Mexique : Tzam trece semillas : Un toit comme droit

Publié le 19 Février 2022

photo: Marisol Ambrosio Martínez

Par Marisol Ambrosio Martínez

Yë’ë jëts ntääk najt ejt xtäjënkajpxyëtëp ko tëjk tyëm jëpämp ko nyä’kpëtsë’ëmëm ko ëkwä’än meeny-jënkääp jyëkpäty jyëk’ijxy o ko n’ëmajtskyëm, yë’ë këjxp ko ëtoom jajp nkaaky-ntojkx njënk’e’eyëmtä -njëkpätyëmta, pä’äm-ëyo’on net kyäxëëky tëkotp ëtoom nëtsojkyëmta, pety ko tëjk tu’uk jëknëwä’äka këkääm-kënääx pyëën jëktump, ja’ mëjä’äytyëj ja’ äpët mëtë’ ojts kyënääx’äjta, yë’ëkxy, wyaay, tëtu’uty, nyë-jyuuky jëkmetyëp jëts ëwä’ätsäjt jyëk’ëmëtey ja’ tuunk ey päät tyu’uyo’oty jyëk’ëmëtey ka’at jyëënte’etyë’t, ko të’ën ‘yëktu’uyo’oy nejt ja’ nääx jyëknëxäjänëm nejt tyäjtëkëta, ko ‘yats tjëktsontäkänëta nejt kääm nääx jyëktiny, xätsy, e’ekxy, tëtu’uty, waay, nëë mëët tsajpnëë’a, ja’ et nääxwi’iny jëktäjëntsëjkyëp jëts ma’axtujkën jyëk’ëmëtey ko nääx jyëktäjy-jyëkjeepy, jëtë’ën ja’ tëjkojk tsyo’ontä’äky ëjts nkäjpjooty.

Mëjk yä’ät jujkyäjt mä ja’ kë’ëm jä’äy ka’at xyämpäät ja’ jë’ën-tëjk ey päät t’ejxta-tpäta’, maay unk ënääjk tyëty-tyäk mëët tsyënëta’ mä tëjk ka’at ey ‘yëtikya’ ka’at ey kyojyä, mëjk xuux-ään tkëpëkta’, nëëmay kë’ëm jä’äy mëjkäjpjojty tsyënëtä muum tyëjk ka’at teet jajp nëäy-tu’u’äy tsyënëtä, ntëkëjxp ëtoom të’ën tyëmjajtyëm-tyëmkyëpejtyë’m?, ntëkëjxp ëtoom të’ën nkëpëjkyëmtä’? yë’ëts nyëtyipyëjkëp. Xyääm kujk tyu’uyo’oy mëkojxk mëkëpxy jëëmëjt nääxy ko’ kë’ëm jujkyäjt ëkwä’än tjëkëtëketsyoontä’, ëjxwitsy ja’ këëkääm-këënääx ‘yëta’ e xëënyëkoots tyunta ka’at meny jënkääp tpäty jëts tyëjk tëkojtë’t, të nëmääy tja’atyëkenyëta ko et nääxwi’iny yajkpy ja nääx, tsää, kipy, ujts-ääy jëts ja’ tyëjk tkojtë’et, të jujkyäjt kaanaxy tyëkajtsnë, tjëktëkajtsnëta, xyääm pu’uty ja’ nääx jyëk’ijxy jëkjowä’.

Päätäjtëp jyëktënëpëtäkë’t ja’ meny jënkääp jyä’ät mää këëkäjp-këënääjxët mëte’ jyëën tyëjk ka’at teet, kyë’ëjëmp meeny tëxäjëtë’t ka’at mäpäät nyääxt mä jëntsën tyumpët. Tëë Nëëwemp käjp mëëkoxkjëmëjt nääxy jyëkëmëtuunä tëë ja’ äp, tetyëmëj-tääkëmëj tsyatsyjäta’, päätäjtëp ja kë’ëm jä’äy ey tyëkojty jyujkyä’ätët.

