Culture Māorie : Matariki

Publié le 10 Janvier 2022

Matariki atua ka eke mai i te rangi e roa,
E whāngainga iho ki te mata o te tau e roa e.

Divin Matariki venu du ciel
lointain , Accorde-nous les premiers fruits de l'année.

By Robert Gendler - Robert Gendler, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=106958936

By Robert Gendler - Robert Gendler, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=106958936

Drapeau Kīngitanga de Waahi, montrant les sept étoiles de By James Cowan - http://nzetc.victoria.ac.nz/tm/scholarly/CowYest-fig-CowYest_085a.html, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=107530957  

Importance : lever héliaque de l’amas d’étoiles des Pléiades (Matariki en maori) signalant le nouvel an Maori.

Dans la culture maorie, Matariki est à la fois le nom de l’amas d’étoiles des Pléiades et la célébration de son premier lever fin juin/début juillet qui marque le début de la nouvelle année dans le calendrier lunaire maori.

Matariki était célébré pendant le dernier quartier de lune pipiri (vers le mois de juin).

La cérémonie implique de regarder les étoiles individuelles afin de faire une prévision de l’année à venir, pour pleurer un défunt de l’année passée et pour faire une offrande de nourriture pour reconstituer les étoiles.

Au cours du XXe siècle a lieu le déclin de la célébration qui va connaître un renouveau dans les années 1990.

Matariki est désigné jour férié officiel en Nouvelle-Zélande et sera célébré pour la première fois le 24 juin 2022.

Porte affichant Matariki dans le cadre des armoiries de Kīngitanga , maison de réunion Te Māhinārangi, Tūrangawaewae marae, Ngāruawāhia  By John Houston - https://tiaki.natlib.govt.nz/#details=ecatalogue.255124, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=107359665

 

Nom et signification

L’amas d’étoiles connu par les astronomes sous le nom de Messier 45 (M45) ou sous le nom de Pléiades est situé dans la constellation du Taureau. Son nom en langue maorie est Matariki, c’est une version abrégée de Ngā mata o te ariki o Tāwhirimātea (les yeux du dieu Tāwhirimātea), dieu du vent et du temps. Celui-ci était enragé par la séparation du ciel et de la terre (qui étaient ses parents Ranginui et Papatuanuku), il fut battu au combat par son frère et s’enfuit dans le ciel pour vivre avec Ranginui, mais avant il s’arracha les yeux de colère et les jeta dans le ciel où ils restèrent collés dans la poitrine du père.

Pour la tradition maorie, l’imprévisibilité des vents est imputée à la cécité de Tāwhirimātea.

Les étoiles

De nombreuses sources maories énumèrent 7 étoiles à Matariki dont Matariki elle-même, l’étoile centrale de l’amas. Mais il y en a 9 dont voici le détail avec le tableau ci-dessous :

L’association de l’étoile Pohutukawa avec les défunts se rapporte à l’arbre solitaire Pohutukawa à Te Rerenga Werua (Cap Reinga), lieu de départ des esprits des défunts quand ils retournent dans la patrie ancestrale d’Hawaiki. Le deuil d’un défunt est la composante de la célébration de Matariki.

arbre Pohutukawa Par Ed323 sur Wikipédia anglais — Transféré de en.wikipedia à Commons., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3980193

Hiwa-i-te-rangi (Hiwa) est le plus jeune des enfants de Matariki considéré comme l’étoile des vœux. Elle semble briller de mille feux lors de la première visite de Matariki, les souhaits individuels et collectifs étaient sensés être exaucés.

 

Nouvel an maori

La culture traditionnelle maorie est mêlée de connaissances astronomiques, de connaissances sur les constellations et du cycle lunaire qui sont utilisés par les navigateurs, pour la plantation et les récoltes, délimitant les saisons et marquant le frai et la migration des poissons. Ces connaissances sont transmises de façon orale avec différentes variantes dans les dates, dans les constellations importantes et dans les calendriers traditionnels (maramataka).

Les Pléiades sont visibles presque toute l’année en Nouvelle-Zélande sauf au milieu de l’hiver. Matariki se couche à l’ouest en début de soirée en mai et réapparaît juste avant le lever du soleil à la fin juin ou au début juillet qui commence le premier mois du calendrier lunaire maori, piripi (= se rassembler).

Tous les mois du calendrier lunaire maori sont indiqués dans ce lever héliaque d’une étoile particulière sur l’horizon oriental juste avant l’aube, la nuit de la nouvelle lune.

Te paki o Matariki = le temps calme de l’été.

C’est le moment du milieu d’été ou Matariki est au plus haut du ciel nocturne. Cela signifie que le temps est beau et la fortune bonne également.

Les nuits de Tangaroa (ngā po o Tangaroa) se déroulent le dernier quart de phase lunaire après la première apparition de la constellation.

Whiro, la nouvelle lune est considérée comme de mauvais augure dans le calendrier maori, elle pourrait gâcher toutes les célébrations.

