Pérou : Que faire face au manque d'eau potable dans les contextes amazoniens ? II
Publié le 29 Août 2022
Photos : Applied Social Innovation (ISA)
Les projets visant à faciliter l'accès à l'eau potable et adaptés à la réalité des contextes amazoniens offrent des solutions aux problèmes de santé. Le projet Allin Yaku est l'une de ces propositions.
Servindi, 26 août, 2022 - Certaines expériences réussies de projets de purification de l'eau dans les communautés indigènes sont présentées comme une alternative à adapter dans les contextes amazoniens qui font face au manque d'accès sûr à cette ressource.
L'un de ces cas qui peut être reproduit est le purificateur Allin Yaku II, qui a contribué à résoudre les problèmes générés par l'eau insalubre dans la communauté Awajún 'Ebrón', dans le district de Nieva, à Condorcanqui (Amazonas).
L'étude "Approximations de la situation sanitaire dans les zones frontalières" détaille que les communautés frontalières d'Amazonas et d'Ucayali présentent un taux élevé de problèmes gastro-intestinaux et de malnutrition, ainsi que de nombreux cas de malaria.
Eau purifiée
L'initiative du purificateur Allin Yaku II est l'œuvre des ingénieurs Nery Herrera Ambrosio et Nilson Fernández Barazorda, sous la direction du Dr José Manuel Lopez Ludeña du groupe Innovation sociale appliquée (ISA), qui a conçu un système d'alarme en cas d'urgence ou de catastrophe pour le Allin Yaku I.
Conçu comme un système portable, le purificateur d'eau Allin Yaku II est composé d'un filtre à charbon, d'un filtre à 5 microns et d'un filtre à 1 micron.
Le système de ce module de secours est basé sur les énergies renouvelables : il est alimenté par des panneaux solaires photovoltaïques qui fournissent l'énergie nécessaire à son fonctionnement pour une durée totale de 10 ans.
En même temps, il laisse l'eau exempte de goûts désagréables grâce à son filtre à charbon. Si le système de lumière ultraviolette élimine les micro-organismes, il nécessite un entretien tous les 4 mois et dure 3 ans.
Cet équipement est spécialement conçu pour rendre l'eau propre à la consommation et peut travailler plus de 18 litres par heure. Son entretien consiste à laver les filtres.
Des prototypes du système Allin Yaku II ont été installés dans une école et dans un espace communal à " Ebrón " depuis la mi-2020. À l'heure actuelle, le système est toujours en service.
Effets sur le terrain
L'initiative a eu un impact important à "Ebrón", où les gens ont pu obtenir facilement de l'eau de qualité, même sans la faire bouillir.
Pour obtenir de l'eau potable, il leur suffisait d'aller la chercher, comme ils le faisaient auparavant dans leurs puits et leurs ruisseaux.
C'est pourquoi les personnes venues des communautés voisines et ayant constaté l'efficacité de l'équipement ont souhaité reproduire le projet sur leur territoire.
Système amélioré
En fonction des sources d'eau, cet équipement peut être adapté aux systèmes de canalisation, aux puits, pour purifier l'eau de pluie ou l'eau des rivières et autres sources de surface.
Comme le souligne l'ingénieur Nilson Fernandez, une étude visant à évaluer les aspects du contexte est nécessaire pour la mise à niveau. Par la suite, son utilisation et son entretien ne présentent pas d'inconvénients majeurs.
"C'est pourquoi l'équipement a été monté devant la population, afin qu'elle apprenne à le manipuler, à l'installer, à le démonter et à l'entretenir, et afin que n'importe qui puisse s'en occuper", dit-il, en faisant référence à la mise en œuvre de ce système dans la communauté "Ebrón" d'Awajún.
"Nous avons conçu le produit pour qu'il soit facile à utiliser et puisse être installé par n'importe qui en peu de temps", ajoute-t-il.
Après la mise en œuvre dans la communauté Awajún, il a été identifié que pour améliorer l'efficacité de ce système, il est nécessaire de l'adapter à la réalité climatique de chaque zone. Le filtre peut être affecté par les saisons des pluies ou la montée des rivières et des ruisseaux.
En réponse à cela, Allin Yaku III a été développé, un système amélioré et plus durable qui, compte tenu du climat, est adaptable à toute communauté autochtone.
Ce système amélioré, selon M. Fernández, n'a pas encore été mis en œuvre.
Travail à faire
Ce système est facilement reproductible, même en cas de catastrophe naturelle. Dans des villes comme Lima, on peut se procurer les matériaux nécessaires à la fabrication de ces équipements.
Par exemple, grâce aux coopérants, ce projet a été reproduit et utilisé à Piura. Cependant, dans les contextes ruraux, les conditions de fabrication sont différentes. La mise en œuvre et l'adaptation à d'autres contextes ne posent pas de problèmes majeurs.
Un autre aspect de ce projet est la prise en compte des éventuels déchets qui pourraient être générés.
"Pour éviter de générer de la pollution dans les communautés, tous les matériaux que nous envisageons pour le développement du projet sont réutilisables", explique M. Fernández.
Cependant, le manque d'intérêt de la part des institutions responsables et des décideurs représente un obstacle au développement de propositions telles que celle-ci, qui nécessitent un financement pour être mises en œuvre.
"L'État a la logique d'installer l'eau dans des endroits où il y a beaucoup d'habitants, mais il ne finance pas et ne s'occupe pas des communautés de l'Amazonie", dit Nilson Fernández.
"Ce projet répond à cette absence. Il s'adresse aux communautés de petite et moyenne taille", conclut-il.
Outre les prototypes du purificateur Allin Yaku, l'équipe de l'ISA continue de développer d'autres projets innovants dans le but d'améliorer la qualité de vie des habitants des régions reculées du pays.
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* Cette note a été préparée conjointement avec l'économiste et responsable de l'environnement Bikut Toribio Sanchium.
Ce rapport a été réalisé dans le cadre du projet "Le pouvoir de la confiance : contrer la méfiance et la désinformation à propos des vaccins au Pérou", une campagne menée par Servindi, avec le soutien d'Internews.
traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 26/08/2022
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