Brésil : Les indigènes isolés peuvent être exterminés avec l'approbation de la Funai

Publié le 10 Décembre 2021

Jeudi, 09 Décembre 2021

Elias dos Santos Bigio, Leonardo Lenin Santos et Tiago Moreira*.

La déforestation, l'exploitation forestière illégale et l'élevage illégal menacent les Piripkura ; lire un article publié à l'origine dans Folha de S.Paulo.

Les Piripkura sont un peuple indigène isolé qui vit dans le nord-ouest du Mato Grosso et dont il ne reste que peu de membres. Tamandua, Baita et Rita sont les trois survivants connus des massacres successifs. Tamandua et Baita restent isolés ; Rita a épousé un Indien Karipuna et possède également une maison sur les terres Piripkura. L'existence d'autres autochtones isolés sur le territoire est possible. Les Piripkura isolés survivent par la chasse, la pêche, la cueillette et la fabrication d'ustensiles. Les sociétés non indigènes n'utilisent que la machette et la hache pour vivre dans la forêt dense.

Mais aujourd'hui, ces autochtones se présentent comme un obstacle au projet de développement prédateur et sont sévèrement cernés par l'avancée de la déforestation, l'installation de fermes illégales avec de nouvelles ouvertures de zones de pâturage et les intérêts miniers. La Fondation nationale de l'indien (FUNAI) reconnaît l'existence des Piripkura depuis 1985. Cependant, ce n'est qu'en 2008 que la terre indigène Piripkura a été interdite pour la première fois au moyen d'une ordonnance de restriction d'usage, ce qui garantit au territoire une protection fragile, puisqu'il s'agit d'un processus de reconnaissance territoriale inachevé qui traîne depuis plus de 30 ans.

Le 17 septembre, l'actuel président de la FUNAI a publié une nouvelle interdiction, mais a réduit sa durée à seulement six mois, une période extrêmement courte pour garantir la protection du territoire indigène - auparavant, les ordonnances allaient de deux à trois ans. Ce délai est trop court pour conclure les procédures de démarcation ou mettre en œuvre les mesures de protection nécessaires pour un territoire aussi menacé.

Selon un suivi indépendant effectué par l'Institut socio-environnemental, entre août 2020 et la date de la dernière ordonnance de la Funai, au moins 2 300 hectares de forêt ont été abattus par des envahisseurs.

L'absurdité est que les Piripkura, malgré la présence de la Funai, vivent contraints et forcés sur leur propre territoire. Les images satellites montrent que les zones de déforestation sont proches des refuges utilisés par le groupe ethnique. Rien qu'entre août et novembre, une superficie équivalente à 4 600 terrains de football a été brûlée, faisant ainsi place à de futurs pâturages sur ce territoire, selon les données satellitaires de la NASA.

Les intérêts en matière d'exploration minière dans la région des terres autochtones ajoutent aux menaces qui pèsent sur les populations autochtones. Dans une enquête menée par l'Opan (Opération Amazonie indigène) sur l'existence de demandes de permis d'exploitation minière à l'Agence nationale des mines, une augmentation gigantesque a été observée sur la période de 2018 à 2021, de l'ordre de 820%.

La nouvelle interdiction de six mois affaiblit la protection territoriale des Piripkura. Il est nécessaire de faire appliquer les mesures demandées par le ministère public fédéral de l'État du Mato Grosso. Les envahisseurs doivent être chassés, et les terres indigènes doivent être identifiées et délimitées. La politique de non-contact et les principes de précaution et d'autodétermination à l'égard des peuples autochtones isolés doivent être respectés. Le peuple Piripkura a le droit de continuer à exister.

* Elias dos Santos Bigio, historien et indigèniste de l'Opération Amazonie indigène (Opan)

Leonardo Lenin Santos, indigèniste de l'Observatoire des droits de l'homme des peuples indigènes isolés et de contact récent (Opi)

Tiago Moreira, anthropologue, chercheur pour le programme de surveillance des zones protégées de l'Institut Socio-environnemental (ISA)

traduction caro d'un article paru sur le site de l'ISA le 9/12/2021

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