Chili : Les communautés et organisations sociales mapuche défendent le rio Chol-Chol contre l'extractivisme du principal homme d'affaires du Chili
Publié le 26 Février 2022
24/02/2022
Communiqué public
La coordination Inkayaiñ Chol chol Lewfu a convoqué hier (20 février 2022) une réunion txawün/citoyenne sur le rio Chol chol, à laquelle ont participé 31 communautés mapuche, 3 organisations sociales, et environ 400 personnes qui ont signé leur opposition au projet de Juan Sutil, qui vise à créer trois barrages dans le domaine de Nilpe, intervenant ainsi sur les affluents du rio Chol chol. Conformément au droit à l'autodétermination inscrit dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones aux articles 3 et 4, nous nous sommes réunis pour discuter et définir une position en réponse à la menace que représente la mise en œuvre d'un projet fruitier dans la zone du domaine de Nilpe, qui envisage l'intervention du rio Chol chol, et dans ce sens nous déclarons :
1- Que le rio Chol Chol, ainsi que tous ses affluents, constituent un élément essentiel du développement culturel, économique et social des Mapuche, considérant également qu'un nombre important d'APR sont maintenus grâce au fleuve. C'est aussi grâce à ses eaux que les flammes des incendies dévastateurs qui consument chaque année des zones des communautés, des maisons et des cultures ont été étouffées. La région de Galvarino, Chol Chol, Nueva Imperial et Carahue ne peut être conçue sans notre rivière.
2- En raison de sa valeur et de son importance culturelle, sociale et économique, nous nous opposons au projet des entreprises de Juan Sutil et Hernán Garces, qui cherchent à planter des cerisiers à grande échelle, et qui, pour produire ce fruit, ont besoin d'une quantité d'eau indéterminée, La construction de trois barrages affectera directement et de manière irréversible le rio Chol Chol, en rompant l'équilibre écologique et en affectant l'eau par l'utilisation de produits chimiques, ce qui aura des répercussions et portera atteinte à la vie de toutes les communautés mapuches proches de la rivière.
3- Nous dénonçons également les agissements trompeurs de Juan Sutil qui, profitant de la faiblesse de la législation environnementale, n'a traité qu'une déclaration d'impact environnemental car, selon ses critères, le projet n'altérera pas le rio Chol Chol ni les communautés environnantes. Pour cela, il a compté sur la complicité de l'actuel maire de Galvarino et de l'électeur Fuad Chahín. Par conséquent, nous demandons que M. Chahín soit disqualifié pour participer à tout vote ayant trait aux droits d'eau, puisqu'il a participé au prosélytisme pour le projet, une situation qui est de notoriété publique.
4- Nous allons commencer un examen approfondi des droits d'eau qui ont été accordés au rio Chol Chol et tous ses affluents, ainsi que des mesures de la qualité de l'eau et de toutes les activités agricoles industrialisées qui peuvent rejeter des produits chimiques dans l'eau, déterminer l'origine des algues abondantes que l'on trouve dans la rivière, ainsi que la manière de renverser cette situation.
5- En outre, nous tenons à souligner que nous sommes une zone de sacrifice depuis de nombreuses années et que la présence de plantations de pins et d'eucalyptus a causé des dommages à notre écosystème et surtout à nos sources d'eau. Pour cette raison, nous exigerons à partir d'aujourd'hui les mesures nécessaires pour arrêter l'effet désastreux des innombrables plantations forestières de la région, principalement des entreprises Mininco S.A., Bosques Arauco et Probosque, car elles ont provoqué la sécheresse, l'érosion des terres et une profonde altération de l'environnement principalement par l'extinction de la forêt native. Ces entreprises sont responsables non seulement des dommages écologiques, mais aussi des dommages systématiques causés au peuple mapuche, qui se traduisent par la pauvreté, la migration forcée et la discrimination.
