Fédération de Russie/Ukraine : Le peuple Komi

Publié le 12 Mars 2022

Par Irina Kazanskaya from Moscow, Russia — They are Komi people, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3368923

Par Irina Kazanskaya from Moscow, Russia — They are Komi people, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3368923

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Peuple autochtone nommé aussi Komi-Zyryan (ou Zyryans) vivant au nord-est de la Russie européenne, autour des bassins des rivières Vytchegda, Pechora et Kama dans la république des Komis, le Kraï de Perm, l’oblast de Mourmansk, l’okrug autonome de Khanty-Mansi, et l’okrug autonome de Yamalo-Nenets dans la fédération de Russie.

Il y a 8 sous-groupes, le plus septentrional porte le nom de Komi-Izhemtsy (du nom de la rivière Izhma) ou Iz’vataz. L’économie de ce groupe de 15.000 personnes est plus traditionnelle, basée sur la subsistance dont dépend l’élevage de rennes.

La Vytchegda a 180 km de sa confluence Par Digr — ru wiki, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1867900

 

Nom en russeкомияс

Russie

  • Komi-Zyrians : 228.235 (2010)
  • Komi-Permyaks : 94.456 (2010)

Ukraine

  • Komi-Zyrians et Komi-Permyaks : 2710 (2001)

CEI (Communauté des Etats Indépendants)

  • Komis-Zyryans : 8210 (1989)
  • Komis-Permyaks : 4791 (1989)

Estonie

  • Komis-Zyryans et Komis-Permyaks : 95 (2011)

Finlande

  • Locuteurs komi : 29 (2017)

 

Carte de répartition Par Mikolavos, user of uk-wikipedia — http://uk.wikipedia.org/wiki/Файл:Komi_narod.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6450338

 

Dans la législation de la fédération de Russie, les Komis ne sont pas reconnus comme peuple autochtone. En effet les peuples autochtones ne sont pas reconnus par la législation russe en tant que tels; cependant, l’article 69 de la Constitution actuelle garantit les droits des «peuples autochtones minoritaires». La loi fédérale de 1999 sur la garantie des droits des peuples autochtones de la Fédération de Russie précise que les peuples autochtones minoritaires sont des groupes de moins de 50 000 membres, perpétuant certains aspects de leurs modes de vie traditionnels et habitant les régions septentrionales et asiatiques du pays (GITPA monde autochtone 2019)

 Par contre ils ont ce statut dans la république des Komis.

Ils représentent une minorité dans tous leurs territoires, même dans la république des Komis où ils représentent 23,3% de la population totale.

Ils portent 3 noms : permyak, Zyryan et Komi.

Autodésignation : komi

Les sous-groupes portent des noms qui sont souvent ceux des rivières où ils vivent.

Komis-Zyryan

  • 1. Komis de la péninsule de Kola
  • 2. Komis de l’okrug autonome Nenets
  • 3. Komis des fleuves Ob inférieur et Lyapin

 

  • Komis des rivières Vashka et Mezen
  • Komis de la rivière Vym
  • Komis du fleuve Ob inférieur
  • Komis de la rivière pechora
  • Komis de la rivière Sysola
  • Komis des rivières Latka et Luza

Komis-Permyak

  • Komis de la rivière Yazva
  • Komis de la rivière Kama supérieure (presque entièrement assimilés aux russes).

 

Komi-Permyak https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Komi-Permyaks.jpg

 

Langue

C’est une branche permienne de la famille des langues ouraliennes. Intelligibillité mutuelle avec l’oudmourte. Il y a deux dialectes principaux, zyrian et permiak. La langue komi est écrite actuellement en cyrillique en y ajoutant deux lettres supplémentaires li et Oö pour représenter les voyelles qui n’existent pas en russe. Le premier livre imprimé en omi, est un manuel de vaccination qui a paru en 1815.

Les Komis rencontrent des problèmes similaires à ceux des autres peuples autochtones russes de la région de Barents : perte de la langue et de la culture. La population augmente mais la connaissance de la langue maternelle, pourtant, diminue. Cette question pour eux est très importante et ces dernières années, ils y accordent beaucoup d’importance, aussi bien dans la pratique que dans l’éducation. C’est une langue officielle dans la république des Komis avec le russe. Il existe des journaux, des revues nationales et locales en langue komo, parfois des articles sont publiés dans des journaux russes. Une radio locale diffuse 4 heures par jour et la télévision 2 heures par jour un programme en langue komi. La langue est enseignée dans les écoles mais il n’y a pas d’écoles purement komi.

Plus de la moitié des Komis vivent dans les zones rurales en 1989. Le niveau d’éducation est inférieur à celui de la population russe, vivant dans la république des Komis.

Ils deviennent politiquement actifs dans les années 1980, créant leurs propres organisations dans la république des Komis.

Dans le village de Lozovero, dans l’oblast de Mourmansk, les Komis ont leur propre groupe folklorique. Il y a une petite section komi dans le centre etnhoculturel local (barentsinfoorg).

