L’écho des palmiers : Le queñua (genre polylepis)

Publié le 12 Janvier 2022

polylepis tarapacana avec dans le fond le volcan Sajama en Bolivie Par Rodrisan — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15615752

polylepis tarapacana avec dans le fond le volcan Sajama en Bolivie Par Rodrisan — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15615752

Polylepis est un genre d’arbres et d’arbrisseaux de la famille des rosacées, que l’on trouve dans les Andes en Amérique du sud.

Le genre polylepis est l’un des rares genres d’espèces forestières les plus résistantes au froid dans le monde.

Ce sont des plantes pollinisées par le vent, que l’on reconnaît à leurs feuilles pennées et leur écorce multicouche feuilletée.

Les noms

 Le nom scientifique polylepis provient du caractère de l’écorce, une combinaison du grec et du latin = plusieurs écailles.

Les différentes espèces de polylepis sont connues en Amérique du sud sous le nom de queñoales, ainsi que des noms queñua, queñual, yapual, quewiña

Ces noms dérivent du mot quechua qiwiña.

Les espèces

Il y a 15 à 27 espèces, la plupart mesurent 5 à 10 mètres de haut, certaines sont arbustives (P. microphylla, P. pepei, P. tarapacana, P. tomentella subsp. Nana), quelques-uns dépassent les 25 mètres de haut (P. lanata, P. pauta).

Elles sont distribuées dans les Andes tropicales et subtropicales, du Venezuela au nord de l’Argentine et du Chili.

 

Queñuales au Pérou

 

polylepis racemosa, parc national de Huascaran Pérou Par Charles Gadbois — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6881442

Au Pérou, 19 espèces sont signalées (dont 5 sont endémiques). C’est le pays qui présente la plus grande diversité du genre. Les espèces poussent dans les zones les plus élevées des Andes.

Les forêts de queñuales représentent un écosystème unique dans les Andes, un écosystème crucial pour le maintien de la biodiversité locale et l’approvisionnement en eau des communautés andines et amazoniennes.

Les fonctions de ces forêts sont essentielles pour lutter contre les effets du réchauffement climatique. Elles absorbent l’humidité des nuages, libèrent l’eau dans les sources et les rivières et transforment les paysages secs et érodés en habitats optimaux pour les espèces menacées.

Les arbres poussent dans les zones moyennes et supérieures des montagnes andines jusqu’à presque 5000 mètres d’altitude.

Ils se développent sur les pentes rocheuses, les moraines le long de petits ruisseaux et forment des parcelles appelées peuplements, le long des versants est et ouest dans les parties supérieures des Andes.

Dans les temps anciens, les polylepis étaient la clé de la protection des sources des bassins et des habitats, de la biodiversité des forêts andines ainsi que des zones humides.

Leurs qualités

  •  Captage de l’eau de l’environnement : de nombreuses rivières et sources qui passent à proximité des communautés trouvent leur origine dans les hautes terres proches des forêts de queñua. Les arbres captent l’eau dans l’air et les brumes pour libérer le surplus dans le sol jusqu’à former des ruisseaux, des sources pour alimenter les parties basses.
  • Augmentation de la quantité de pluie. Ces forêts produisent une partie de leur propre pluie car elles dégagent de la vapeur d’eau quand elles transpirent. Cette eau se condense à la surface des feuilles et sous l’action de la chaleur, elle s’évapore et retombe sous forme de pluie.
  • Contrôle de l’érosion : les sols ont tendance à s’éroder lorsque la végétation qui y pousse est perdue. Les queñuas et les mousses protègent le sol en empêchant la pluie de tomber avec trop de force et d’emporter la couche fertile du sol.
  • Génère des microclimats. L’existence de forêts de ces espèces permet la formation d’un climat tempéré où les tubercules ; les céréales peuvent être plantés grâce aux système agroforestiers. Ces forêts sont des barrières qui réduisent les changements drastiques de température entre le jour et ma nuit, le nombre de gelées nocturnes et la vitesse du vent réduisant les effets négatifs des vents forts, des pluies excessives et de la grêle.
  • Là où il y a des forêts de queñua, il y a une grande variété de plantes de différents usages : alimentaires (pommes de terre sauvages, ocas, fourrage pour les camélidés et les bovins de boucherie), usage médicinal, abris pour de nombreux animaux (les oiseaux qui maintiennent l’équilibre écologique de la forêt en aidant à la dispersion des graines, petits mammifères comme la vizcache ou d’autres rongeurs qui sont utilisés comme sources alternatives de nourriture).
  • Une autre caractéristique remarquable est que l’arbre n’utilise que 5% de l’eau utilisée par un eucalyptus, cet arbre originaire d’Australie et qui, ici, dans les hauts plateaux des terres péruviennes, est plantés dans de grandes forêts car son tronc est droit, il pousse vite et les gens vendent le bois pour construire des maisons, ne se rendant pas compte que l’arbre appauvrit les terres, ses racines érodent le sol et absorbent tous les nutriments ne permettant à rien d’autre de pousser autour de lui.

