Colombie : Nous dénonçons les illégalités et l'arbitraire des membres de l'armée nationale pour les évènements survenus à Puerto Gaitan, Meta le 8 février 2023
Publié le 18 Février 2023
par Comunicaciones dans Comunicados 15 février 2023
Bakatá, 15 février 2023.
Le Conseil directeur de l'Organisation nationale indigène de Colombie - ONIC, dénonce publiquement à la communauté nationale et internationale les événements survenus le 8 février 2023 dans le campement indigène d'Aseinpome, des peuples Kubeo et Sikuani, dans la municipalité de Puerto Gaitán - Meta, où des hommes de l'armée nationale, rattachés au 28e bataillon du génie, sont entrés dans une opération illégale et arbitraire en intimidant les autorités ancestrales et les membres de la communauté indigène, y compris des mineurs et le personnel de la garde indigène.
L'ONIC présente les faits suivants :
Le 8 février 2023, à 23h28, le capitaine de la communauté, Siete Rodríguez, du campement indigène Aseinpome, se rendait à son domicile lorsqu'il est passé devant la maison d'un des membres de la communauté et a ressenti des bruits étranges qui ont attiré son attention. Au même moment, un soldat est sorti de la maison et a pointé son arme sur lui en lui disant qu'ils recherchaient un soldat et qu'il devait s'identifier. L'autorité ancestrale a dit qu'il était un capitaine de la communauté et un membre de la garde indigène, le soldat a répondu "Guardia, ni que hijueputas" et immédiatement entre 15 et 20 soldats l'ont saisi à la gorge.
Immédiatement, un soldat a continué à frapper sur la porte avec son fusil, tandis que d'autres essayaient d'entrer par la partie supérieure ; face à ce siège, une fille indigène qui se trouvait à l'intérieur de la maison a ouvert la porte, et deux soldats sont entrés dans la maison sans s'identifier ni montrer de mandat, en disant : "ouvre cette putain de porte". Ils ont tout fouillé dans la maison en présence de la mineure.
Le capitaine des Siete Rodriguez a réussi à se libérer et, malgré le harcèlement des soldats, il est retourné à la maison où il se trouvait auparavant et a frappé à la porte. Les habitants sont sortis et ont commencé à crier "Guardia, guarda" en réclamant sa présence, mais bientôt un soldat qui le poursuivait est arrivé et leur a dit "Guardia ni que hijueputas, ustedes no tienen ley" (Guardia ou fils de pute, vous n'avez pas la loi).
Ensuite, le capitaine de la communauté a appelé un major indigène pour demander le soutien de la garde indigène, ce à quoi les soldats ont continué à l'intimider, en disant "qui appelez-vous crapaud", "n'appelez personne hijueputa".
L'Organisation nationale indigène de Colombie et son Conseil pour le territoire, les biens naturels et la biodiversité expriment leur profonde préoccupation et REJETENT les événements décrits ci-dessus, qui mettent en grand danger l'intégrité et la sécurité de la communauté indigène affectée. Cette situation entraîne une violation claire des Droits de l'Homme et une violation du Droit International Humanitaire dans la mesure où l'Armée Nationale a violé le principe d'autonomie des peuples indigènes protégé par la Convention 169 de l'OIT et la Constitution Politique, en plus d'impliquer des membres de la communauté indigène, y compris des enfants et des personnes âgées, de manière violente et sans aucune base légale.
L'ONIC rappelle que la communauté, victime d'agressions de la part de membres du 28ème Bataillon du Génie de La Primavera, Vichada, s'est vue accorder des mesures conservatoires par le Tribunal Civil du Circuit Spécialisé en Restitution de Terres de Villavicencio, qui met en garde contre les risques de sécurité encourus par cette communauté et ordonne aux entités de sécurité territoriale et étatique de prendre des mesures de protection spéciale.
Par conséquent, nous demandons :
Que le Ministère de la Défense Nationale ouvre immédiatement des enquêtes pour établir les responsabilités dans la ligne de commandement qui ont conduit à la violation du territoire ancestral, à l'intimidation de la communauté et des autorités traditionnelles, et aux actions violentes dont ont été victimes les membres de la communauté. De même, qu'en coordination avec le bureau du procureur général, des enquêtes soient menées dans le cadre de la JURIDICTION ORDINAIRE.
Au Ministère de l'Intérieur, en vertu du principe de coordination, de se coordonner avec toutes les entités du gouvernement local et national, ainsi qu'avec d'autres entités de l'État, pour l'accomplissement effectif des mesures de précaution dont bénéficie la communauté, pour garantir la sécurité collective et activer les voies de promotion, de respect et de garantie des droits de l'homme.
Au Bureau du Procureur Général de la République, de se saisir de cette affaire comme une violation des droits de l'homme et d'ouvrir immédiatement des enquêtes pour traduire les responsables devant la JUSTICE ORDINAIRE.
Au Bureau du médiateur, afin qu'il puisse accompagner la communauté indigène de Puerto Gaitán dans la garantie et le rétablissement de ses droits.
Au bureau du maire de Puerto Gaitán, afin que, conformément à ses fonctions constitutionnelles, il prenne des mesures pour garantir la sécurité des communautés indigènes de la municipalité et le rétablissement de leurs droits. De même, en coordination avec les autres entités correspondantes, pour garantir le respect des mesures de précaution dont bénéficie la communauté.
Au Bureau du Procureur Général de la Nation, afin d'initier les enquêtes disciplinaires correspondantes qui conduiront à des sanctions exemplaires contre le personnel militaire impliqué dans la violation des Droits de l'Homme et du Droit International Humanitaire décrite ici.
À l'Unité de Protection Nationale, pour qu'en conformité avec les mesures conservatoires de l'ordonnance interlocutoire n° AIR-23-007 du Deuxième Tribunal Civil du circuit spécialisé dans la restitution des terres de Villavicencio, elle garantisse des mesures de protection collective pour la colonie d'Aseinpome.
Comptez sur nous pour la paix, jamais pour la guerre !
traduction caro d'un communiqué paru sur le site de l'ONIC le 15/02/2023