Mexique : Tzam trece semillas : Indépendances
Publié le 27 Janvier 2022
FEMME-SERPENT
Tu es femme-serpent
quand tu es couchée sur la terre
et que tu bois la source du soleil.
.
Tu sors dans la rue
levant des empreintes
de chaussures oubliées,
et tu retournes à la maison
avec des cœurs dans ta gorge
qui t'enlèvent la faim.
.
Coutures de plumes
dans ta peau cendrée que tu traînes
aplanissant la masse
et ensuite, tu survoles la terre
comme un cerf-volant, virevoltant entre les langues
des préjugés qui veulent te manger.
.
Tes cicatrices quotidiennes ne te trompent pas
et tu panses les plaies du matin
qui germent dans tes mains de petite fille.
Sur ton petate tissé d'hier,
tu luttes pour ne pas être empoisonnée
avec le repentir qu'ils t'offrent chaque jour.
.
Tu es femme-serpent
qui se transforme en n'importe quel
animal quand tu ouvres les yeux,
mais les coyotes ont peur
si tu souries sans eux,
et ils te mordent tant de fois,
mais ils ne te tuent pas
parce que ton poison
guérit la mort désespérée.
SIUAKOATL
Ti siuakoatl,
Tlin noteka ipan tlali
niman koni tonaltsintli imeya.
.
tonkisa otli,
tipepentiu itlalchololuan
kaktin uan yonelkakej
niman oksepa tejko mochan
ika yolomej salitokej ipan moakoko
tlin ika xtiapismiki.
.
tikimitsomilia ijuitmej
ipan monakayo tenextik tlin tikoyotstiu
kuak tipayana nextamali,
yeika tompatlani ipan tlajli
kentla papalotl, timopalakachtiu ixpan
tlatlakolnenepiltin tlin kineki miskuaskej.
.
Monochipa takaluestin kox mitskakayaua
Niman tikencha itekoko uelipan
tlin toponi ipan mo siuakonemauan.
ipan mopetl tlachichiktli ika yaloua tonaltin,
timoteloua pampa amo timokokos
ika yolkuepalis tlin mistekiuilcha nochipa.
.
Tisiuakoatl
tlin nokuepa san tlin yolki
kua titlapoua moixtololouan,
pampa koyomej nojmomocha
tla kox inuan tiueska,
niman miyekpa mitskua, san kox mis mikcha
pampa mopa
kipacha amankamikistli.
LA FLEUR DE FLORENCIA
À la mémoire de Florencia Sánchez Joaquín.
Tes pas se sont arrêtés,
les pieds qu'un jour tu as lavés dans le ruisseau
La journée s'est levée dans le froid,
la pluie t'a regardé quand tu partais,
tes yeux disent que tu ne voulais pas partir,
et bien que tes mains s'agrippent à la vie,
la porte était entrouverte
quand ils t'ont trouvée en train de te reposer
dans les souvenirs qui t'accompagnent.
.
Les roseaux dans ta cour
étaient immobiles devant ton aide,
même le comal cassé était un témoin
mais la justice se bouche les oreilles
parce qu'elle pense que les femmes
qui parlent une autre langue
ne méritent pas que notre cri soit entendu.
...celles qui vivent près des nuages,
les filles de la montagne,
sont oubliées.
.
À la maison, les rejetons jettent un coup d'œil par la porte
pour voir si tu arrives au loin
mais seul le vide leur répond.
Maintenant la terre t'embrasse,
tu n'auras plus froid,
ton cœur germe avec sa chaleur
dans des fleurs qui porteront ton nom :
Florencia.
II
.
Tu es la femme qui est née
dans le rêve de la grand-mère ;
celle qui nous guide sur le chemin
comme la citrouille,
et trace des sillons dans les tepetates
comme les papillons quand ils volent.
.