Le queñua, lui, enrichit la terre, régule le climat, prévient l’érosion des sols, retient l’eau et même si son tronc n’est pas aussi droit que celui de l’eucalyptus, et que sa hauteur ne varie que de 3 à 7 mètres, son bois sert de combustible pour préparer les aliments, de plus c’est une excellente source de chaleur.

Malgré des campagnes de reboisement de queñuales, les eucalyptus continuent d’être plantés à la place  d’arbres indigènes, car ils génèrent de l’argent.

Un exemple vivant des propriétés de ces arbres indigènes au Pérou se trouve dans le complexe archéologique du Machu Picchu à Cusco où les sources d’eau dans les parties supérieures de ladite forteresse ne tarissent pas, alimentées par de grandes forêts que queñuales –environ 6000 arbres – selon un grand chercheur sur les espèces forestières indigènes.

Les menaces

Les forêts de polylepis sont petites et fragmentées, elles sont vite épuisées par l’exploitation des communautés rurales. Dans certains pays des mesures de conservation et de reforestation sont mises en place.

Malgré toutes les qualités décrites dans cet article sur ses arbres, il résulte que les forêts de polylepis font partie des écosystèmes les plus vulnérables d’Amérique du sud en raison de la pression humaine croissante.

Actuellement le micro-bassin de Paria, au Pérou (767, 34 ha) dans le district de Huasta est reconnu par le Ministère de l’Environnement comme une Aire Primée de Conservation visant à conserver la diversité écologique du micro-bassin en particulier les forêts de polylepis de 99 hectares. C’est la forêt qui compte les plus gros individus, elle est considérée comme l’une des anciennes forêts de la région, d’une haute importance.

La fête des queuñas

À plus de 3 650 mètres d'altitude, des femmes et des hommes de tous âges cherchent à récupérer les forêts andines. Photo : avec l'aimable autorisation d'ECOAN

En 2014, ECOAN a lancé pour la première fois le festival Queuña Raymi, "la fiesta de las queuñas" en Quechua, une campagne annuelle originale de production et de semis de polylepis dans laquelle les communautés des hautes Andes de la cordillère de Vilcanota s'unissent pour reboiser le cours supérieur de leurs bassins versants. Et ils le font, en plus, avec de la musique, de la danse, la préparation de plats typiques, des paiements à la terre et d'autres cérémonies rituelles qui garantissent la continuité de l'héritage culturel hérité de leurs ancêtres.

Depuis le début du festival, vingt et une communautés des zones les plus élevées de la vallée dite sacrée ont rejoint l'initiative, qui a rapidement commencé à être soutenue par le ministère péruvien de l'environnement, le gouvernement régional de Cusco et les municipalités locales. Egalement par des entrepreneurs engagés dans la conservation du paysage où ils opèrent.

 

détail du tronc de polylepis racemosa Par Charles Gadbois — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6881469

Feuilles de polylepis tomentella Par Krzysztof Ziarnek, Kenraiz — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=89538439

 

