Pérou : La démission de Dina Boluarte : une sortie de crise urgente ?
Publié le 17 Décembre 2022
Photo : Andina
Son départ obligerait le président du Congrès, qui devrait idéalement être changé, à prendre la tête de l'État et à demander des élections immédiates.
Servindi, 16 décembre 2022 - Suite à l'annonce du refus du Congrès d'avancer les élections générales à 2023, les voix s'élèvent pour réclamer la démission de la présidente Dina Boluarte comme moyen le plus rapide de sortir de la crise.
Son départ obligerait le président du Congrès, qui devrait être remplacé par une personnalité plus digne de confiance, à prendre la tête de l'État et à convoquer immédiatement des élections.
Incapacité politique
La situation devient de plus en plus insoutenable, comme en témoigne l'incapacité politique tant de l'exécutif, représenté par Dina Boluarte, que du législatif.
Le gouvernement n'a pas été en mesure de mettre fin à la forte répression des manifestations, qui a fait 20 morts jusqu'à présent, et a répondu en faisant descendre l'armée dans les rues.
À cela s'ajoute la communication inefficace de la présidente Boluarte, qui se limite à poster des messages de condoléances sur les réseaux sociaux, et celle de certains ministres, qui semblent insensibles face à tant de morts.
Seuls deux ministres, ceux de l'éducation et de la culture, ont présenté leur lettre de démission aujourd'hui, affirmant qu'ils ne pouvaient pas continuer à occuper leur poste au milieu de la violence d'État.
En revanche, au Congrès, vendredi 16 décembre, les forces politiques n'ont pas réussi à trouver un consensus pour avancer les élections à 2023.
Ainsi, dans l'après-midi, la plénière a fini par rejeter cette proposition, puisque seuls 49 congressistes ont voté en sa faveur. Si l'exécutif et le législatif ne sont pas à la hauteur de la crise, que peut-on faire ?
Démission et transition
Pour l'instant, la demande qui a commencé à gagner le plus de terrain est la démission de la présidente Dina Boluarte.
Si Boluarte démissionne, en vertu de l'article 115 de la Constitution, c'est le président du Congrès qui prend la tête de l'État et doit immédiatement convoquer des élections.
Il est clair qu'il n'y a aucune chance que l'actuel président du Congrès, José Williams Zapata, un officier militaire à la retraite, ancien chef du commandement des forces conjointes, et au bilan douteux, puisse être élu.
La prochaine étape consisterait donc à renouveler les présidents du Congrès, en élisant une personnalité indépendante qui susciterait la confiance du public et garantirait une transition adéquate.
Le Pérou n'est pas étranger à cette procédure. En 2000, après la chute de la dictature d'Alberto Fujimori, le Congrès a élu le député Valentín Paniagua comme président pour succéder à Fujimori.
La même chose s'est reproduite en 2020, lorsque le Congrès a élu Francisco Sagasti comme nouveau président de la législature, suite à la vacance de Martín Vizcarra, pour le remplacer à ce poste.
Le travail, en tout cas, serait maintenant de réfléchir à qui pourrait être ce député ou cette députée qui pourrait assumer le rôle de transition, arrêter la répression et garantir des élections immédiates.
Il convient de noter que, selon l'article 82 de la loi organique sur les élections, la convocation des élections générales est faite au moins 270 jours (environ 9 mois) avant la date de l'élection.
Cela signifie que la personnalité qui assumera la présidence après la démission de Boluarte restera au pouvoir pendant au moins 9 mois, le temps d'organiser les élections pour élire de nouveaux représentants.
traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 16/12/2022
La renuncia de Dina Boluarte: ¿una salida urgente a la crisis?
Su salida obligaría a que el presidente del Congreso, que idealmente tendría que ser cambiado, asuma como jefe de Estado y convoque a elecciones de inmediato. Servindi, 16 de diciembre, 2022.- Tras