6- Pour cette raison, et compte tenu de leurs importants bénéfices, qui sont la contrepartie de la région de l'Araucanie, qui selon toutes les études est la région la plus pauvre du Chili, ces entreprises ont condamné les familles mapuche à boire de l'eau provenant de camions-citernes et à ne pas pouvoir utiliser leurs sols, qui autrefois boisés, n'ont pas pu être reconvertis en sols fertiles aptes à être ensemencés. Pour cette raison, l'État et les entreprises forestières ont une responsabilité dans la reconversion des sols et un décret est nécessaire pour permettre aux familles de petits agriculteurs appauvris de restaurer leurs sols par le biais d'une indemnisation des dommages.
7- Nous exigeons que les autorités locales fassent connaître leur position par rapport au projet Sutil, car elles représentent les citoyens qui les ont démocratiquement élus pour gouverner. Il n'est pas possible à ce stade de rester silencieux et d'être complice de cet écocide, qui touchera les communautés mapuches les plus vulnérables et l'ensemble de la population urbaine et rurale vivant sur les rives du fleuve.
8- Nous appelons les communautés et organisations sociales mapuche des différents territoires à s'informer, s'auto-convoquer et manifester contre ce projet écocide et destructeur de notre itxo fill mogen. Le coordinateur Inkayaiñ Chol chol Lewfu est disponible pour soutenir avec du matériel informatif les txawün ou les réunions qui ont lieu dans les territoires engagés dans la défense du fleuve, nous ne serons pas un nouveau Petorca, nous devons arrêter la route de la sécheresse que Sutil-Garces apporte, soutenue par l'État et les politiciens locaux, parmi eux malheureusement Mapuche. Le problème forestier est déjà une catastrophe environnementale, nous ne pouvons pas attendre un nouvel holocauste écologique.
Communautés signataires
1. Comunidad José Miguel Huaiquian (Atrenco)
2. Comunidad Federico Antinao (Cuyinco Alto)
3. Comunidad Pascual Painemilla (Rucapangue grande)
4. Comunidad Calvio Millan (Ailinco)
5. Comunidad Juan Ancaye (Piuchen)
6. Comunidad Huenul Llancal (Launache)
7. Comunidad Juan Curihuil (Copinche)
8. Comunidad Antonio Painemal (Carreriñe)
9. Comunidad Trif trifko (Trif trifko)
10. Comunidad Ramon Painemal (Coihue Painemal)
11. Comunidad José Nino (Rucapangue)
12. Comunidad José Luis Collio (Malalche Quilimanzano)
13. Comunidad Anselmo Quintriqueo (Repucura Central)
14. Comunidad Domingo Coñoepan 2 (Piuchen bajo)
15. Comunidad Manuel Cayunao (Coilaco)
16. Comunidad José Curinao (Arenas Blancas)
17. Comunidad Manuel Huenchunao (Pitraco Tosca)
18. Comunidad Rosario Morales (Carreriñe bajo)
19. Comunidad Benito Nain (Los duraznos)
20. Comunidad José Chanqueo (Rapahue)
21. Comunidad Miguel Lemunao (Pitraco tosca)
22. Comunidad Gabriel Chicahual (Coihue Curaco)
23. Comunidad Soto Calfuqueo (Los Boldos)
24. Comunidad Juan de Dios Huichaleo (Ñanculeo)
25. Comunidad Rayen Lafken (Picuta)
26. Comunidad Huenchul Alcaman
27. Comunidad Mulato Huenulef 2 (Rumulhue)
28. Comunidad Ramon Ancamil (Huiñoco)
29. Comunidad Juan Levio (Cuyinco bajo)
30. Comunidades en recuperación forrowe wallontumapu (Boroa)
31. Comunidad Malalkawe (Imperial)
32. Asociación Txawün pu zomo Painemal (Coihue Painemal)
33. Agrupación ambiental cultural (Nueva Imperial)
34. Organización Lonco wariache (Chol Chol urbano)
traduction caro d'un communiqué paru sur Mapuexpress le 24/02/2022