Description

  • Particularité du genre : pollinisation principalement anémophile (pollen entraîné par le vent)
  • Troncs le plus souvent noueux ou tordus
  • Hauteurs : variable, allant du buisson à des arbres pouvant atteindre 20 mètres
  • Feuilles : persistantes, il y a de grandes quantités de brindilles mortes suspendues dans la partie inférieure du feuillage
  • Ecorce : elles ont plusieurs couches, elles sont épaisses, grossières, fournissant une excellente protection du tronc contre les basses températures
  • Grande importance pour les populations andines : bois de construction, combustible pour la cuisine et le chauffage
  • Habitat : domaine tropicale haut de la Cordillère des Andes en Amérique du sud
  • Pays : Venezuela, Equateur, Argentine, Colombie, Pérou, Chili
  • Altitude où il vit : de 1800 à 5200 mètres
  • C’est l’arbre qui peut vivre dans les plus hautes altitudes dans le monde
  • Statut UICN : le genre est classé vulnérable
  • Raison : perte d’habitat

 

Par S. Rae from Scotland, UK — Polylepis sp., CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=82144926

 

Les espèces

Polylepis sericea Par iNaturalist user: fabien_anthelme — https://www.inaturalist.org/photos/65947010, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=99238266

  • Polylepis australis - centre de l'Argentine, 1200/2900 mètres d'altitude, écorce couleur brun cannelle qui s'exfolie en larges bandes, jusqu'à 10 mètres de haut
  • Polylepis besseri - vulnérable
  • Polylepis canoi - Bolivie, Pérou
  • Polylepis crista-galli - vulnérable - 1 à 8 mètres de haut, zone haute andine
  • Polylepis flavipila - vulnérable - Pérou départements de Lima et Huancavelica
  • Polylepis Hieronymi - vulnérable, Argentine, Bolivie
  • Polylepis incana - vulnérable,  Equateur, Pérou, peut-être Colombie
  • Polylepis incarum - En danger critique d'extinction, Bolivie, endémique du lac Titicaca
  • Polylepis lanata - sous-espèce de p. racemosa, yungas de 3000 à 4000 mètres d'altitude, Bolivie La Paz, Cochabamba
  • Polylepis lanuginosa - vulnérable
  • Polylepis microphylla - vulnérable, Equateur, Pérou
  • Polylepis multijuga - vulnérable, Pérou, de 2700 à 3600 mètres d'altitude
  • Polylepis neglecta - vulnérable, Bolivie Chuquisaca, Cochabamba, zones humides
  • Polylepis pacensis - queñua de La Paz, Bolivie, 8 mètres de haut, vallées sèches de 3200 mètres d'altitude
  • Polylepis pauta - vulnérable, Equateur Carchi, Imbabura, Napo et Pichincha, 3500 à 4500 mètres
  • Polylepis pepei - vulnérable, Bolivie, Pérou
  • Polylepis quadrijuga - Colombie, Antioquia
  • Polylepis racemosa - Vulnérable, Pérou parc national de Huascarán, Huaraz
  • Polylepis reticulata - vulnérable, Equateur
  • Polylepis rugulosa - vulnérable, queñua, 3 mètres de haut
  • Polylepis sericea - vulnérable
  • Polylepis subsericans - vulnérable, Pérou
  • Polylepis subtusalbida - Bolivie
  • Polylepis tarapacana - quasi menacé, keñua, queñoa, altiplano; 1 à 3,5 m de haut, Pérou, Chili, Bolivie, Argentine, collines, pentes des volcans, de 3900 à 4700 mètres d'altitude (peut atteindre 5200 m)
  • Polylepis triacontandra - Bolivie, Pérou
  • Polylepis tomentella - vulnérable, Argentine, Bolivie, Pérou
  • Polylepis weberbaueri - vulnérable, Equateur, Pérou

Polylepis australis, Pampa de Achala, Córdoba, Argentina Par Arianza1 — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12709125

peuplement de polylepis en Equateur Par Sabrina Setaro — Polylepis forest, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=43373196

 

Liens cocomagnanville

  • Queuña Raymi, une fête paysanne pour peupler de forêt les hauteurs de Cusco
  • La Ministre de la Culture Gisela Ortiz a participé à la plantation de queñuales pour l'ensemencement de l'eau dans la Communauté Paysanne d'Aquia et a informé du début de sa catégorisation comme peuple indigène ou originaire.  LA SUITE

 

Sources : rumbos del peru.com, cuzcoeats.com, wikipedia, scielo : Caractérización de un bosque de queñual (polylepis spp.) ubicado en el Ddistrito de Huasta, provincia de Bolognesi (Ancash, Perú) de A. Castro

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #L'écho des palmiers, #Queñua, #Espèces menacées, #Les arbres

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