Tu es l'étreinte que je garde dans ma mémoire,
la force des filles qui ont été vendues,
celle qui replante les fleurs coupées sans prévenir,
le battement de cœur des femmes disparues,
celle qui savait que ses mains pouvaient saisir la charrue
et semer des graines dans le cœur de mes sœurs,
tu as découvert que lorsque tu maniais la machette
elle ne perdait si son fil ni son tranchant.
IIII
.
Tu es la femme qui coupe les palmiers
sur les collines qui flottent dans le vent,
qui tisse des nattes au clair de lune,
celle qui vend des tanates les jours de la place,
celle à qui, si ils le pouvaient
la paieraient d'une pièce de monnaie,
ou avec la bouche tordue de quelqu'un qui ne les vaut pas
pour faire ce travail,
parce qu'il est très coûteux de payer pour la faim
que tu gardes dans ton rebozo ;
tes nuits blanches ne valent que le mépris.
qui apprécie la mémoire de tes mains ;
la sagesse que tes grands-mères ont engendrée ?
IV
.
Ma soeur est allée en ville,
dans cet endroit où tu es invisible,
elle est allée chercher du travail parce qu'elle ne voulait pas se marier,
Là, elle est allée à la rencontre de la faim et a marché avec elle
parce que là-bas, on paie même pour boire de l'eau.
.
Ma soeur a peur d'être laissée sans âme
à chaque fois qu'ils la regardent de travers,
parce que sa peau leur rappelle la terre,
et ses vêtements sont des livres qu'on ne sait pas lire en ville.
.
V
.
Maman me dit : n'oublie pas
qu'un jour le mauvais air est arrivé à la porte du village,
habillé en blanc comme un homme bon,
il a sorti ses griffes et a serré les collines,
il veut que nous quittions les champs
et travailler sur le concret,
il nous dit que si nous arrêtons d'avoir des enfants
nous sortirons de la pauvreté
il veut que nous étudions
mais pas pour réfléchir,
d'oublier notre parole
et apprendre une autre façon de penser,
que nous cherchons un travail où notre âme
sera en train de mourir,
que lorsqu'ils nous tueront, tout sera silencieux.
et si nous pensons différemment
ils diront que nous avons du vent dans la tête,
ils se moqueront de nous mais à l'intérieur ils auront peur.
VI
.
C'est pourquoi nous allons parler à notre nombril
nous lui dirons que la femelle jaguar renaîtra
qui va à la rencontre de l'eau en haut de la colline
que nous allons laisser le metate se reposer pendant un moment
alors que dans cette lutte nous marchons à un rythme lent ;
nous allons réveiller le rêve de la grand-mère
et nous la prendrons par la main,
parce que nous, les femmes
nous pouvons toujours faire trembler
le mauvais air qui est arrivé dans notre village.
traduction carolita
FLORENCIA IXOCHIU
Pampa inemilis Florencia Sánchez Joaquín
Monemilis yonotelti,
sesekej otlaneskej mokxiuan
uan kemanian otikin akixti ipan ameyali,
Kiyautli mouan nemiya kua omitstlamiltikej,
moxtololouan kitoua ika kox tinekiya ti oneuas,
momauan okichijej “lucha” pampa amo timikis,
san tlapochata mokal
kua omitsnextikej ti onotika
iuan nochi tlalnamikilis uan tikuikateua.
.
Ipan mokorralko milouatl
xtla uoel okichiu kua tinekiya mamits manauikan,
san se tlalkomali tlapanki nochi okitak
san “justicia” nonakastsakua
pampa kinemilia ika siuamej
uan tipiya okse tlatojli
maski maka makakisti toueyitsatsilis.
…uan chanti nisiu moxtin,
tepemej ixpoxuan
nopoloua ipan kelkauilistli.
.
Tochan, uan kemach kueponi
“seguido” ontlatlacha kiyauatempan
kineki kitaskej tla ne ueka yetiuakisa
san xaka uanesi.
aman tlaltsintli mitstekoya ipan imauan,
yetotonixtika moyojlo
niman uatoponiskej xochimej
uan intokayo yeskej kentla tejua:
Florencia.
.
II
.
