Les Afro Péruviens

Publié le 20 Novembre 2021

 

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L’esclavage des africains est le facteur fondamental de la diaspora noire au Pérou.

Le Pérou alors nommé Nouvelle Castille est exploré par les conquérants en 1524. Ensuite, à partir de 1526/1528, les explorations sont plus méthodiques.

En 1527, le premier noir arrive sous le commandement d’Alonso de Molina qui débarque à Tumbes.

Pizarro capitule avec la couronne la « pacification » et la colonisation du territoire en 1529.

En 1531, il part à la conquête en emmenant environ 500 noirs de Guinée dans ses troupes.

 

Les premiers esclaves noirs qui arrivèrent au Pérou au XVIe siècle étaient biafras et mandingues, vendus par les négriers portugais image

 

Combien sont-ils  et où vivent-ils ?

 

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Deux chiffres bien différents

828.841 personnes en auto-reconnaissance en 2017, 3,6% de la population (noirs, mulâtres, métis et zambos).

Selon Luz Cano, 9,7% de la population : 2.850.000 personnes (2017)

Les agglomérations comptant le plus d’afro-péruviens :

  • Ica 55 %
  • Callao 45 %
  • Tumbes 40%
  • Piura 35%
  • Lambayeque 30 %
  • Lima 30 %

Il y a deux secteurs principaux :

  • La côte nord entre Lambayeque et Piura.
  • La côte sud (Lima, Callao, les provinces de Cañete, de Chincha, de Pisco et de Nazca)

La plus forte concentration est à Yapatera à Morropón (Piura), 7000 agriculteurs, la plupart étant des descendants des anciens esclaves africains puis de nombreuses personnes d’origine malgache.

  • A Piura, dans les provinces d’Ayabaca et Sullana les communes comptant le plus d’Afro péruviens sont Las Lomas, la Tina et Pacaipampa.
  • Dans la ville de Lima, on trouve les quartiers de Cercado, Breña, Surquillo, San Martín de Porres, Barranco, Surco, Chorrillos, Rimac, La Victoria.
  • La ville d’Aucallama dans la province de Huaral.
  • Dans les vallées du nord, la ville coloniale de Zaña à Lambayeque 
  • Autres villes : Tumán, Batán Grande, Cayalti, Capote.
  • Régions du nord : La Libertad, Ancash.

Villes côtières des régions centrales et méridionales :

  • Cañete, Chincha, Pisco, Ica et Nazca.
  • Plus au sud, El Ingenio dans la province de Nazca.
  • Ville d’Acari dans la province de Caravelí, région d’Arequipa.

 

La Vice-royauté au Pérou

 

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Almagro est le principal allié de Pizarro dans la conquête, mais il y a une rivalité entre eux qui se révèle quand Pizarro veut demeurer à Cuzco et dans les régions les plus riches du pays et qu’il relègue Almagro dans les régions les plus pauvres.

L’affrontement se termine avec l’exécution d’Almagro en 1538, les partisans de celui-ci se vengent en assassinant Pizarro en 1541. Les luttes obligent la Couronne à intervenir et comme solution, elle fonde la Vice-royauté qui va gérer le versant du Pacifique. La capitale sera Lima fondée par Pizarro en 1535 sous le nom de Ciudad de los Reyes. Cette ville a un quartier appelé Triana et une rue Malombo qui est de nette influence noire.

Francisco de Toledo va réorganiser la vice-royauté et mettre fin à la résistance indigène en exécutant le dernier Inca, Túpac Amaru.

En 1570, il présente à la Couronne un plan pour que noirs et mulâtres libres entrent au service des espagnols et soient employés dans l’exploitation minière qui était alors considérée comme le principal secteur économique.

La population noire ne cessait d’augmenter à Lima, de 4000 noirs en 1586 à 13.137 en 1619. En 1640 la population noire est de 30.000 personnes.

Récolte du coton à Ica De Franck Schneider - Trabajo propio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=21750088

 

Les noirs sont envoyés dans les plantations des domaines côtiers. Ils servent aussi dans les mines de Potosí ou Huancavelica mais leur entretien est coûteux par rapport à la main d’œuvre locale indigène.

