Pérou : Début du procès visant à criminaliser 18 défenseurs kichwa

Publié le 20 Mars 2022

Photo : Puinamudt

Servindi, 19 mars 2022 - Après quatre jours de voyage, dix-huit membres de la communauté kichwa se sont rendus dans la ville d'Iquitos pour assister au début du procès oral, mais la séance s'est déroulée par Google Meet, comme l'exige le pouvoir judiciaire.

Les membres de la communauté appartenant aux communautés Doce de Octubre et San Juan de Bartra sont accusés de vol aggravé, d'extorsion, d'enlèvement et autres, selon l'Observatoire du pétrole de Puinamudt.

La plainte initiale a été déposée par la société Pluspetrol en 2008, puis le ministère public a repris le processus. Jorge Fernández Loom, l'avocat de Pluspetrol, était présent à la séance.

"Alors que les compagnies pétrolières polluent et endommagent la vie, ce sont les peuples indigènes qui sont persécutés et criminalisés", déclare l'Organisation du peuple indigène amazonien kichwa de la frontière Pérou-Équateur (OPIKAFPE).

Le procès oral a commencé à 11 heures le 16 mars, à l'inconfort des villageois qui ont regretté que l'audience se déroule virtuellement malgré leur présence en ville et la mauvaise connectivité à Iquitos.

Aldo Atarama, le président du tribunal, a souligné qu'étant donné la complexité de l'affaire en raison du nombre de défendeurs et de la localisation des communautés à la frontière, le procès devra tenir compte de considérations particulières pour sa continuité.

Enfin, il a déterminé que la prochaine date d'audience sera le mercredi 23 mars pour la lecture de l'acte d'accusation.

Dans une déclaration publiée après le début du procès, l'OPIKAFPE a indiqué que l'enquête n'a pas rendu compte de toutes les irrégularités et violations des droits dont les personnes concernées ont été victimes lors de leur arrestation en 2008.

Quatre d'entre eux ont même été emprisonnés pendant près d'un an dans la prison de Huayabamba, sans bénéficier d'une défense juridique appropriée.

La déclaration indique qu'"une enquête sérieuse et responsable du ministère public aurait constaté les détentions irrégulières par la police et les graves violations de nos droits fondamentaux".

Elle ajoute qu'"une enquête responsable mettrait en évidence les tortures dont nous avons été victimes, ainsi que les mauvais traitements physiques et psychologiques auxquels nous avons été soumis par les DINOES à Andoas et le ministère public à Nauta".

"C'est également un abus total que quatre défenseurs soient emprisonnés pendant près d'un an dans la prison de Huayabamba à Iquitos, sans avoir bénéficié d'une défense en bonne et due forme et en violation flagrante de l'article 10 de la Convention 169 de l'OIT.


Soutien du vicariat apostolique d'Iquitos

Le mercredi 16, les villageois ont également rencontré Monseigneur Miguel Angel Cadenas, qui a déclaré que le Vicariat exprimait son soutien aux accusés indigènes Kichwa dans ce procès.

Il a indiqué que le Vicariat fournira un accompagnement à travers le domaine juridique des droits de l'homme ou d'autres lignes de travail. "Je suis sûr qu'ils seront acquittés en toute innocence", a affirmé Ángel Cadenas.

Ils ont également rencontré Carlos Del Piélago Cárdenas, président de la Cour supérieure de Loreto, qui a tenu des propos optimistes sur la situation.

Del Piélago a fait référence au précédent créé par l'affaire Andoas en 2011, où les Indigènes Quechua du Pastaza ont été prouvés innocents pour des accusations similaires.

M. Del Piélago a également indiqué que le pouvoir judiciaire allait publier un communiqué de presse sur cette affaire afin que la communauté civile soit mieux informée de ce qui se passe.

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 19/03/2022

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