Tisiuatsintli uan otlakat
ipan itlatemik nonanantsin;
uan techtlayekana ipan otli
kentla ayojtli,
niman titlakuenkixcha ipan tepetlatl
kentla papalomej kua patlani.
.
Tejua ti tlanapajloli uan nikiyeua ipan noyojlo,
iyolchikauilis siuakojkonej uan okin nemakakej,
uan kin okpatojka xochimej uan kouitlakej,
tejua innemilis siuamej uan xnesi,
uan okimat ika momauan ueltokej kayanti
niman ueltokej kitoka tleyoltsitsintin
ipan inyojlo nosiuaikniuan,
otikitili ika moteposmachete amo posteki
kua tikasi ipan moyekma noso mo opochma.
.
III
.
Tejua ti siuatsintli uan tlasoyateki
ipan tepemej uan nomastlakapaltsetseloua,
uan kinchichiua petlamej ika mestli imeya,
uan kin nemaka tanamej ipan tiankisko,
niman tla uelisia uan tlakoua,
mistlaxtlauilisia ika se tomin tlapanki,
noso san mitstlankuitsouilis akin koxtetlaiknelia,
pampa pacho kisa yejon apismik
uan tikeyeua ipan momamalon;
kinemilia tla xueyi kitosneki ika timokoxamana
¿Akinon kitlasokamatilia tlin momauan
youelkej kinchichiua;
yejon tlamachilistli uan okiskaltikej tonanantsitsiuan?
.
IV
.
Nokniu oya ueyi kalpan,
kampa xaka mitsitasnekis,
kitetemoto tekitl pampa xokinek nonamikti,
ompa okixmatito apismik niman iuan kistinemiya
pampa ompa notlaxtlaua “hasta” kua atli.
.
Nosiuaikniu kimakasi tla okipojlo ialmatsin
kua kitlauekita,
pampa itlakayo kin kelnamikcha keniki tlacha tlali,
niman itlaken kin kelnamikcha amoxtin
uan kox ueli kiamapoua.
.
V
.
Nonana kitoua: amo xkelkaua
ika se tonali oyekok ipan tokalpan
se ajakatl uan kox kuali,
ika itlaken istak, tikitos tla tlakatl uan tetlakaita,
san kua otikitakej okixti istiuan
niman opeu kin paska tepemej,
kineki matikinkauakan tomiltlaltin
niman matitekitikan kampa yokiyolchikakej “concreto”
techilia ika tla xok tikinpiyaskej tokoneuan
nokakauas ika xtipiya tomin,
kineki matitomaxtikan
san amo matitlanemilikan,
matikelkauakan totlatol
niman matiuelikan okse tlamachilistli,
ika matitetemokan tekitl kampa mikchas toalmatsin,
kineki ika kuak techmiktiskej xaka manauati.
Niman tla okse tlamantik titlanemilia
techiliskej ika tikua ajakayokej,
niman tech ueskilis, san itlan kalakis mojmokayotl.
.
VI
.
Yajua ika tinonotsaskej toxiktlanemilis,
matikilikan ika oksepa uatlakatis
siuaoselotl uan kon namiki atl ipan tepetl,
ika metlatl noseuis se pitentsin
chika ton nenemi ipan yaotl otli.
Ti tlachaltiskej itlatemik tonanantsin,
minan iuan tomayanaskej,
pampa tejuamej tisiuamej okuelis ti tlaloliniltiskej
yejon ajakatl uan kox kuali.
Araceli Tecolapa Alejo
Poétesse nahua de Zitlala, Guerrero. Elle est diplômée en sciences de la communication et est une promotrice indépendante de la langue nahuatl. Elle a travaillé à la défense des droits humains des femmes nahua et vit actuellement à Xochistlahuaca, sur la Costa Chica, où elle collabore à la production et à la commercialisation du "Chocolate de Suljaa'". Elle étudie à l'Universidad Pedagógica Nacional et a enseigné le nahuatl à des étudiants de l'école primaire et de la maîtrise à l'Universidad Sentimientos de la Nación.