Lima était l’une des villes les plus peuplées de noirs dans la vice-royauté du Pérou. Leur nombre arrive presque à égaler le nombre d’espagnols y résidant. Ils s’occupent de diverses tâches domestiques et certains peuvent obtenir la liberté s’ils ont de bonnes relations avec leur maître.

Une nourrice noire, Andrés Larco y ama de leche, Lima, 1895. (Imagen de Archivo Fotográfico Courret-Biblioteca Nacional del Perú.) source

L’affranchissement était laissé parfois par les maitres dans le testament ou à défaut, ils léguaient la maison dans laquelle ils avaient résidé en tant qu’esclaves, alors ceux-là avaient de la chance, d’autres restaient à la merci des caporales et ont gardé le même statut toute leur vie.

Des maîtres exploiteurs prostituaient leurs esclaves en échange de pièces de monnaie. Certains esclaves ne pouvant plus supporter leurs conditions de vie s’échappaient dans des endroits inaccessibles pour vivre en dehors de la loi.

Dans les villes, les esclaves peuvent néanmoins progresser socialement. Ils reçoivent un salaire. Les espagnols des hautes classes sociales dédaignent le travail et il leur faut du personnel. Le salaire que touchaient les esclaves était divisé entre le maître et l’esclave qui pouvait alors épargner et s’acheter plus tard, sa liberté. Celle-ci était obtenue à travers les lettres d’affranchissement (cartas de manumisión).

La société vice-royale péruvienne était structurée en classes sociales très différentes, deux secteurs sociaux antagonistes marquaient la particularité de la société vice-royale et dynamisaient son évolution historique.

Un premier secteur composé de la plus petite partie de la population appelé « les propriétaires terriens » propriétaires de la plupart des terres ou en tout cas de la rentabilité la plus élevée et qui les faisait agir comme des protecteurs établissant des liens de dépendance personnelle cherchant à

« Maintenir le rapport social de domination qui satisferait les ambitions économiques d'un État métropolitain et sceller son engagement de classe envers les groupes majestueux américains… »

(Carlos Lazo 1980 : 13)

Un deuxième secteur, la majorité, composait la classe sociale dite exploitée, les serfs et les esclaves en étaient les membres les plus nombreux, ainsi que les métis et les blancs et les créoles pauvres. Il convient de noter qu'au sein des secteurs dominés, le secteur dominant a cherché à déployer les haines raciales entre les noirs et les indiens et entre les métis, les noirs et les indiens, tout cela dans le but d'une plus grande fragmentation de ces secteurs et d'un meilleur contrôle social d'eux. (source de cette traduction)

 

Les classes sociales dans la vice-royauté :

 

  • Noblesse : Composée d'espagnols et de créoles ayant des titres de noblesse. Ils jouissaient des plus grands privilèges, sans travailler.
  • Classe moyenne : Composée d'espagnols et de créoles d'origine mixte. Sans avoir de titres de noblesse, ils jouissaient d'une bonne position économique. Ils occupaient des postes administratifs et étaient pour la plupart des professionnels.
  • Bas peuple : Cette classe était composée de marchands, d'artisans, de fermiers et de Noirs affranchis.
  • Indiens : Hommes libres, mais sous la tutelle de quelqu'un.

Situation de l'Indien pendant la colonie : Malgré les nombreuses lois à contenu humanitaire profond concernant l'Indien, ces dispositions n'ont jamais été respectées. Bien qu'il soit libre, ne pouvant être accusé ou jugé par le tribunal de l'Inquisition, l'Indien est vilainement exploité, notamment dans les mines, et contraint de payer un tribut.

