Guatemala : Les femmes descendent dans la rue pour réclamer leurs droits, dans la ville et dans les territoires

Publié le 9 Mars 2022

8 mars 2022
17 h 32
Crédits : ANA ALFARO, RUDA
Temps de lecture : 4 minutes
Par Regina Pérez

Ce 8 mars, journée internationale de la femme, des femmes jeunes et adultes, de la campagne et de la ville, se sont mobilisées pour exprimer une fois de plus leurs revendications pour une vie sans violence et le respect de leurs droits. En outre, le tragique incendie du Hogar Seguro Virgen de la Asunción, qui a eu lieu à cette date en 2017, a été rappelé.

Dans la capitale, la marche organisée par la Coordinadora 8 de marzo (Coordination du 8 mars) a débuté le matin sur la Plaza de los Derechos Humanos, devant la Cour suprême de justice (CSJ), où l'Union nationale des femmes guatémaltèques (UNAMG) a confectionné un tapis avec des illustrations des 41 filles décédées dans le Hogar Seguro.


Dans les locaux du foyer d'État où 56 filles ont été brûlées alors qu'elles étaient enfermées dans l'une des chambres, un acte a été organisé par les familles pour se souvenir d'elles et demander justice. Avec des photos et des bougies, les mères des filles ont réclamé justice. À ce jour, aucun ancien agent public n'a été condamné pour cet acte.

Au cours de la marche vers la Plaza de las Niñas, plusieurs messages faisaient allusion au 8 mars, mais soulignaient également la solidarité et la demande de justice face à la persécution d'anciens procureurs du bureau du procureur spécial contre l'impunité (FECI) qui font l'objet de poursuites pénales. "Liberté, justice et solidarité pour les prisonniers politiques" était l'un des messages de la marche.

Mobilisation à Cobán, Alta Verapaz, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Photo Mónica Chub

À Raxruhá, dans l'Alta Verapaz, des organisations de femmes, des agricultrices et des productrices ayant des initiatives entrepreneuriales ont organisé un rassemblement pour réfléchir aux revendications et aux avancées en matière de droits humains des femmes.

À San Pedro Carchá, dans l'État d'Alta Verapaz, les femmes leaders et les conseils de développement communautaire (COCODES) ont commémoré cet anniversaire par une activité visant à rendre visibles les luttes des femmes. À Cobán, dans l'État d'Alta Verapaz, les femmes se sont également jointes à la mobilisation qui a eu lieu dans différents départements pour exiger la fin de la violence.

Dans la communauté Esperanza, Tunico d'El Estor, Izabal, les femmes Q'eqchi' ont exigé la fin de la violence contre les femmes indigènes, qui sont les plus violées dans leurs droits d'accès à la propriété foncière.

À Chiquimula, les autorités et les défenseurs des femmes autochtones du territoire maya ch'orti' d'Olopa et de Quezaltepeque se sont joints à la commémoration du 8 mars, avec une cérémonie dans la municipalité d'Olopa.

À Quetzaltenango, des manifestantes de la population maya Chuj ont exigé la libération de la migrante Juana Alonzo, originaire de San Mateo Ixtatán, qui a été détenue au Mexique en 2014 alors qu'elle se rendait aux États-Unis. "Les femmes se battent, le monde change. Migrer est un droit", étaient quelques-uns des slogans. L'affaire a pris de l'ampleur cette année lorsque ses proches se sont rendus dans la capitale pour remettre à l'ambassade du Mexique une lettre signée par plus de 5 000 personnes, afin de réclamer sa libération.

Dans l'après-midi, des jeunes femmes organisées au sein du Bloque de Jóvenas, portant des écharpes vertes et violettes, ont également défilé en caravane du CSJ jusqu'au parc de la Constitution, où elles ont chanté "Canción sin miedo" de Vivir Quintana, qui a été interprétée par l'auteur-compositeur-interprète Kaqchikel Ch'umilkaj, dans le cadre du festival "Vivas nos queremos" ("Nous voulons être en vie").

Dans le Hogar Seguro, les familles des filles brûlées dans l'incendie se sont souvenues d'elles et ont demandé justice. Photo Ana Alfaro

"Je suis la fille que vous avez violée et emmenée de force et je suis aussi celle qui se bat pour que justice soit rendue aux filles qui n'avaient pas de voix", "La police ne s'occupe pas de moi, ce sont mes amis qui s'occupent de moi" et "Je ne crois pas en l'État, ni aux tribunaux, car mes plaintes ont été délégitimées", étaient quelques-uns des slogans des femmes qui, au cours de leur marche le long de la sixième avenue, ont fait une performance.

Selon la Coordinadora 8 de marzo, de 2000 à ce jour, 13 200 morts violentes de femmes, d'adolescentes et de jeunes filles ont été enregistrées au Guatemala. En 2021, il y a eu 525 morts violentes, dont 44 % ont été classées comme des féminicides.

Enfin, à 18 heures, un collectif d'écrivaines guatémaltèques présentera sur la Plaza de las Niñas l'anthologie "56 Altars, Filos y Espejos", en hommage aux 56 filles victimes de l'incendie du Hogar Seguro.

traduction caro d'un article paru sur Prensa comunitaria le 08/03/2022

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