L'Espagne ne devrait pas vendre d'armes répressives à un gouvernement criminel

Publié le 31 Janvier 2023

Un policier tente de disperser une manifestation appelant à la destitution du président Boluarte et à des élections générales au Pérou. Photo : Lucas Aguayo Araos / © Picture Alliance/dpa. Source : AI

L'organisation considère que le matériel vendu par l'Espagne pourrait être utilisé pour la répression qui a lieu dans le pays depuis le début des protestations le 7 décembre.

Servindi, 29 Janvier, 2023 - L'Espagne est l'un des principaux fournisseurs d'équipements anti-émeutes, d'armes légères et de munitions au Pérou, dont le gouvernement fait un usage indiscriminé de la protestation citoyenne avec un bilan fatal allant jusqu'à 60 morts civils.

C'est pourquoi Amnesty International (AI) demande au gouvernement espagnol de suspendre "immédiatement" toute nouvelle autorisation ou envoi de ce type de matériel au Pérou.

L'argument est qu'il existe un risque élevé que les forces armées et la police péruviennes les utilisent pour commettre de graves violations des droits de l'homme.

Depuis le début des manifestations, le 7 décembre, Amnesty International a recensé des " opérations très inquiétantes " visant à réprimer les manifestants dans les villes du pays.

"Au cours des cinq dernières années, l'Espagne a été le principal fournisseur d'armes de l'Union européenne au Pérou. Il existe un risque évident que le matériel d'origine espagnole soit utilisé pour faire taire le peuple péruvien de manière violente et illégale", a averti Esteban Beltrán, directeur de l'organisation en Espagne.

L'organisation estime que 184 millions d'euros ont été autorisés pour des licences d'armes au Pérou entre 2017 et juin 2022 - dernières données officielles disponibles - dont près de 40 millions d'euros pour des équipements anti-émeutes.

En termes d'exportations au cours de la même période, Amnesty souligne des ventes d'armes légères pour 4,7 millions, de munitions pour 2,4 millions et de près d'un million d'équipements anti-émeutes.

La section espagnole d'AI demande la suspension de ces exportations à la secrétaire d'État au commerce, Xiana Margarida Méndez, qui est également présidente du Conseil interministériel qui réglemente les ventes d'armes, dont les décisions sont secrètes en vertu de la loi sur les secrets officiels de 1968.

La lettre demande en outre que, conformément au traité sur le commerce des armes qui oblige à ne pas autoriser les exportations lorsqu'il existe un risque substantiel d'utilisation pour commettre ou faciliter des violations graves du droit international des droits de l'homme, les autorisations non exécutées de matériel létal et antiémeute soient révoquées.

Cette décision doit être maintenue jusqu'à ce que les responsables des violations des droits humains commises par l'armée et la police péruviennes soient traduits en justice et que les forces de sécurité soient formées à l'utilisation de ces équipements conformément aux normes internationales relatives au recours à la force.

En outre, Amnesty International propose que, jusqu'à l'adoption de ces propositions, "au minimum, les mesures renforcées d'atténuation des risques" contenues dans le protocole sur la vérification de l'utilisation des exportations d'armes approuvé par le gouvernement espagnol en 2020 soient mises en œuvre.

Informations complémentaires

Depuis le début des manifestations sociales dans différentes régions du Pérou le 7 décembre 2022, au moins 60 personnes sont mortes, dont des mineurs, et des dizaines de civils et de policiers ont été blessés.

Nombre d'entre eux ont été touchés par des armes à feu dans le cadre de la répression des manifestations. Début janvier, dans la seule ville de Juliaca, 11 personnes ont été tuées en 24 heures, dont un policier.

La déclaration de l'état d'urgence le 15 décembre ne s'est pas avérée être une réponse adéquate à la crise politique et sociale que traverse le pays.

Au contraire, Amnesty International, ainsi que d'autres organisations de la société civile, constatent que les violations des droits de l'homme, notamment la privation de la vie par un usage excessif de la force et les détentions arbitraires, ont augmenté.

Amnesty International rappelle qu'en vertu du droit international, les forces militaires affectées à des activités de maintien de l'ordre public sont tenues de respecter les mêmes normes que les forces de police. Cela inclut le respect des règles et règlements relatifs à l'usage de la force.

L'organisation a lancé une campagne de signatures pour demander à la présidente Boluarte de mettre fin à toutes les formes de recours à la force illégitime par les forces de sécurité et de rendre justice aux personnes qui ont été tuées.

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 29/01/2023

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Répression, #Vente d'armes, #Espagne, #Droits humains

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