Patrimoine culturel immatériel 2022 : L’ortéké, un art du spectacle traditionnel au Kazakhstan : danse, marionnettes et musique
Publié le 15 Décembre 2022
Ensemble Turan Par Popolon — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37205114
Les communautés et personnes concernées sont :
- L’ensemble Turan, qui joue de la musique kazakhe traditionnelle et populaire ;
- L’école de musique Kokil à Almaty ;
- Le Centre d’études sur l’artisanat de l’Université pédagogique nationale du Kazakhstan (ci-après Université Abai) à Almaty ;
- Le Théâtre national de marionnettes à Almaty ,
- M. Basykara Ersayyn Bakytuly – professeur associé du Conservatoire national kazakh (ci-après Conservatoire Kurmangazy) ;
- M. Evfrat Mambekov – professeur associé de l’Académie nationale kazakhe des arts (ci-après Académie T. Zhurgenov).
L’ortéké est pratiqué par des artistes professionnels et des amateurs dans presque toutes les régions du Kazakhstan. Il est bien représenté dans les théâtres, les salles de spectacle de Nour-Soultan, Almaty, Aqtöbe, et Atyraou.
Les origines de ce spectacle proviennent de croyances traditionnelles nomades liées à une espèce de chèvre des montagnes appelée téké (ibex de Sibérie ou de l’Altaï, capra siberica). Un culte rendu aux chèvres dansantes et des rituels associés existent dans d’autres pays et régions proches du Kazakhstan aux riches traditions nomades, le Kirghizistan, l’Altaï et la Sibérie.
L’élément est un art du spectacle kazakh qui associe théâtre, musique et marionnettes. Il combine une pièce musicale interprétée sur un instrument kazahk traditionnel a 2 cordes, le dombra et une danse sautillante d’une marionnette en bois qui représente une chèvre des montagnes, téké qui est fixée à la surface d’un tambour traditionnel, daulpaz par une tige métallique et reliée aux doigts du musicien par un ou plusieurs fils. La tête et les membres de la marionnette articulée sont reliés au fil. Lorsque le musicien fait vibrer les cordes de la dombra, la marionnette sautille au rythme dicté par l’artiste, elle s’anime et effectue des mouvements de danse amusants en marquant le rythme sur la peau tendu du tambour.
dombra https://ich.unesco.org/fr/RL/lortk-un-art-du-spectacle-traditionnel-au-kazakhstan-danse-marionnettes-et-musique-01878
Les membres des communautés qui pratiquent l’ortéké sont les détenteurs qui ont un rôle et des tâches spécifiques : musiciens professionnels et amateurs, groupes de musique traditionnelle et populaire, artisans qui fabriquent les figurines en bois et les instruments de musique, chercheurs, folkloristes et spécialistes de l’ethnomusicologie. Les artistes en tant que détenteurs de l’élément assurent sa pérennité et la transmission de sa signification. L’ortéké est pratiqué aussi bien par des musiciens solo que dans de grands ensembles.
Le réalisme des mouvements de la marionnette dépend non seulement du doigté du musicien mais aussi au talent du sculpteur sur bois. Il faut que les articulations soient mobiles pour permettre à l’ortéké de marcher, faire claquer ses cabots, sauter comme une vraie chèvre des montagnes.
Pourtant, l’ortéké a pendant des années été négligé par les universitaires, les autorités et le grand public.
De nos jours, la transmission des connaissances et le savoir-faire liés à l’élément s’effectue dans les communautés de détenteurs par le biais d’un système traditionnel d’enseignement artistique appelé Ustaz-Shakerad (maître-apprenti).
L’école de musique Kokil à Almaty a créé une équipe de recherche sur l’apprentissage de la pratique de cet art.
Les artisans transmettent leurs connaissances et savoir-faire à leurs élèves dans leurs ateliers en appliquant le même système Ustaza-Shakerad.
Le festival international de l’ortéké est organisé tous les 2 ans entre 2007 et 2018 et les concours régionaux de marionnettes ont été des évènements propices à l’apprentissage et au partage des connaissances et expériences entre marionnettistes venus du Kazakhstan, Bachkortostan, Kirghizistan, Turquie, Tadjikistan, Azerbaïdjan et Bélarus.
L’ortéké est un élément important du patrimoine populaire de la région et de l’identité nationale. Il permet à la population de mieux connaître et comprendre la culture traditionnelle des anciens nomades et a forger l’identité culturelle des jeunes kazakhs.
Cet art n’évoque pas nécessairement la chasse ou les animaux blessés.
C’est un art mystérieux qui doit être revitalisé et valorisé car c’est un véritable tremplin pour la culture traditionnelle kazakhe permettant de comprendre l’esprit du peuple kazakh et l’art syncrétique des nomades d’Asie centrale.
Sa nature philosophique enrichit les traditions artisanales et musicales du Kazakhstan et du monde et constitue un symbole national, un signe distinctif du Kazakhstan moderne.