 

kereru By Pseudopanax at English Wikipedia - Own work, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=110092335

Certains oiseaux ou certains poissons sont associés à Matariki. A Tūhoe, la cérémonie marque le début de la saison ou le kereru (hemiphaga novaeseelandiae, variété de pigeon) peut-être capturé, cuit et conservé dans sa propre graisse. Le Matariki correspond au retour du korokoro  (lamproie) de la mer pour frayer dans les rivières.

Les 9 étoiles 

Maori Grec Genre Provenance
Matariki Alcyone Féminin Bien-être et santé
Tupu-a-rangi Atlas Masculin La nourriture qui vient d'en haut

Tupu-a-nuku

Pléioné Féminin Nourriture qui pousse dans le sol
Ururangi Mérope Masculin Les vents
Waipuna-a-rangi Electre Féminin Eau de pluie
Hiwa-i-te-rangi Céléno Féminin Croissance et prospérité
Waiti Maia Féminin Eau fraîche
Waita Taygète Féminin L'océan
Pohutukawa Stérope Féminin Le défunt

 

Offrande de nourriture aux étoiles

Whāngai i te hautapu est une offrande cérémonielle de nourriture aux étoiles. Le raisonnement est que Matariki ayant fait remonter les esprits des mots des enfers et détourné le soleil du solstice d’hiver, serait bien affaibli et aurait besoin de nourriture. Les Maoris construisaient un petit four en terre (hāngi) avec des pierres chauffées dans la fosse sur laquelle était placée la nourriture recouvert de feuilles et de terre. Une fois les aliments cuits, ils découvraient la fosse et la vapeur montait dans le ciel alimentant les étoiles. La vapeur est le hautapu ou offrande sacrée.

Les aliments étaient choisis pour correspondre aux centres d’intérêt des étoiles, par exemple pour Matariki, l’offrande était la kūmara (patate douce),  un oiseau pour Tupuārangi, des poissons d’eau douce pour Waiti et des coquillages pour Waita.

La cérémonie de Matariki était poursuivie par des jours de festivités : chants, danses, festins (mātahi o te tau = les premiers fruits de l’année). On célébrait la prospérité, la vie et la promesse de l’année à venir.

A présent

Avec la colonisation de la Nouvelle-Zélande au XIXe siècle, de nombreuses pratiques traditionnelles ont vu leur usage décliner. Certains aspects du Matariki ont été incorporés dans de nouvelles pratiques religieuses comme l’église Ringatū et la célébration avait presque cessé au début du XXe siècle. La dernière célébration traditionnelle de Matariki a été enregistrée dans les années 1940.

Le renouveau de la célébration de Matariki remonte au début des années 1990, déclenchée par divers iwi maoris et d’organisations telles que le Musée de Nouvelle-Zélande Te Papa Tongarewa.

En 2000 commence la célébration annuelle de Matariki à Ngāti qui attire 500 personnes pour atteindre 15.000 en 2001. La même année la commission de la langue maorie commence un mouvement de récupération du Matariki en tant que foyer important pour la régénération de la langue maorie.

En 2016 Te Wananga o Aaoteroa promeut une nouvelle vision du Matariki dans un roadshow d’un mois appelé « Te iwa o Matariki » soulignant les 9 étoiles reconnues par certains iwi.

Depuis il est courant pour les Maoris et les non Maoris, les institutions (écoles, bibliothèques, conseils municipaux) de célébrer Matariki de différentes façons (concerts, festivals de lumière, illuminations de Sky Tower d’Auckland, plantation d’arbres ...). ces célébrations ont lieu sur une période d’une semaine ou d’un mois, début juin à fin août coïncidant de plus en plus avec le solstice d’hiver ou les dates traditionnelles de Matariki.

La sculpture Fingers of Mother Earth à Stonehenge Aotearoa marque l'ascension héliaque de Matariki  By I.Haritina - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=91367351

Un jour férié de Matariki

Un projet de jour férié du Matariki a été proposé en 2009 par le Parti Maori MP Rahui Katene.

Le 2 juillet 2021, le jour où la constellation se lève, Jacinda Ardem (la première ministre) a annoncé les dates proposées pour les 30  prochaines années, déterminées par un groupe consultatif du Matariki composé d’iwi à travers le pays. La date de la fête a été officialisée le vendredi le plus proche des quatre nuits de Tangaro dans le mois lunaire piripi. Les dates viarianet de fin juin à mi juillet mais étaient toujours un vendredi pour encourager les gens à voyager et passer du temps avec leur famille, pour donner un jour férié supplémentaire aux personnes qui n’ont pas souvent de jours fériés à cause de leur travail. La date varie beaucoup car le calendrier lunaire maori de 354 jours se rapproche uniquement du calendrier solaire grégorien de 365,25 jours.

Le 30 septembre 2021, le projet de loi a été adopté en première lecture avec le soutien des partis Travailliste, Vert et Maori, contré par National et ACT.

sources : wikipedia, musée Te papa Tongareva

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