a la Fiscalía informar avances de investigaciones sobre asesinato de Santigo Contoricón en un plazo de 48 horas; de lo contrario, tomarán "medidas radicales" ...