Mexique : Communiqué de l'OCSS : Nous demandons justice, non des discours matinaux !

Publié le 5 Juillet 2022

4 JUILLET 2022

À L'ARMÉE DE LIBÉRATION NATIONALE ZAPATISTE

AU CONGRÈS NATIONAL INDIGENE

AU CONSEIL INDIGENE DE GOUVERNEMENT 

A LA SEXTA NATIONALE ET INTERNATIONALE

AUX RÉSEAUX DE RÉSISTANCE ET DE RÉBELLION

AUX MÉDIAS LIBRES ET DIGNES

AUX ORGANISATIONS DE LUTTES DIGNES 

Au peuple du Mexique :

 

NOUS DEMANDONS JUSTICE, NON DES DISCOURS MATINAUX !

Le 22 juin, lors d'un acte public réalisé dans le camp militaire numéro 1, ont été annoncées certaines actions de clarification de la soi-disant "guerre sale" menée entre 1965 et 1990, que le gouvernement fédéral est en train de réaliser ou a l'intention de réaliser.

Pour nous, militants de l'Organisation Paysanne de la Sierra Sud (O.C.S.S.), en voyant et en entendant cet événement, plusieurs questions se sont posées :

Pourquoi n'y a-t-il pas d'enquête sur les morts, les disparus et les emprisonnés par l'État mexicain après cette date ? Quelqu'un est-il protégé ?

Pourquoi les actions qui ont affecté nos compagnons ne sont-elles pas incluses, comme la disparition de Gilberto Romero Vázquez, à Atoyac de Alvarez ou celle de Benito Bahena Maldonado, résident de Tepetixtla, Coyuca de Benítez, Guerrero, arrêté en 1997, avec Marcos Ayala de Atoyaquillo, Coyuca de Benítez dans le parc Papagayo à Acapulco, Guerrero ? Transféré à Mexico, torturé par les services de renseignements militaires et le CISEN dans l'aéroport de Mexico. Marcos Ayala a été libéré et a fait connaître les faits, dénonçant le fait qu'il avait été contraint d'accepter un engagement pour travailler pour l'appareil de renseignement du gouvernement. La trace de Benito s'est perdue dans les oubliettes de l'État mexicain.  

Et la disparition de Mauro Bahena Maldonado en 1998 ?

La mort d'Eugenio Aguirre Bahena et d'Ismael Mena, assassinés après avoir quitté une réunion dans les bureaux de notre organisation dans la ville de Tepetixtla, Gro. L'assassinat dans la même ville d'Eusebio Vázquez, dirigeant de l'OCSS.

La mort de Simón López en 2002, après avoir été interrogé par des agents du gouvernement dans la ville de Coyuca de Benítez, Gro. Il a été retrouvé gisant dans la rue avec de graves signes de torture, puis il est décédé dans un hôpital d'Acapulco.

Et que dire des 17 morts et 21 blessés, nos camarades, au gué d'Aguas Blancas, à Coyuca de Benítez, Gro, où la présence du général Mario Arturo Acosta Chaparro dans la préparation et l'exécution de ce massacre a été documentée et dénoncée. Et pour laquelle la responsabilité du gouverneur de l'époque, Rubén Figueroa Alcocer, est pleinement connue. Et le président de l'époque, Ernesto Zedillo, n'était-il pas au courant de l'intention de l'embuscade ?

Et qui est responsable de la mort d'Isidoro Bahena Maldonado aux mains de l'armée au lieu-dit "Las Polvaredas" à Coyuca de Benítez et d'Antonio Bahena Maldonado à Petatlán par des narco-tireurs protégés par le bataillon de Petatlán ? Les mêmes qui devraient faire l'objet d'une enquête pour la mort de Lic Digna Ochoa y Plácido.

Et les disparitions des écologistes de Petatlán, Eva et son mari, descendus d'un bus au lieu-dit Rodesia à Tecpan de Galeana ; celle de Gabriel Bahena Armenta en 2004, dans la municipalité de Zihuatanejo.

Nous ne sommes pas d'accord avec le fait que les auteurs de la "guerre sale" doivent être considérés comme des héros.

Ceux qui sont entrés dans les villes et les quartiers, ont volé, battu, torturé, violé, assassiné, fait disparaître des centaines de citoyens. Ce qui s'est passé à El Quemado, San Francisco del Tibor, San Juan de las Flores, Corrales de Rio Chiquito, San Vicente de Benítez, San Vicente de Jesús, San Martín de las Flores, La Remonta, La Soledad, El Camarón et d'autres endroits de l'État de Guerrero sont des exemples clairs de la répression massive et systématique qui a eu lieu. La guerre sale a également eu lieu à Puebla, Oaxaca, Jalisco, Chihuahua, Sinaloa, Mexico, Nuevo León, Hidalgo, Tlaxcala, Edo de México, Morelos.

Ceux qui ont survécu et sont rentrés chez eux ont subi des conséquences physiques et psychologiques qui ont écourté leur vie et les ont fait vivre dans la peur du présent et le désespoir de l'avenir. Pour plusieurs, c'est ainsi que la mort les a trouvés.