 

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Histoire

 

Sur la base d’une reconstruction linguistique, les Permiens sont supposé s’être scindés en deux peuples au cours du premier millénaire avant notre ère : les Komis et les Oudmourtes.

  • A partir du XIIe siècle, début d’extension des russes dans la région de Perm. Les Komis entrent en contact avec Novgorod. Des commerçants de Novgorod se rendent dans la région à la recherche de fourrures et de peaux d’animaux. Ils appellent cette région du territoire komi, le « Grand Perm ». les ducs komis unifient le Grand Perm avec son centre au bastion de Cherdyn. Au cours du moyen-âge, Novgorod cède la place à Moscou comme première puissance russe dans la région.
  • 1365 : Dmitry Donskoi, prince de Mmoscou, confie à Etienne de Perm la tâche de convertir la région au christianisme. La mission d’Etienne de Perm conduit à la création de l’Eeparchie de Perm en 1383. Après sa mort, Etienne de Perm devient le saint patron des Komis. Il a également conçu un alphabet de la langue komi. Certains komis malgré tout, résistent à la christianisation, dont le chaman Pama par exemple.
  • Dans les années 1500, de nombreux migrants commençent à s’installer dans la région, entamant un long processus de colonisation, de tentatives d’assimilation des Komis.
  • XVIe/XVIIe siècles : les komis se divisent en Komis-Permyaks (qui restent dans le basson de la rivière Kama) et Komis-Zyryans qui migrent vers le nord.
  • XVIIIe siècle : Syktyvkar est fondée comme principale ville russe de la région.

Le gouvernement met en place des établissements pénitentiaires dans le nord pour les criminels et pour les prisonniers politiques. Plusieurs rébellions komis ont lieu pour protester contre la domination russe et l’afflux de colons slaves, y compris le grand nombre de serfs libérés dans la région à partir de 1860. Un mouvement national se met en place pour faire revivre la culture komi.

  • Pendant la première guerre mondiale et pendant la révolution russe de 1917, la domination russe dans la région d’effondre. Les Bolcheviks combattent les alliés pour le contrôle de la région. Des forces interventionnistes encouragent les Komis à créer leur propre état indépendant avec l’aide de prisonniers libérés des colonies pénitentiaires locales.

Avec le retrait des alliés, les Bolcheviks prennent le relais. Ils promeuvent la culture komi mais l’industrialisation accrue endommage le mode de vie traditionnel des Komis.

  • 1921 : La région est constituée en oblast autonome Komi (zyryab)

forêt des Komis dans les montagnes de l'Oural Par xndr — Я автор этого фото, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5925502

Les purges staliniennes dans les années 1930 dévastent l’intelligentsia komi accusée de « nationalisme bourgeois ». la région qui est éloignée et inhospitalière est toujours un endroit propice pour y placer les camps de prisonniers du Goulag. S’ensuit un afflux de prisonniers politiques et l’industrialisation rapide de la région suite à la seconde guerre mondiale, ce qui fait des Komis une minorité sur leurs propres terres. Staline procède à de nouvelles purges de la classe intellectuelle komi dans les années 1940/1950. La langue et la culture komi sont supprimées.

  • Décembre 1936 : la région devient une RSSA (République Socialiste Soviétique Autonome) au sein de la RSFSR (République Socialiste Fédérative Soviétique de Russie).
  • Depuis la fin de l’Union Soviétique en 1991, les Komis réaffirment leur revendication d’une identité distincte.
  • 1992 : la RSSA  Komi devient une république nationale de la fédération de Russie.

Congrès Komi

Le congrès du peuple Komi se dédie à la défense des droits culturels et ethniques de tous les Komis.

En novembre 1992, le premier congrès mondial des peuples finno-ougriens a lieu dans la république des Komis. Les délégués appelés à l’autodétermination de tous les peuples autochtones et minorités nationales condamnent l’impérialisme russe.

En juillet 1995 , le deuxième congrès des peuples finno-ougriens exige de nouveaux droits, dont le droit à la propriété dans leurs zones traditionnelles, d’implantation et des privilèges linguistiques.

En 1996 a lieu un accord bilatéral signé entre Moscou et la république des Komis qui obtient certains droits dans le domaine de la gestion économique des ressources pétrolières, minérales et forestières considérables dans la république (minorityrights.org)

Komi Izhemtsy

 

 

Nom russeкоми-ижемцы

Les Komis Izhemtsy conservent une grande partie de leur mode de vie traditionnel. Les 15.000 personnes qui composent ce groupe vivent en autosubsistance grâce à la chasse, la pêche et l’élevage de rennes depuis le XVIIe siècle. Ils ont emprunté aux Nenets les pratiques de l’élevage en leur appliquant leurs propres modifications. Ils sont devenus l’un des plus grands groupes d’éleveurs de rennes au monde à la fin du 19e siècle. Les rennes sont utilisés pour le transport à terre alors que les bateaux en écorce de bouleau servent de transport sur les rivières. La viande de renne est salée et conservée, elle fournit une grande partie de l’alimentation. Les peaux servent à confectionner les vêtements et les bottes.

