Brésil : Les projets d'infrastructure hérités de la dictature militaire activent les invasions dans les terres indigènes avec des groupes isolés

Publié le 9 Décembre 2021

Mercredi, 08 Décembre 2021


Selon le rapport de l'ISA, la déforestation est montée en flèche pendant la pandémie à Jacareúba-Katawixi (AM), où l'autoroute BR-319 est en cours d'asphaltage, et à Pirititi (RR), où la ligne de transmission Tucuruí doit passer.

Par Tainá Aragão

Les terres indigènes Jacareúba-Katawixi (AMazonas) et Pirititi (Roraima) subissent une offensive de destruction due à deux grands projets de développement hérités de la dictature militaire : le pavage de l'autoroute BR-319 et la reprise de la Tucuruí Linhão, selon un rapport technique produit par l'Institut socio-environnemental (ISA).

Bien que les projets n'aient pas encore quitté le papier, seule la possibilité de mise en œuvre a déjà activé les invasions et la déforestation dans les deux terres autochtones avec la présence de peuples isolés.

Selon l'étude, l'explosion des irrégularités s'est produite pendant la pandémie, coïncidant avec la proximité de la fin de la validité des ordonnances de restriction d'usage, mécanismes de protection juridique des groupes indigènes isolés émis par la Fondation nationale de l'Inde (Funai).

La restriction de la TI Pirititi a expiré le 5 décembre et celle de a TI  Jacareúba/Katawixi expire dimanche prochain (12/12). La Funai, quant à elle, n'a pas indiqué si elle garantirait la protection de ces territoires, ce qui pourrait les laisser dans un flou juridique.

Les activités de déforestation et d'exploitation forestière, encouragées par les travaux d'infrastructure, constituent un risque pour la sécurité physique et alimentaire des groupes isolés. En outre, la proximité de personnes non autochtones, au milieu de la plus grande pandémie depuis 100 ans, accroît la vulnérabilité des populations autochtones.

Les images satellites montrent que la dégradation des forêts s'accentue à proximité de la zone d'influence des deux projets d'infrastructure. Les actions des envahisseurs sont interdites par les stipulations des Ordonnances de restriction d'usage, qui empêchent toute activité non indigène dans les territoires.

Les récentes données sur la déforestation en Amazonie publiées par l'Institut national de la recherche spatiale (Inpe) montrent que la déforestation dans ces territoires a augmenté de 245 % sous le gouvernement actuel, entre 2020 et 2021. "Sans le renouvellement des ordonnances qui garantissent la protection des territoires, les envahisseurs peuvent se sentir plus autorisés à occuper les Tis", déclare Antonio Oviedo, coordinateur du programme de surveillance des zones protégées de l'ISA.

Face à cette situation d'urgence, qui s'est également produite dans les terres des peuples isolés Piripkura (MT) et d'Ituna-Itatá (PA), un groupe d'organisations indigènes et autochtones, dirigé par la Coordination des organisations indigènes de l'Amazonie brésilienne (Coiab) et par l'Observatoire des droits de l'homme des peuples indigènes isolés et récemment contactés (Opi), a lancé en août la campagne "Isolé ou décimé".

La campagne vise à faire pression sur la Funai, par le biais d'une pétition, pour qu'elle garantisse le droit à l'isolement et le droit à la vie aux peuples isolés, un élément déjà mentionné dans la constitution de 1988, mais loin des priorités de l'administration de Bolsonaro.

Pirititi en danger


Dans le Roraima, la construction du Tucuruí Linhão, dans le sud de l'État, inquiète les organisations autochtones. La ligne de transmission peut être implantée le long de l'axe de la BR-174, qui coupe la TI Waimiri-Atroari sur 125 km, et affecte une zone d'influence de la TI Pirititi.

La mise en œuvre du projet consiste à construire des tours gigantesques à une distance sûre de la route, ce qui implique une nouvelle déforestation tout le long de la route et rend difficile la connexion des parties du territoire séparées par la route et tous les processus écologiques impliqués.

Les terres Pirititi sont limitrophes de la TI Waimiri-Atroari (RR), située dans la municipalité de Rorainópolis, et présentent une forte connectivité avec celle-ci. La Funai a classé cette TI avec un record "confirmé" de peuples isolés, ce qui prouve l'existence d'un peuple indigène isolé. Depuis 2012, l'ordonnance restreignant l'informatique a été renouvelée à plusieurs reprises.

Toutefois, le mécanisme juridique a expiré dimanche (05/12) et, jusqu'à présent, la Funai n'a fait aucune déclaration quant à sa volonté de garantir le droit au territoire des peuples isolés. L'omission du corps peut augmenter les tensions et encourager les envahisseurs à s'installer.

En 2021, le ministère public fédéral (MPF) a intenté une action civile publique (ACP) dans laquelle il a émis des recommandations pour protéger le peuple autochtone isolé Pirititi, demandant la démarcation de la TI et la détermination d'actions pour combattre les infractions environnementales. Mais jusqu'à présent, rien n'a été fait. L'action en justice indique que l'existence des Pirititi est menacée par l'avancée des exploitants forestiers et des accapareurs de terres./

traduction caro d'un article/ paru sur le site de l'ISA le 08/12/2021

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