  •  Esclaves : Hommes noirs, amenés d'Afrique, pour le service domestique. Ils étaient considérés comme les derniers. (source https://carpetapedagogica.com/clasessocialesenelvirreinato)

aquarelle De Pancho Fierro - https://www.google.com/culturalinstitute/beta/search/asset/?p=pinacoteca-ignacio-merino&em=m018ktp&hl=es-419&categoryid=medium, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=65600623

 

Origine des esclaves

Au début, ils étaient amenés de la zone africaine la plus proche de l'Europe, mais comme ces populations ont diminué au fil des ans, ils ont été pris sur toute la côte atlantique du nord au sud, même s'il convient de mentionner que beaucoup de ceux qui sont arrivés ici venaient d'Afrique centrale et orientale. La côte atlantique est le lieu d'origine de la plupart des esclaves. Les trafiquants européens ne sont pas entrés sur le continent. En interne, il y avait des chasses ou des guerres entre groupes rivaux. Les personnes capturées étaient emmenées dans des lieux où elles étaient concentrées à partir de diverses parties du continent, et de là, les bateaux naviguaient vers l'Amérique. Mais comme certains mouraient toujours au cours du voyage, les bateaux étaient remplis de plus de personnes, afin que le nombre convenu dans l'accord commercial puisse être atteint.

 

image d'un bozal 

Les ethnies-mères en Afrique

Ce sont les ethnies ou nations principales des noirs qui apporteront leur culture à la vice-royauté du Pérou :

Bozales du Soudan, Mandingues, Biafadas, Biafras, Bozales de Guinée, Popo, Minas, Achantis, Lucumis, noirs Yorubas, Araras, Carabalies, Bozales d’origine Bantoue, Congos, Angolas, Mozambiques.

Les espagnols avaient une préférence pour les noirs de Guinée car ceux-ci, selon eux avaient des compétences commerciales, ils savaient planter le riz, apprivoiser les chevaux, garder le bétail à cheval…

Depuis le 16e siècle, ans la situation de la vice-royauté du Pérou, les termes utilisés le plus couramment pour classer les gens étaient : espagnol, indien, noir, mulâtre, métis, créole, zambo, zambaigo, mandingue, classes, castes.

 

Palenques

Les palenques étaient de petites villes où vivaient des noirs marron, cimarrones, situés dans les landes de Cieneguilla, Huaura ou Carabayllo. Ils ne sortaient que pour travailler comme main d’œuvre.

Les palenques ne furent pas nombreux dans la vice-royauté en raison du manque d’endroits inaccessibles sur la côte péruvienne. Ils étaient seulement situés dans les districts forestiers de Miraflores, Magdalena del Mar et San Miguel.

Voir lien vers la page en fin d'article

Métissage

La venue des noirs au Pérou crée un nouveau métissage car l’espagnol n’a pas tardé à découvrir les charmes de la femme noire d’autant plus que celle-ci était esclave et toute une partie de la journée sous sa main. les mulâtres sont vite devenus nombreux.

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Le zambo, était le fils d’un noir et d’une indigène ou vice-versa, il avait moins de chance que le mulâtre, il était esclave et tributaire comme les indigènes, constituant la classe sociale inférieure.

Le contact des noirs avec la population indigène a favorisé le syncrétisme amérindien des peuples afrométis de la côte péruvienne. Les cérémonies et les rites préhispaniques des natifs, l’introduction dans les rituels des afrométis de la maraca et du cajón avec les tambours africains, l’évolution des cultes des saints catholiques et le culte des huacas a donné naissance au syncrétisme culturel afrométis où se conjuguent les éléments catholiques, orixas et le culte des anciens dieux amérindiens.

 

Abolition de l’esclavage

 

https://es.wikipedia.org/wiki/Archivo:Ram%C3%B3n_Castilla_aboliendo_el_tributo_y_la_esclavitud.png

 

Tupac Amaru est le premier en 1780 à proclamer l’abolition de l’esclavage en Amérique latine mais il n’est pas suivi par les gouvernements bien trop liés aux propriétaires fonciers.

L’abolition de l’esclavage sera proclamée par Ramón Castilla dans la ville de Huancayo le 5 décembre 1854 lors d’une période de conflit avec le président Echenique. En 1854 il y avait 25.505 esclaves au Pérou. Pour obtenir leur liberté, le gouvernement péruvien devait payer à leur propriétaire une prime de 300 pesos pour chaque esclave ce qui représentait une dépende se près de 8 millions de pesos payés avec l’exportation de guano.