Les Komis Izhemtsy ont une relation profonde avec leur environnement naturel, qu’ils maintiennent vivante. Les esprits de l’eau étaient autrefois associés aux pêcheurs et les esprits de la forêt aux chasseurs. Des animaux sacrés sont toujours honorés dans leur culture, dont le brochet et le canard. Les os de ces animaux (la mâchoire du brochet et le sternum des canards) étaient utilisés pour confectionner des amulettes protectrices. Les chasseurs portaient des amulettes de griffes et crocs d’ours. Les arbres, de même, étaient considérés comme sacrés et les aulnes censés contenir l’esprit des défunts. Dans certains cimetières, des souches d’arbres sont encore trouvés près des tombes Komis, à côté des croix orthodoxes.

ALBUM PHOTO d'Alexandra Marchuk

 

Arts

Les prouesses musicales des Komis sont bien reconnues. Les chansons accompagnent tous les aspects de la vie, la naissance, la mort – chansons nuptiales, lamentation pour le deuil, épopées.

Des légendes, des énigmes, des histoires, de sorciers, de guérisseurs, d’animaux personnifiés mettent l’accent sur le lien avec la nature, l’idéal de travail acharné et d’une généreuse hospitalité.

Les sculptures sur bois traditionnels sont maintenues, surtout dans les articles ménagers qui sont beaux et fonctionnels, ainsi que dans les décorations et les ornements.

Ils fabriquent des bijoux, ils travaillent les métaux, ils font des estampes et des gravures.

Ainsi que des paniers tressés avec des racines de pin, de la paille, de l’écorce de bouleau.

Le tricot komi est très développé, chaque région a ses propres motifs distincts, avec 5 rayons.

Tous les matériaux qu’utilisent les Komis dans leur artisanat provient de la terre, peau, os, bois, écorce, cuir, laine).

Ils sont de nos jours hélas confrontés aux pressions de l’homogénéisation culturelle. (circumartic.com)

Croyances

Ils appartiennent pour la plupart à l’église orthodoxe russe mais ils gardent néanmoins des croyances préchrétiennes dont la mythologie.

Mythologie

Mythe de la création

Omöl le grèbe

Un œuf de cane a donné naissance à En et Omöl, esprits du bien et du mal. En, prit la forme d’un cygne, Omöl prit la forme d’un grèbe. Ils se sont levés du fond de l’océan primordial pour créer le monde.

L’âme dans la croyance religieuse komi est « ov ». elle a un double « ord ou ort ». Ort naît avec chaque être humain et donne une prémonition de la mort, soit à celui qui va mourir, soit à l’un de ses proches.

Monde souterrain

Ils pensaient que le pays des morts était loin au nord du monde des vivants, au-delà des montagnes, des rivières, et des forêts. L’équivalent komi du Styx (la rivière des enfers dans la mythologie grecque) était « Syr Yu », « rivière de Pitch. Les âmes mortes se voyaient attribuer différents moyens de traverser ce fleuve selon les péchés qu’ils avaient commis dans ce monde : un pont de fer, une poutre branlante, un poteau mince, une toile d’araignée. Ensuite les âmes des morts devaient gravir une grande montagne glissante. Si la personne avait mené une bonne vie et avait des ongles solides, elle pouvait arriver à vaincre cette épreuve. Dans la tradition, les Komis gardaient leurs ongles longs afin qu’ils puissent être enterrés avec eux pour une utilisation dans l’au-delà.

La sorcière la plus notoire du folklore komi est Yoma (Baba-Yoma)

Dieux et esprits

En (ou Eh) « force », le bon dieu créateur, ennemi de Kul. Il a pris la forme d’un cygne.

Kul’ ou Omöl « faible », dieu de l’eau et des morts, dieu créateur maléfique qui a pris la forme d’un grèbe.

Vasa (Baca), esprit de l’eau. Comme Kul’ il pouvait être malveillant. Pour l’apaiser, on lui jetait du pain, des gâteaux dans l’eau. C’était l’ami des meuniers.

Olys’ ou Oolysa , esprit du foyer, équivalent du Domovoi russe.

Aika, « père » ou « parent », esprit qui protège un lieu spécifique.

Peludi = Aika, « père bleuet), esprit qui interdit aux paysans de quitter la maison le 20 juillet. S’ils désobéissent, le maïs est ravagé.

Pyvsyan’sa , maître des bains publics, équivalent du Bannick russe. Il apparaît comme un petit homme au chapeau rouge, aux yeux de feu.

Voipel, dieu du vent froid du nord et de la nuit. Son nom signifie Vent du nord.

Vörsa, esprit de la forêt, équivalent du russe Leshy. Chaque forêt a sa propre Vörsa. Les chasseurs lui offrent des fourrures, du pain et du tabac dans l’espoir qu’il les aide à avoir une bonne chasse.

En savoir plus sur la mythologie Komi :

Parlons Komi d’Yves Avril

Sources : wikipedia, barentsinfosorg, circumartic.com, minorityrights.org

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