Pérou : Lot 192 : les Kichwas ne permettront pas la production tant que les accords ne seront pas respectés
Publié le 18 Mars 2022
Photo : Puinamudt
Les communautés kichwa de Loreto ont adopté cette décision en raison du non-respect des accords de l'acte de consultation préalable du bloc 192, signé il y a six mois avec l'État.
Servindi, 16 mars, 2022 - Les communautés kichwa du bloc 192, dans le Loreto, ont prévenu qu'elles n'autoriseront plus aucune production de pétrole dans ce bloc tant que l'État péruvien ne respectera pas les accords conclus il y a six mois.
Ils exigent le respect des accords de l'Acte de Consultation Préalable du Lot 192, qui prévoit des actions pour faire face aux déversements constants et à la négligence de la santé de la population.
Ils demandent également la fin de la criminalisation de leurs dirigeants, puisque le 16 mars s'ouvrira un procès "irrégulier et abusif" contre 18 défenseurs kichwa pour lesquels sont demandés jusqu'à 31 ans de prison.
Accords non respectés
La décision de ne plus autoriser de production dans le lot 192 a été adoptée par les communautés Kichwa lors d'une réunion les 4 et 5 mars dans la communauté de Doce de Octubre (Loreto).
Cette mesure répond au malaise général de la population dans un contexte de paralysie des opérations dans le lot, et où il n'y a aucun signe de présence étatique.
Les communautés, représentées par l'Organisation du peuple autochtone amazonien kichwa de la frontière Pérou-Équateur (OPIKAFPE), sont fatiguées des déversements constants malgré l'arrêt des opérations.
Dans le seul bassin du Tigre, cinq déversements ont été signalés depuis avril 2021, un chiffre qui passe à 26 si l'on compte les déversements dans les bassins du Pastaza et de Corrientes.
Cette situation "est dénoncée par les organisations indigènes depuis des années et s'inscrit dans le cadre de ce qui est exigé par les accords de consultation préalable", indique l'OPIFAKPE.
Cependant, rien n'a été fait à ce sujet, alors que la santé de la population se dégrade dans l'attente de la construction d'un établissement de santé I-3, un autre des accords non respectés.
Les Kichwa n'ont pas non plus oublié l'engagement de Daniel Hokama, directeur général de Perupetro, qui avait promis d'entretenir une route importante dans la région, mais qui est aujourd'hui abandonnée.
L'état de la route empêche l'accès aux écoles, les urgences médicales et la connexion avec les communautés centrales d'autres villes comme José Olaya et Nuevo Andoas.
Premier tronçon de la route. Quelques mètres plus loin, elle est déjà inaccessible. Photo : Puinamudt
La fin de la criminalisation
Outre ces revendications, les Kichwas en ont également formulé une autre lors de l'assemblée qu'ils ont tenue début mars : le processus judiciaire en cours contre 18 des membres de leur communauté.
Le processus a débuté en 2008 par une plainte de l'ancien exploitant du bloc 192, Pluspetrol Norte, contre les autochtones qui se sont mobilisés pour non-respect des accords sociaux signés avec l'entreprise.
Par la suite, le ministère public a accusé les autochtones d'extorsion aggravée, d'enlèvement aggravé, de vol aggravé et de détention illégale d'armes et de munitions.
Ces accusations sont rejetées par les autochtones Kichwa, qui les considèrent comme "irrégulières et abusives" et comme une stratégie claire de "criminalisation de la protestation indigène".
Dans le cadre du procès, une peine pouvant aller jusqu'à 31 ans de prison a été demandée pour les indigènes, qui doivent également payer une réparation civile de 500 000 soles.
Le procès contre les 18 membres de la communauté kichwa, qui déterminera finalement s'ils iront en prison, débute le 16 mars. Il appartient à l'État de mettre un terme à cette situation à temps pour éviter un nouveau conflit de grande ampleur.
Lote 192: kichwas no permitirán producción hasta se cumplan acuerdos
Comunidades kichwas de Loreto adoptaron esta decisión ante el incumplimiento de los acuerdos del Acta de Consulta Previa del Lote 192, firmado hace seis meses con el Estado. Servindi, 16 de marzo ...