Des documents précisent que certains patrons ont prétendu détenir plus d’esclaves pour recevoir plus d’argent.

En janvier 1855 Castilla entre à Lima et il est élu président provisoire appelant à un congrès constituant d’où surgit la constitution de 1856 qui reflétait outre la proclamation d’abolition de l’esclavage, m’abolition du tribut indigène. Une nouvelle étape de l’histoire afro-péruvienne.

"CONSIDÉRANT : C'est un devoir de justice que de rétablir la liberté de l'homme. (...)

Article unique. Les hommes et les femmes jusqu'ici tenus au Pérou comme esclaves ou affranchis, que leur condition résulte d'avoir été aliénés comme tels ou d'être nés d'un ventre d'esclave, qu'ils soient en quelque manière soumis à une servitude perpétuelle ou temporaire, tous, sans distinction d'âge, sont désormais pour toujours entièrement libres. (...) décret de l’abolition de l’esclavage

Compte tenu du vide juridique les nouveaux citoyens prendront le nom de leurs anciens employeurs ou des noms de famille similaires.

L’élimination graduelle de l’esclavage des noirs dans le pays va favoriser l’importation d’une nouvelle main d’œuvre corvéable à merci : les coolies, ces travailleurs chinois qui seront traités à peu de chose près comme l’étaient les esclaves africains.

Le processus de libération au Pérou n’a pas entrainé de révolution. Quand le pays accède à l’indépendance en 1821, l’esclavage n’est pas aboli avant 1854 et même sous la république, l’égalité des droits n’est pas garantie pour les afro descendants et pour les indigènes. L’inégalité persiste encore de nos jours, une étude spécialisée sur la population Afro-Péruvienne (EEPA) révèle les conditions de logement, d’éducation, de santé plaçant ces populations dans une position des plus défavorables par rapport au reste de la société péruvienne.

 

Monument à la liberté des esclaves à Zaña

 

Musée afro-péruvien à Zaña

Danseuses de l'Association culturelle Afro Chincha Pérou à Festichincha 2017 By Pitxiquin - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=61133552

L’héritage afro péruvien

Les afro péruviens participent de façon très importante à la culture péruvienne, que ce soit dans la gastronomie, dans la littérature, dans le folklore, dans l’identité nationale depuis la colonie jusqu’à l’indépendance du pays.

L’afro péruvien est très marqué par l’identité côtière qui se révèle dans sa façon de s’exprimer, le jargon, et dans le tempérament côtier. Ces manifestations se révèlent dans les danses, les chants, la gastronomie et les manifestations religieuses, les sports populaires.

En 1956 le professeur José Durand réalise la première mise en scène des traditions afro péruviennes dans laquelle débutera la carrière de nombreux artistes : Nicomedes Santa Cruz, auteur de décimas et de poèmes patriotiques et didactiques, sa sœur Victoria Santa Cruz, compositrice, chorégraphe, designer, ont interprété l’art afro péruvien.

Nicomedes Par No informado — Revista "Folklore" nº 144(Argentina) 18 de abril de 1967., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4611274

Victoria Par El Comercio — elcomercio.pe/eldominical/ritmo-eterno-victoria-santa-cruz-homenaje-noticia-668438-noticia/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=108334370

Nicomedes parcourt le pays pour y recueillir les chansons populaires. Ces artistes participent à la reconstruction de la mémoire musicale des noirs au Pérou avec l’ensemble Cumanana.

Des mélodies, des chants, des danses afro péruviennes et d’Amérique latine sont reconstitués comme la célébration de l’inga, el alcatraz.

Des manifestations restent présentent comme la Danza de los negritos et las Pallitas, danses qui célèbrent la nativité sur la côte centrale.

Aujourd’hui on distingue l’écrivaine et chercheuse Lucía Charún Illescas et son œuvre Malombo paradigme de l’afro réalisme littéraire, la chanteuse pop créole Eva Ayllón qui fait la promotion de la musique afro péruvienne au niveau national, Susana Baca, chercheuse folklorique, lauréate du latin grammy du meilleur album folklorique, Rafael Santa Cruz, le premier torero ethnique noir au monde, Lucha Reyes célèbre pour ses valses créoles mélodiques, Ronaldo Campos danseur et fondateur de l’Association Culturelle Perú Negro.

