Une COP perdue et endommagée : La COP27
Publié le 20 Novembre 2022
Manifestation d'activistes environnementaux à Sharm El-Sheikh pendant la COP27. Photo : Laura Quinones / ONU
À ce jour, les pays les plus riches du monde ont refusé de payer pour les "pertes et dommages". C'est-à-dire qu'ils ont refusé d'admettre qu'ils ont gravement pollué l'atmosphère avec du dioxyde de carbone, du méthane et d'autres gaz à effet de serre.
Une COP perdue et endommagée : la 27e Conférence des Nations unies sur le changement climatique
Par Amy Goodman et Denis Moynihan*.
Democracy Now, 19 novembre 2022 - Après deux semaines de délibérations, la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique 2022 s'est achevée vendredi dans la ville égyptienne de Sharm el-Sheikh. Le sommet - connu sous le nom de COP27 car il s'agit de la 27e conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques - est un traité évolutif qui n'a jamais été entièrement négocié et qui, espère-t-on, permettra un jour à tous les pays de réduire rapidement leurs émissions de gaz à effet de serre afin d'éviter un changement climatique catastrophique.
On estime que 30 000 personnes du monde entier ont afflué vers cette station balnéaire exclusive de la mer Rouge, située à l'extrémité sud de la péninsule du Sinaï. Le sommet est accueilli par l'Égypte, dont le gouvernement est une dictature à laquelle les États-Unis fournissent chaque année des milliards de dollars d'aide militaire. La conférence de cette année a été baptisée "COP de l'Afrique" afin de mettre en lumière la situation critique de l'Afrique, l'une des régions les plus pauvres du monde, qui subit déjà les terribles conséquences de la crise climatique.
Nnimmo Bassey, un écologiste nigérian renommé, a déclaré dans une interview à Democracy Now !
"Ce n'est pas une COP africaine. L'Afrique n'est pas là. Les pauvres qui souffrent des inondations, des sécheresses et de toutes sortes de situations défavorables ne sont pas là. Ils n'ont pas les moyens de venir ici et il leur serait difficile d'obtenir une accréditation. Ils n'ont pas les moyens de se loger dans cette ville qui est principalement destinée aux touristes. Il s'agit d'une COP totalement exclusive. Les autres COP étaient aussi exclusives, mais celle-ci est super exclusise. Nous avons été isolés sur une péninsule, déconnectés même du pays où nous sommes censés être".
Nnimmo Bassey a qualifié le processus de lutte contre la crise climatique mis en place par l'ONU de processus "perdu et endommagé".
Alors que Bassey assiste aux sommets des Nations unies sur le changement climatique depuis de nombreuses années, les membres du mouvement mondial des jeunes contre le changement climatique, en pleine expansion, n'ont commencé que récemment à assister à ces conférences. C'est le cas de Vanessa Nakate, l'activiste qui a mené la première grève du climat en Ouganda. Le mouvement étudiant de grève pour le climat Fridays for Future est né d'une manifestation solitaire de l'adolescente Greta Thunberg devant le Parlement suédois en août 2018 et est devenu un mouvement mondial qui implique désormais plus de 14 millions de jeunes. Les étudiants prennent un jour de congé de leurs écoles pour faire grève, généralement le vendredi, et exiger que les hauts responsables au pouvoir prennent des mesures urgentes pour faire face à l'urgence climatique.
En décembre 2019, lors de la COP25 à Madrid, en Espagne, Vanessa Nakate a décrit ses débuts en tant que militante écologiste dans la capitale ougandaise, Kampala, lorsqu'elle a décidé de rejoindre les grèves étudiantes pour le climat :
"Les gens ont trouvé étrange que je [manifeste] dans la rue. Certaines personnes ont fait des commentaires négatifs, disant que je perdais mon temps et que le gouvernement n'écouterait aucune de mes demandes. Mais j'ai continué."
Un mois plus tard, au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, Vanessa a été photographiée avec Greta Thunberg et d'autres jeunes militants. La version de la photo que l'agence de presse Associated Press a publiée et distribuée à la presse ne comprenait que les quatre adolescents blancs du groupe, laissant Vanessa hors de l'image. L'agence a présenté ses excuses et a ensuite publié la photo originale.
