Avec la chorale Rojinegra : Les Canuts

Publié le 11 Juin 2022

Les Canuts

 

Notice historique de La Rojinegra

 

 

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Cette chanson a été créée par Aristide Bruant en 1894 ; elle évoque la misère des Canuts, tisserands lyonnais de la soie, dont les soulèvements de 1831 et 1834 ont marqué fortement l’histoire sociale.

En juillet 1830, le soulèvement parisien des Trois Glorieuses (les 27/28/29) met fin à la Restauration et chasse Charles X. Les insurgés réclament la République mais les milieux d’affaires libéraux jugent moins dangereux pour eux de porter au pouvoir Louis-Philippe qui devient Roi des français.

Ainsi, la révolution est confisquée par la bourgeoisie, qui instaure un suffrage censitaire, où le droit de vote est conditionné à la fortune, et ne concerne que 250 000 personnes en France, excluant tous les pauvres.

Quelques mois plus tard, en octobre 1831, les 40 000 tisseurs de la Croix-Rousse de Lyon, dont les salaires ont été divisé par 6 en deux ans, demandent un Tarif minimum pour leur travail. Il se crée, en présence du Préfet une commission paritaire d’ouvriers et de patrons pour établir ce tarif, et on arrive à un compromis.

Cependant les délégués des patrons sont désavoués par une partie des entrepreneurs qui refusent d’appliquer le Tarif minimum.

Le 21 novembre, c’est le soulèvement....

Les ouvriers bousculent la Garde Nationale, affrontent les soldats, les obligent à battre en retraite et s’emparent de toute la ville. Ils ont pris pour emblème le drapeau noir avec la devise : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ». Les combats ont fait près de 200 morts et 400 blessés.

Le conseil des 16, formé des représentants des Canuts de chaque quartier collabore avec le Préfet pour assurer l’ordre public, éviter les pillages et faire appliquer le Tarif, selon le compromis d’octobre.

Le 5 décembre, les troupes envoyées par Louis-Philippe arrivent à Lyon. 30 000 soldats quadrillent la ville qu’ils occupent sans combats ; leur consigne est précise :

  • Dissolution des corporations ouvrières
  • Annulation du Tarif
  • Désarmement de la population.

Autour de Lyon, 6 forts sont mis en construction pour contrôler désormais « l’ennemi intérieur ».

En 1834, 2e insurrection des Canuts

Après l’échec des grèves en février et le vote de nouvelles lois contre les associations ouvrières, les « meneurs » doivent passer en jugement en Avril.

Alors commence la « Sanglante semaine ».

Le 9 avril, des milliers d’ouvriers se soulèvent dans une insurrection ouvertement républicaine qui crée des camps retranchés dans la ville et prend d’assaut les casernes.

Le 10 avril, le drapeau noir flotte sur Fourvière et l’armée est obligée d’évacuer la ville.

C’est Thiers qui est ministre de l’intérieur – celui qui a manœuvré pendant la Révolution de Juillet pour donner le pouvoir à Louis-Philippe, celui qui sera en 1870 l’artisan de la capitulation devant les Prussiens et en 1871 le massacreur de la Commune.

Thiers envoie ses instructions au Préfet : face aux Canuts, « ne reculer devant aucun moyen de destruction. »

Après 6 jours de combat, 12 000 soldats ont repris Lyon faisant dans cette ville de 180 000 habitants, 600 morts et 10 000 prisonniers qui seront condamnés à la déportation ou à de lourdes peines de prison.

GARDONS LA MEMOIRE...........

La loi « LE CHAPELIER »

(ou : Tarif et liberté selon la bourgeoisie)

A la fin du XVIIIe siècle, les bourgeois du Tiers-Etat veulent entrer en compétition avec les Privilégiés, et pour triompher, ils s’appuient sur le peuple ouvrier.

Mais en 1791, ils votent la loi « Le Chapelier » qui limite le droit d’association et interdit aux citoyens de s’assembler et de discuter sur leurs intérêts professionnels communs – y compris de s’entendre sur les conditions de travail et salaires revendiqués.

De telles pratiques sont désormais déclarées « attentatoires à la liberté et à la Déclaration des droits de l’Homme ».....et punies de lourdes amendes, assorties de peines de prison.

La loi « Le Chapelier » restera en vigueur jusqu’en 1864.

Les syndicats ne peuvent se constituer qu’à partir de 1884.

 

Par Tusco — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=27067529

Poème et musique : Aristide Bruant

 

Aristide Bruant.jpg

Pour chanter Veni Creador

Il faut une chasuble d’or

Nous en tissons pour vous, grands de l’église

Et nous, pauvres canuts, n’avons pas de chemise

C’est nous les canuts

Nous sommes tout nus

 

Pour gouverner, il faut avoir

Manteaux ou rubans en sautoir

Nous en tissons pour vous grands de la terre

Et nous, pauvres canuts, sans drap on nous

Enterre

C’est nous les canuts

Nous sommes tout nus

 

Mais notre règne arrivera

Quand votre règne finira :

Nous tisserons le linceul du vieux monde

Car on entend déjà la révolte qui gronde

C’est nous les canuts

Nous sommes tout nus.

 

La révolte des canuts lyonnais de 1831. Gravure en frontispice du Drapeau noir (1878), de Tony Révillon. Coll. Kharbine-Tapabor source

Rédigé par caroleone

Publié dans #Chanson non crétinisante, #Chorale Rojinegra

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