Eva Ayllon Par Commons User:Eddie81, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17389820

Susana Baca Par Diario de Madrid — Diario de Madrid - La Quinta de El Pardo suena a ritmos afroperuanos con Susana Baca, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=60999618

Lucha Reyes By El Comercio - https://elcomercio.pe/bicentenario/1973-l-fallecio-ayer-subitamente-lucha-reyes-l-bicentenario-noticia/, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=108243773

 

Tradition culinaire

Femme afro-péruvienne en train de cuisiner sur un graffiti à Zaña Par Pitxiquin — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=60052574

La tradition culinaire afro péruvienne fait appel aux ingrédients que les grands propriétaires terriens réservaient aux esclaves : le cœur de bœuf, les abats, qui étaient grillés au barbecue ou mijotés avec une sauce aux cacahuètes qui a donné naissance à la spécialité anticuchos ou brochettes de cœur de bœuf.

 

Un exemple des spécialités créées par les afro péruviens :

 

 

image tacu tacu

  • Le tacu-tacu : plat préparé avec les restes de riz de la veille

 

image cau cau

  • Le cau-cau : ragout de tripes avec des pommes de terre

 

mazamorra morada https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Mazamorra_morada_peruana.jpg

  • La mazamorra morada : dessert avec du maïs violet et de la farine de pomme de terre

 

carapulcra Par LWYang from USA — I forgot the name..., CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=75757339

  • La carapulcra : plat avec des pommes de terre séchées, des cacahuètes, de la viande de porc ou du poulet dans une sauce au piment jaune

 

anticuchos Par Renzo Vallejo from Lima, Perú — IMG_1390, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=67748633

  • Les anticuchos : cœur de bœuf mariné
  • La sopaseca : version de la carapulcra avec des pâtes

 

turrón de doña pepa Par MiguelAlanCS, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=65788371

  • Le turrón de doña Pepa : dessert

Par ERICK9721 — Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5083122

picarón CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=51814

  • Le picarón : confiserie frite dans un anneau fait de farine de blé et mélangé de courge ou de patate douce avec de la mélasse ou du miel.  
  • Le tamale de Lima : galette indigène à la farine de maïs dont  c’est une variante afro qui y rajoute du piquant.

Ña Goyita la tamalera De Pancho Fierro - Acuarelas de Pancho Fierro y seguidores (Colección Ricardo Palma)Municipalidad Metropolitana de Lima, 2007, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=65618864

 

 

Aquarelle de Pancho Fierro, Son de los diablos By Pancho Fierro - http://unalimaquesefue.blogspot.com.es, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=65683245

Les danses

Le festejo

 

Le festejo est une danse festive afro péruvienne qui puise ses origines dans la région d’Ica et de Lima. Elle se danse en couples ou seul, surtout par les jeunes car le rythme est assez érotique, lié au rite de l’amour, en tant qu’acte vital de jeunesse, de vigueur et de fertilité. Cette danse se maintient de génération en génération dans la mémoire rythmique des noirs, des zambos et des mulâtres. Le festejo est un rythme 6/8 typique et représentatif du métissage afro péruvien.

Voir dans les liens en fin d'article les danses afro péruviennes

Instruments de musique du festejo

 

Par Tithouan sur Wikipédia français — Transféré de fr.wikipedia à Commons par Bloody-libu utilisant CommonsHelper., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17947613

  • Le cajón –inventé au Pérou au XVIIIe siècle- est une caisse de résonance au son proche d’une batterie. 

Par Laubrau — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6094134

  • La quijada de burro est un instrument de percussion idiophone qui est une mâchoire inférieure d’âne, de cheval ou de vache, travaillée pour que les dents se déchaussent légèrement. On frappe la mâchoire pour faire s’entrechoquer les dents ou on racle les dents avec une baguette.

