Pérou : Des organisations autochtones exigent la démission du ministre de l'éducation suite aux attaques contre l'EIB (Education Bilingue Interculturelle)

Publié le 12 Octobre 2022

Photo : Unicef

Servindi, 10 octobre, 2022 - Le collectif des peuples indigènes du Pérou a signé une lettre dans laquelle il demande la démission immédiate du ministre de l'éducation Rosendo Serna et de ses fonctionnaires en raison de la violation constante des droits éducatifs et de l'éducation bilingue interculturelle (EIB).

"La politique promue par M. Serna est contraire à notre système juridique national et international et viole les droits de l'homme, et repose sur un exercice répréhensible de la discrimination", peut-on lire dans la déclaration.

Il demande l'abrogation des normes et la modification des dispositions qui menacent les droits à l'éducation des peuples indigènes ou natifs du Pérou, qui ont été émises sans consulter les organisations représentatives.

Le message demande au Bureau du Médiateur d'évaluer les progrès et les réalisations de l'éducation bilingue interculturelle dans le pays, comme il l'a fait il y a plus de 10 ans lorsqu'il a publié le premier Rapport du Médiateur sur l'EIB (Rapport 152).

Il demande également aux membres du Congrès de la République d'interpeller le Premier ministre sur les violations de l'éducation bilingue interculturelle qui montrent une discrimination linguistique et culturelle systématique.

Cliquez sur le lien suivant pour lire la lettre de soutien :
 

https://bit.ly/3fZPxWd 
 


En réponse à l'attaque du ministère de l'éducation contre les droits des peuples indigènes en matière d'éducation


Nous, soussignés, représentants d'organisations, d'institutions, de collectifs, de personnes morales et physiques, d'universitaires, d'enseignants, d'étudiants, de parents, de spécialistes des peuples autochtones, identifiés par nos documents d'identité respectifs, face à la violation constante des droits éducatifs et de l'éducation bilingue interculturelle - EIB, nous nous adressons à la société dans son ensemble et aux organismes internationaux qui garantissent les droits des peuples autochtones afin d'exprimer ce qui suit :

PREMIEREMENT.- Depuis son entrée en fonction comme ministre, M. Rosendo Serna a non seulement parlé avec mépris de l'éducation bilingue interculturelle, mais a également proposé sa disparition, avec l'argument d'une prétendue mauvaise caractérisation des écoles de l'EIB. Afin d'atteindre son objectif, il a ordonné, en janvier, la publication de l'Oficio Multiple n° 002-2022-MINEDU/VMGP-DIGEIBIRA, qui autorise les UGEL à décider unilatéralement où appliquer et où ne pas appliquer le modèle EIBI. Par la suite, non content de cela, il a publié des règles pour les concours et les nominations à des postes de direction dans lesquelles l'exigence de maîtrise d'une langue autochtone est laissée de côté. Ces mesures sont des outrages qui font reculer de plusieurs années les progrès réalisés dans la mise en œuvre d'un BIE de qualité.

DEUXIÈMEMENT - Dans un État de droit, au-delà des intérêts des autorités ou de leur groupe, il existe des institutions, des politiques, des normes et le droit des peuples autochtones à recevoir une éducation fondée sur leur langue et leur culture dans le cadre d'une approche interculturelle. Si M. Serna n'a pas la volonté de s'occuper de l'éducation des secteurs les plus exclus du pays, alors il devrait quitter son poste. L'éducation interculturelle bilingue est une priorité, car les langues et les cultures natives de nos peuples languissent en attendant la bonne volonté de leurs autorités. Sur les 48 langues, 21 sont presque éteintes et les autres sont en danger d'extinction, tout cela à cause des politiques éducatives hégémoniques et d'exclusion qui ont imposé l'espagnol selon un modèle monolingue, sans tenir compte de la culture et de la langue d'origine des citoyens, principalement dans les zones andines et amazoniennes. La politique promue par M. Serna est contraire à notre système juridique national et international, viole les droits de l'homme et se fonde sur un exercice répréhensible de la discrimination.

TROISIEMEMENT - Face à cette attaque permanente des fonctionnaires en place, les organisations et les personnes soussignées, engagées dans la défense de l'EIB, EXIGENT :

a) La démission immédiate du ministre de l'éducation et de ses fonctionnaires qui auraient dû assumer la défense des droits éducatifs des peuples indigènes.

b) L'abrogation des normes et/ou la modification des dispositions qui menacent les droits à l'éducation des peuples indigènes ou natifs du Pérou, qui ont été émises sans avoir consulté les organisations représentatives.

c) Demander au bureau du médiateur d'évaluer les progrès et les réalisations de l'éducation bilingue interculturelle dans le pays, comme il l'a fait il y a plus de 10 ans lorsqu'il a publié le premier rapport de l'Ombudsman sur le BIE (Rapport 152).

d) Demander aux membres du Congrès de la République d'interroger le Premier ministre sur les violations de l'éducation bilingue interculturelle, qui sont la preuve d'une discrimination linguistique et culturelle systématique.

e) Repenser la politique d'éducation bilingue interculturelle afin que l'EBI soit destinée à tous les Péruviens, et pas seulement aux peuples indigènes.
 

Lima et les peuples du Pérou, 4 octobre 2022

 

traduction caro d'un communiqué paru sur Servindi.org le 10/10/2022

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