C'est ce que notre mère nous a toujours expliqué, elle nous a dit qu'une maison est la chose la plus importante lorsque nous atteignons la dernière étape de notre croissance, lorsque nous commençons à gagner de l'argent ou lorsque nous nous mettons en couple. À l'intérieur d'une maison, nous préparons et produisons notre nourriture quotidienne ; lorsqu'une maladie ou un malaise survient, c'est à l'intérieur de la maison que nous nous abritons ; pour cette raison, lorsque nous planifions une maison, la première chose que nous faisons est de faire une offrande à ceux qui étaient les propriétaires de ces terres, à nos grands-parents et à nos ancêtres. Ils leur offrent des tamalitos, du maïs moulu, des œufs, du mezcal et des cigares, tout cela pour leur demander leur permission et leur ouvrir la voie afin que le travail puisse être réalisé sans aucun mal ni accident. À la fin de cette tâche, on commence à creuser la terre et, à l'étape de la fondation, on fait également une offrande à la terre mère : des bandes de pâte, des tamalitos, des œufs, du maïs moulu, du tepache et un coq, voilà ce qu'on lui offre ; en même temps, on lui demande pardon pour l'avoir coupée et creusée. C'est ainsi que commence la construction d'une maison dans ma communauté.

La vie est si dure pour notre peuple qu'aujourd'hui il n'a même pas de maison en bon état ; il y a tant d'enfants qui vivent avec leurs parents dans une maison sans portes ni fenêtres, ils n'ont pas les conditions de base d'un toit, ils souffrent souvent des intempéries du changement climatique, qu'il fasse trop chaud ou trop froid. Beaucoup de nos concitoyens vivent dans les grandes villes, sous les ponts et sur les trottoirs, sans abri et sans domicile. Pourquoi cela nous arrive-t-il ? Pourquoi continuons-nous à le permettre ? C'est ce que je me demande. Plus de 500 ans se sont écoulés depuis qu'ils ont commencé à extirper notre mode de vie de nos mémoires. Les propriétaires de ces terres sont toujours exclus ; ils ont beau travailler jour et nuit, cela ne suffit pas pour qu'ils jouissent du droit de construire un toit au-dessus de leur tête. Beaucoup d'entre nous ont oublié que la terre mère nous fournit la terre, les pierres, le bois, les feuilles des plantes et tout ce dont nous avons besoin pour construire une maison ; le mode de vie a tellement changé, il a été tellement modifié, qu'aujourd'hui la terre est considérée comme quelque chose de sale, elle se sent sale.

Les propriétaires de ces terres méritent une ressource économique, ceux d'entre nous qui n'ont pas de maison décente méritent que celle-ci arrive entre leurs mains sans passer par un quelconque filtre de fonctionnaires. Après être passés par la colonie et l'État mexicain pendant plus de 500 ans, nos ancêtres, grands-pères et grands-mères, méritent aujourd'hui un toit digne pour une vie digne, après toutes les souffrances qu'ils ont endurées en tant que membres des peuples originels.

Portrait de l'auteur : Conrrado Pérez (Conrad)

PEUPLE MIXE 

Marisol Ambrosio Martínez

Architecte Ayuujk, originaire de Tamazulapam Mixe, Oaxaca. Elle est militante culturelle depuis 2005 au sein du collectif Cultura y Resistencia Ayuujk et est traductrice à l'Institut des Arts Graphiques d'Oaxaca. En 2015, elle est diplômée de la faculté d'architecture de l'Universidad Autónoma Benito Juárez de Oaxaca avec une thèse rédigée en langue ëyuujk (Mixe), la première thèse d'architecture rédigée dans une langue indigène. Elle a occupé un poste communautaire pour défendre les droits des femmes Tu'uknë'ëmt de sa communauté en 2020.

traduction caro

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Mexique, #Tzam trece semillas, #Toit, #Mixe, #Ayuujk

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