C'était dangereux de vivre sur les hauts plateaux, d'aller travailler, de descendre dans les villages, partout où ils vous arrêtaient. Si vous étiez de certains villages ou si vous aviez des noms de famille déjà marqués sur les listes, vous subissiez la répression ; c'était pire si votre nom de famille était Cabañas, Barrientos, Iturio, Vázquez, Radilla, Gervasio, Serafín et autres. Après ça, le nom de famille n'avait plus d'importance.

Plusieurs ont été torturés ou exécutés chez eux, dans leur cour, dans les champs devant leur famille, comme cela s'est produit à Los Piloncillos, Atoyac. Des communautés entières ont été abandonnées et certaines n'ont jamais été repeuplées. 

Le "butin de la guerre" est apparu. Les plus répressifs ont été récompensés. Le trafic de drogue faisait partie de ce "prix".

Et nous affirmons que ceux qui ont pris les armes pour affronter l'État l'ont fait de manière défensive, après avoir été persécutés, après avoir vu d'autres personnes assassinées qui croyaient que les changements économiques, politiques et sociaux pouvaient être apportés de manière pacifique et démocratique. Un exemple est celui des six personnes tuées dans le zócalo d'Atoyac le 18 mai 1967.

Les auteurs de ces actes étaient du côté de l'État et ne sont pas des héros.

Les actions répressives de la "guerre sale" ne se sont pas terminées le 31 décembre 1990 à 23h59. Les massacres d'Acteal, d'El Charco, les morts et les disparitions de combattants sociaux et d'écologistes lui ont donné une continuité. De nouvelles insurrections sont apparues et l'essence répressive de l'État a continué à déterminer que de nouvelles actions de "guerre sale" ont eu lieu, peut-être moins nombreuses, mais elles ont continué. 

Ces nouvelles formes de réalisation ont tenté de les simuler comme des actions "narco". Ainsi, les meurtres de Ranferis Hernández Acevedo à Chilapa, d'Arturo Hernández Cardona et des normalistes d'Ayotzinapa tués, blessés et disparus à Iguala en 2014 et la mort de Samir Flores, ont été l'expression d'un autre moment. 

Les coupables existent, ce sont les présidents de la république, les secrétaires de l'intérieur, de la Sedena, du PGR, aujourd'hui le ministère public, des gouverneurs comme les deux Rubén Figueroa. 

Nous exigeons la révision des cas d'Antonio Barragan Carrasco, Maria Luisa Zamora Arellano et Gilberto Aguirre Bahena, les deux premiers prisonniers de la prison d'Atlacholoaya, Morelos et le dernier de la prison d'Acapulco Guerrero, détenus à la suite d'un processus entaché d'irrégularités juridiques, où ils ont été utilisés comme boucs émissaires pour les accuser d'un enlèvement qu'ils n'ont pas commis.

Nous pensons que si ces affaires ne font pas l'objet d'une enquête et que justice n'est pas rendue, Rubén Figueroa Alcocer, le général Arturo Acosta Chaparro, l'homme d'affaires Eduardo Gallo y Tello et l'ancien procureur général Rafael Marcial Macedo de la Concha, entre autres, seront protégés.

Nous voulons également connaître la vérité sur la disparition dans les années 1970 de Roberto Bertín Aguirre ou Roberto Aguirre Bertín dans la municipalité de Técpan de Galeana, père ou grand-père de certains de nos compagnons, pendant les années de répression des sympathisants de Maître Lucio Cabañas.  

Y a-t-il une volonté de vérité et de justice ? Ce n'est pas clair, le discours dit oui, mais les actions semblent viser une nouvelle forme de "folderzo", d'oubli, d'attrition. Mais nous sommes sûrs que les gens continueront à élever la voix, en exigeant la réouverture non seulement des cas les plus notoires, ceux qui sont les plus médiatisés, ceux qui présentent le plus de bénéfices politico-électoraux, mais de tous. 

 

Châtiment pour Rubén Figueroa, responsable du massacre d'Aguas Blancas. 

Que cessent les agressions contre les compagnons du CIPOG-EZ dans les communautés de la région de la Montaña de Guerrero.

Mettre fin au déplacement des familles et des communautés par la délinquance dans les États de Guerrero, Michoacán et Chiapas.

Non à l'exploitation minière au Mexique.

Liberté pour Gilberto Aguirre Bahena.

Présentation en vie de Benito Bahena Maldonado.

Présentation en viedes 43 étudiants disparus de l'école normale d'Ayotzinapa et punition des coupables ! Plus un seul mort dans le pays ! Le massacre d'Aguas Blancas ne sera pas oublié ! 

NOUS EXIGEONS LA RÉOUVERTURE DU DOSSIER DU MASSACRE D'AGUAS BLANCAS !

LIBERTÉ POUR MARIA LUISA ZAMORA ARELLANO, GILBERTO AGUIRRE BAHENA ET ANTONIO BARRAGAN CARRASCO !

CLARIFICATION DE TOUTES LES PERSONNES DISPARUES ET ASSASSINÉES POUR DES RAISONS POLITIQUES !

POUR L'UNITÉ DES TRAVAILLEURS ET DES PAYSANS INDIGÈNES !

ORGANISATION PAYSANNE DES HAUTS PLATEAUX DU SUD

O.C.S.S.

Coyuca de Benítez, Guerrero, 4 juillet 2022

traduction caro d'un communiqué paru sur le site du CNI le 04/07/2022

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Peuples originaires, #Guerrero, #Justice

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