De Municipalidad de Miraflores from Miraflores, Lima, Perú - Reconocimiento del Cajón Peruano en Ministerio de Cultura (10), CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=74242796

  • La cajita est un instrument à percussion membranophone que l’on accroche autour du cou. Il se joue avec une main ouvrant et fermant le dessus et l’autre main frappant le côté avec un bâton.

De Ignacio Merino - https://fbcdn-sphotos-a.akamaihd.net/hphotos-ak-snc6/255006_226448757373927_100000264124722_937717_4639282_n.jpg, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15586181

  • Le checo
  • Les congas qui ont été importés de la musique cubaine.

Les vêtements portés lors du festejo sont pour les hommes, une chemise, un pantalon et un foulard à la taille. Pour les femmes un foulard dans les cheveux, une robe ou une jupe blanche ou rouge. Les deux sont nus pieds.

 

Sur cette aquarelle nous avons un aperçu des composantes De Pancho Fierro - http://unalimaquesefue.blogspot.com.es, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=65683205

 

Dates importantes pour les afro péruviens

 

La date la plus importante est celle du jour de la culture afro péruvienne le 4 juin, elle rend hommage à la naissance de Nicomedes Santa Cruz, musicien et poète très important dans la culture. Cette journée est déclarée officielle en 2006 par le congrès péruvien.

Une autre date importante est le festival du Verano Negro à Chincha , qui a lieu en février et mars avec des activités touristiques. C’est une fête très importante dans la province d’Ica avec un concours de poésie et de contes, des festivals de danse noire.

Situation des afro péruviens de nos jours *

 

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Le Pérou s’est trouvé engagé (avec du retard) dans un processus de reconnaissance et de visibilité de la communauté afro-péruvienne. Cette population se trouve en situation d’invisibilité systémique selon le CEPAL (Commission  Economique pour l’Amérique latine et les Caraïbes).

La population afro-péruvienne représente 5% de la population (110.000 à 600.000 personnes).

Si le Pérou a reconnu progressivement l’Inter culturalité, c’est grâce au contexte international favorable marqué par la décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, une initiative des Nations Unies pour la période 2015/2024.

La couleur de la peau reste un des facteurs d’exclusion, surtout dans les zones urbaines comme à Lima où cette population continue d’être discriminée, par exemple dans les transports publics.

Dans les espaces publics, les femmes sont plus insultées que les hommes, elles sont plus vulnérables car sexualisées à outrance.

Au Pérou, le racisme symbolique comme les blagues est devenu la norme, quand les femmes élèvent la voix, il ne le leur est même pas permis de demander un traitement équitable et juste.

Au début du XXe siècle, la situation des Afro Péruviens reste la même malgré quelques améliorations liées à l’abolition de l’esclavage. Ils vivent en majorité sur la côte péruvienne et dans les zones urbaines de Lima et Ica et dans une moindre mesure dans les campagnes de Piura et Lambayeque.

En ville, ils ont trouvé des emplois manuels et dans la domesticité et non dans des tâches intellectuelles ce qui renforce le stéréotype du noir apte aux seuls travaux manuels.

A la campagne, ils travaillent la terre (culture de la canne à sucre et du coton dans les grandes propriétés des vallées côtières) et on les retrouve aussi employés comme domestiques.

Des changements arrivent dans la société péruvienne au cours des années 1950 et cela affecte également la population noire. Ces changements proviennent en partie en raison des migrations massives de la campagne à la ville ce qui va permettre aux Afro péruviens de renforcer leur citoyenneté et de s’organiser pour la reconnaissance de leurs droits.

On assiste à l’apparition de mouvements sociaux, dont le Mouvement Francisco Congo et l’Association Palenque. Les Afro Péruviens défendent leurs droits fondamentaux à travers un réseau d’organisations et défendent l’intégration dans la société péruvienne.

De nos jours les problèmes persistent pour eux et ce depuis l’époque coloniale. Les gouvernements n’ont jamais entrepris grand-chose de sérieux pour améliorer leur situation..

Invisibilisation

Les Afro péruviens, tout au long de leur histoire sont exclus de l’identité nationale. Leurs contributions à la culture et à l’identité étaient invisibilisées. Pourtant, on ne peut que constater l’apport conséquent et généreux de cette population à la culture péruvienne.