Nakate parle de cet incident dans son livre "A Bigger Picture : My Fight to Bring a New African Voice to the Climate Crisis" (Une image plus grande : mon combat pour faire entendre une nouvelle voix africaine sur la crise climatique) : "Le fait d'avoir été écartée de cette photo m'a changée. Je suis devenue plus audacieuse et plus directe dans ma façon de parler de la crise climatique et du racisme".
Lors de cette COP27, Vanessa a parlé à Democracy Now !
"Il y a plus de 600 lobbyistes de l'industrie des combustibles fossiles à cette COP et pourtant de nombreuses communautés et de nombreux militants qui sont en première ligne de la bataille contre la crise climatique n'ont pas pu venir ici. [...] De nombreuses communautés n'ont pas la capacité de s'"adapter" à la crise climatique. On ne peut pas s'adapter à la faim. On ne peut pas s'adapter à l'extinction".
Vanessa a poursuivi :
"À mon avis, ce sommet deviendrait vraiment une COP africaine s'il garantit la création d'un fonds de financement des pertes et dommages, soutient une transition juste vers les énergies renouvelables et s'attaque à la pauvreté énergétique dont souffre le continent africain."
Le terme "pertes et dommages" désigne les effets climatiques dévastateurs que des millions de personnes subissent déjà dans les pays pauvres les plus touchés par l'urgence climatique, qui sont précisément ceux qui ont le moins contribué à l'augmentation de la température mondiale. Ces pays en développement exigent que les pays riches, qui sont les plus gros pollueurs en termes historiques, respectent l'engagement qu'ils ont pris lors de l'accord de Paris de 2015, ou COP21, de verser 100 milliards de dollars par an à un fonds pour "l'atténuation et l'adaptation". Le terme "atténuation" désigne les investissements dans des projets visant à réduire les émissions, tels que la construction de centrales d'énergie renouvelable. L'"adaptation" consiste à construire des infrastructures et des capacités pour contrer les effets du changement climatique, par exemple en construisant des digues pour faire face à l'élévation du niveau des mers.
À ce jour, les pays les plus riches du monde ont refusé de payer pour les "pertes et dommages". En d'autres termes, ils ont refusé d'admettre qu'ils ont gravement pollué l'atmosphère avec du dioxyde de carbone, du méthane et d'autres gaz à effet de serre - depuis le début de la révolution industrielle, dans le cas des États-Unis et de la plupart des pays d'Europe - et qu'ils doivent donc payer des réparations pour les impacts climatiques qu'ils ont causés.
Cependant, ceux qui se sont battus pour une transition climatique juste ne perdent pas espoir. Des centaines de personnes ont assisté à la session plénière du peuple alors que la COP27 touchait à sa fin. Asad Rehman, porte-parole principal de la Coalition pour la justice climatique, a parlé à l'assemblée plénière des intérêts bien ancrés de l'industrie des combustibles fossiles et a résumé en une phrase sa vision des luttes à venir :
"Le mot qu'ils craignent le plus est 'solidarité'."
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* Amy Goodman est l'animatrice de Democracy Now !, un journal télévisé international diffusé quotidiennement sur plus de 800 stations de radio et de télévision en anglais et plus de 450 en espagnol. Elle est co-autrice du livre "Those Who Fight the System : Ordinary Heroes in Extraordinary Times in the United States", publié par Le Monde Diplomatique Cône sud.
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Source : Democracy now! Traduction en espagnol de la columna original en inglés. Edición: Democracy Now! en español, spanish@democracynow.org: https://www.democracynow.org/es/2022/11/18/una_cop_perdida_y_danada_la
traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 19/11/2022
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Una COP perdida y dañada: la COP27
Hasta la fecha, los países más ricos del mundo se han negado a pagar por "pérdidas y daños". Es decir, se han negado a admitir que han contaminado gravemente la atmósfera con dióxido de carbo...