Pérou : Les indigènes rejettent les élections de 2024 et demandent la démission du président Boluarte

Publié le 23 Décembre 2022

Les peuples indigènes de l'Amazonie lors d'une conférence de presse le 22 décembre. Photo : Servindi

Ils resteront en "mobilisation permanente" jusqu'à ce que la présidente et le Congrès partent, que des élections soient convoquées et que le processus de constitution d'une Assemblée constituante commence.

Servindi, 22 décembre, 2022 - Les peuples indigènes de l'Amazonie péruvienne ont exprimé leur ferme rejet de la proposition approuvée par le Congrès d'avancer les élections générales à 2024.

Au contraire, pour sortir de la crise, ils demandent la démission immédiate de la présidente Dina Boluarte et un changement du bureau du Congrès pour convoquer des élections dès que possible.

Ils demandent également le lancement d'un vaste processus de convocation d'une assemblée constituante afin d'inclure toutes les questions en suspens de l'agenda des autochtones d'Amazonie.

Tant que cela ne sera pas le cas, ils resteront en "mobilisation permanente", ont-ils déclaré lors d'une conférence de presse tenue dans les locaux de l'Association interethnique pour le développement de la selva péruvienne (Aidesep) le 22 décembre.

Qu'ils partent tous

Les dirigeants indigènes rejettent la continuité du gouvernement actuel de Dina Boluarte en raison de la répression de l'État et des décès survenus dans le cadre des protestations.

"C'est un scandale et une honte nationale que 27 frères et sœurs aient été tués et plus de 600 blessés. Dina Boluarte doit démissionner car elle a du sang sur les mains".

C'est ce qu'a déclaré le président de l'Aidesep, Jorge Pérez Rubio, qui a été appuyé par les dirigeants des neuf régions qui composent l'organisation dans leur appel à la fin de ce gouvernement.

"Nous ne voulons plus de morts" et "la présidente doit démissionner car elle est responsable de 27 morts", ont déclaré les leaders Anoska Irey (Madre de Dios) et Teresita Antazú (Programme des femmes Aidesep).

Teresita Antazú, responsable du programme pour les femmes d'Aidesep. Photo : Servindi

"Nous combattons le terrorisme. Ce n'est pas possible que maintenant ils nous appellent des terroristes", s'indigne Jorge Chauca, coordinateur de l'Association régionale des peuples indigènes de la selva centrale (ARPI SC).

Et ce, face à certains discours du gouvernement, du Congrès et de la presse dominante du pays, qui délégitiment les manifestations en affirmant que des groupes subversifs sont derrière elles.

Quant au Congrès, ils demandent également sa fermeture anticipée, affirmant que les parlementaires actuels profitent de cette crise pour mettre à l'ordre du jour et faire passer des lois néfastes pour les peuples indigènes.

En effet, en pleine crise, le Congrès continue de faire passer deux lois douteuses : l'une contre les peuples indigènes en situation d'isolement et de premier contact (PIACI) et l'autre qui dote les territoires ruraux de comités d'autodéfense.

Pour cette raison, ils proposent qu'une fois que Boluarte aura démissionné, un nouveau conseil d'administration soit élu pour convoquer les élections en coordination avec une "commission permanente réduite du Congrès qui ne fait que coordonner et ne légifère pas".

"Ce Congrès ne nous représente pas. Ils disent qu'ils représentent le peuple, mais le peuple est là, le peuple est dans les rues et il est assassiné", a déclaré un représentant indigène de la région de San Martin.

Jorge Chauca, coordinateur de l'Association régionale des peuples indigènes de Selva Central (ARPI SC). Photo : Servindi

Agenda autochtone

Face à cette situation, outre la destitution du président et des congressistes, les peuples indigènes amazoniens proposent d'engager un processus de convocation d'une Assemblée constituante.

Ils considèrent en effet que de "profondes réformes sociales, politiques et électorales" sont nécessaires pour inclure les droits des peuples autochtones dans le respect des normes et traités internationaux.

Parmi les questions qui devraient être mises à l'ordre du jour figurent la protection des défenseurs, la défense de l'éducation interculturelle bilingue (EIB), la sécurité juridique territoriale, la gestion communautaire des forêts.

Ainsi que l'économie indigène, la pleine participation des femmes, la protection des PIACI, et le changement climatique, "entre autres qui sont inclus dans le Grand Agenda de l'Aidesep", a déclaré Jorge Pérez.

Les demandes de l'Aidesep, qui représente 109 fédérations et plus de 2 400 communautés indigènes de l'Amazonie péruvienne, ont ensuite été exposées dans une déclaration signée par ses neuf fédérations régionales.

"Rien ne justifie une boucherie plus répressive de la part de la Police et des Forces Armées (...) Les peuples indigènes de l'Amazonie réitèrent que nous sommes en mobilisation permanente dans et depuis nos territoires", conclut la déclaration.

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 22/12/2022

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Peuples originaires, #Elections

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