En matière d’éducation, les écoliers afro-péruviens se sentent frustrés de ne rien savoir d’aucune des figures historiques auxquelles ils pourraient, éventuellement s’identifier. Au collège on ne leur enseigne que les évènements clés de leur histoire c’est-à-dire que leurs ancêtres sont arrivés au Pérou comme esclaves et qu’un certain Ramón Castilla les a libérés. Ils sont face à un énorme vide. Le système éducatif ne permet pas aux populations de se connaître. Ils doivent donc se former par eux-mêmes, interroger les parents et les grands-parents, y compris puiser dans les textes d’un petit nombre d’auteurs qui ont pu sauver leur histoire.

Si certains Afro péruviens ont connu une certaine reconnaissance nationale comme Nicomedes Santa Cruz et sa sœur Victoria, il y en a d’autres qui n’ont pas eu la reconnaissance qu’ils méritaient : héros, écrivains, médecins….qui participèrent à la création de l’identité nationale et oubliés de l’histoire.

Quelques exemples : Alberto Medina (mousse Medina) qui a lutté aux côtés de Miguel Grau dans la guerre du Pacifique, Francisco Congo, un leader marron de la grande communauté palenquera de Huachipe, personnage énigmatique échappé des plantations de Pisco pour se rendre dans cette communauté et qui, après avoir lutté contre le chef antérieur a pris le leadership. Il était connu comme un sorcier, très aimé et respecté.

Catalina Buendia de Pecho, héroïne de la guerre avec le Chili, cette paysanne afro péruvienne, a courageusement pris les armes avec son village contre l’armée chilienne.

Politiques publiques

Des mesures sont prises pour le peuple péruvien afro descendant mais elles ne sont pas à la hauteur où bien, elles restent dans les tiroirs et n’ont aucun effet concret sur la vie des personnes.

Une conséquence de la Décennie Internationale des Afro descendants 2015/2024 proclamée par l’ONU fait que le Pérou a mis en place le Plan National de Développement pour la Population Afro Péruvienne, Plandepa, unique instrument politique concernant cette population. Seulement la mise en œuvre correcte du Plandepa se heurte à de nombreuses difficultés dues aux dotations insuffisantes et aux relations entre les institutions de tutelle et la mise en œuvre. C’est le ministère de la culture qui supervise et dirige son application, les ministères sectoriels et les gouvernements régionaux se chargeant de l’application sur le terrain. L’existence du Plandepa semble être nominale et non fonctionnelle.

Pauvreté

La pauvreté est une des conséquences de l’absence de visibilité des Afro Péruviens. Elle vient des inégalités existant depuis toujours dans la société péruvienne. Selon la ENAHO 2004 (Enquête nationale sur les conditions de vie et de pauvreté des foyers) le taux de pauvreté et de pauvreté extrême des Afro péruviens est respectivement de 25% et 4%. Eux, ne se perçoivent pas comme cela dans ces chiffres : 7% se considèrent non pauvres, 49% se considèrent plus ou moins pauvres 39% se considèrent pauvre et 5% se considèrent très pauvre. Ceci provient du stéréotype hérité de la colonie associant pauvre à afrodescendant.

Education

L’accès à l’éducation est essentiel pour combattre le cycle des générations victimes de pauvreté et de discrimination.

L’accès à l’éducation est une nécessité pour tous les enfants.

92,9% des enfants Afro péruviens va à l’école (la moyenne nationale est de 94%).

Le problème est celui de l’éducation supérieure universitaire ou technique. Seuls 33% des afro péruviens de 16 à 26 ans accèdent à l’éducation supérieure ou technique et le pourcentage est encore plus faible pour ceux qui arrivent à terminer leurs études.

Donc, l’accès au primaire et au secondaire est élevé, et l’accès à l’éducation supérieure et technique est faible.

Ceci peut générer des bas salaires et des difficultés à trouver un emploi.

(source pour cette partie de l’article * Poids de l’effacement, le cas du Pérou ; invisibilisation du peuple afrodescendant pendant les 200 ans de Pérou républicain)

Sources : wikipedia, equaltimes : l’éveil afro-péruvien à travers la mémoire

Leaders historiques afro-péruviens

 

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Nous avons reçu la collaboration de Luis R Carrera qui a réalisé ce collage pour nous rappeler ces Afro-Péruviens qui ont contribué à l'histoire nationale, certains d'entre eux étant peu connus ou oubliés. Nous citons ci-dessous le texte de notre collaborateur qui décrit son collage :

Première rangée, de gauche à droite :

1) Francisco Congo, chef du palenque de Huachipa en 1713, symbole de la résistance des esclaves dans la Colonie.

2) Antonio Oblitas, lieutenant de Tupac Amaru II dans sa rébellion de 1780, exécute le corregidor Antonio de Arriaga.

3) Micaela Bastidas, épouse de Tupac Amaru II et chef de la rébellion, a dirigé les actions militaires pendant le processus et était chargée de la logistique des troupes.

4) José Manuel Valdés, le premier médecin noir du Pérou, qui a dû utiliser ses compétences professionnelles à une époque où les Noirs n'avaient pas de postes importants. Il a réalisé d'importantes études sur les maladies de l'époque à Lima et a également été député et signataire de l'acte d'indépendance.

Deuxième rang (également de gauche à droite) :

5) Alberto Medina Cecilia, garçon de cabine dans la guerre du Pacifique, a participé à la bataille d'Angamos à bord du Huáscar et a été le plus représentatif des bataillons de marins afro-péruviens dans la campagne maritime.

6) Catalina Buendía de Pecho, héroïne de la guerre du Pacifique, où au début de la campagne de La Breña elle s'est sacrifiée aux Chiliens au moyen d'un poison qu'elle leur a fait boire à travers la chicha de jora, devant en boire aussi pour tromper les envahisseurs.

 7) Pancho Fierro, peintre costumbrista du XIXe siècle qui, à travers ses aquarelles, a dépeint la vie quotidienne des classes ouvrières de Lima, notamment de la population afro-péruvienne.

8) Bartola Sancho Dávila, artiste du début du 20ème siècle, a diffusé la marinera et le tondero avec des exposants tels que les frères Áscuez, devenant ainsi la première cajonera du Pérou.

Troisième rang :

9) Nicomedes Santa Cruz, chercheur de la tradition musicale de la côte péruvienne, ainsi que décimiste, journaliste et écrivain. Ses œuvres préservent la tradition afro-péruvienne d'antan pour les générations futures.

10) Victoria Santa Cruz, artiste et directrice musicale, diffuseuse et également chercheuse de la musique et de la danse noire du pays, expressions qu'elle a portées sur des scènes étrangères.

11) Amador Ballumbrosio, musicien de Chinchón, spécialisé dans la diffusion de traditions telles que le "zapateo" et le "hatajo de negritos", étant l'un des plus illustres représentants de l'art afro-péruvien.

12) Guillermo Lobatón Milla, leader du Movimiento de Izquierda Revolucionaria (MIR) qui a dirigé la guérilla de Tupac Amaru pendant la guérilla de Luis De la Puente Uceda (1965-1967).

Quatrième rang :

13) José Carlos Luciano, sociologue de Lima qui, outre le sauvetage du patrimoine afro-péruvien, a proposé de faire face à l'influence culturelle extérieure en nous reconnaissant et en renforçant notre identité afin d'affronter le racisme et la discrimination.

14) Delia Zamudio, militante et leader politique, première secrétaire générale de la CGTP, également défenseur des droits des femmes.

15) Fernando Barranzuela, poète, spécialiste du genre cumanana, promoteur de la culture afro-péruvienne sur la côte nord.

16) Mirtha Bedón Reyes, enseignante de Chalaca, créatrice d'un logiciel éducatif pour l'enseignement des classes qui lui a valu les Palmas Magisteriales en 2013.

Source oro lundu https://www.lundu.org/blog/collage-de-lideres-historicos-afroperuanos

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Pérou, #Afrodescendants, #Afropéruviens

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