Le retour des ancêtres

Publié le 1 Novembre 2021

Novembre, mois des Ancêtres, Renouvellement des énergies. Le mois de novembre arrive et avec lui la venue des ancêtres, chez certains des peuples originaires d'AbyaYala. Chaque 1er et 2 novembre, et même bien avant, les gens attendent leurs proches qui les ont précédés dans leur voyage.

Le jour des morts, une fête traditionnelle qui honore les ancêtres, où un échange énergétique et circulaire a lieu entre les vivants et les morts. Un partage qui rend raison de l'existence de l'un et de l'autre. Les peuples indigènes célèbrent le jour des morts, sans pleurs ni deuil, mais avec des danses, de la chicha, des guirlandes de fleurs et la joie de savoir que leurs morts reviennent leur rendre visite.

Les peuples indigènes de différents territoires n'ont pas cessé de pratiquer leurs cérémonies ancestrales sacrées qui traversent les plans de la conscience. Dans chaque Peuple, il y a une conception de l'esprit, une manière de se relier aux ancêtres et une façon de comprendre la mort, non pas comme la fin de la vie, mais comme le passage vers une autre existence, où l'on continue à vivre sur un autre plan, peut-être parallèle à celui-ci, une autre réalité temporelle et spirituelle, qui n'a rien à voir avec la pensée occidentale.

Du nord au sud sur le chemin des fleurs, des autels et des cérémonies

Pour connaître d'autres façons d'attendre les Ancêtres, nous avons parlé à des frères et sœurs du Nord au Sud. Dans le monde andin, ce moment est appelé : Ayamarq`ayKilla, en quechua, et Wiñay Pacha, Amay Pacha en aymara. Dans le Tawaintisuyo (empire inca), dans les quatre régions du soleil, on attend les ancêtres. Dans notre Argentine septentrionale aussi, ce renouvellement cyclique des autels, des offrandes, des chants et des cérémonies a lieu chaque année.

Ces dates ont été compilées par des chroniqueurs, Guaman Poma de Ayala (1615) déjà décrit dans la Nouvelle Chronique et le Bon Gouvernement expliquant que dans le calendrier agricole qui régissait les terres des Incas, novembre était une date importante car elle correspondait au mois des morts.

Cette époque marque le début des cérémonies de l'année, les semailles sont terminées et la terre est prête pour la récolte : c'est le mois d'Ayamarq`aykilla, qui devient le point autour duquel tourne l'activité quotidienne de l'Inca et auquel est consacrée une série de rites, que le chroniqueur décrit comme suit :

"En ce mois, ils sortent les morts de leurs caveaux qu'ils appellent pucullo, et leur donnent à manger et à boire, et les habillent de leurs riches vêtements, et mettent des plumes sur leurs têtes, et chantent et dansent avec eux, et les mettent sur leurs litières et se promènent avec eux de maison en maison et dans les rues et sur la place, et puis ils les remettent dans leurs pucullos en leur donnant leur nourriture et leur vaisselle, le principal d'argent et d'or, et le pauvre d'argile ; et ils leur donnent leurs béliers et leurs vêtements et les enterrent avec eux et ils dépensent beaucoup dans cette fête. "

C'est pourquoi ce mois est dédié à tous nos proches, un moment pour plonger dans nos racines millénaires et faire nos offrandes andines.

Mikailhuil, Jour des Morts

Nous partageons ci-dessous ce que l'atonal Ixyankuik, Juan Zamudio Paredón, membre de la communauté ollinkan, nous a dit sur la façon dont ils vivent ce jour et sa signification dans leur langue nahuatl.

Dans l'anahuac, nous avons la coexistence avec nos proches qui ne sont plus physiquement présents. Dans notre vie quotidienne, ils sont toujours présents.

Mikiztli, miquistli ou mikiztli selon la région est la façon dont il est écrit ou interprété la racine mik est de se reposer, iztli est une action qui est constamment exécutée. Et cela nous amène à voir que ce mot n'est pas la mort comme on le croit, bien qu'elle soit représentée par un crâne, mais dans notre cosmovision cela indique l'action de se reposer :

Mikiztli : se reposer
Miktlan : abondant lieu de repos.
Mikailhuitl : jour de repos.
Miktlampa : lieu en relation avec la direction du nord.
Miktlantekuhtli : charge positive de repos ou de tranquillité
Miktlanzihuatl : charge négative de repos ou d'immobilité.

L'état de repos et d'immobilité de l'être humain nous amène à la contemplation et là, nous pouvons voir et regarder nos ancêtres et leur donner leur place et l'émotion et la mémoire sont générées.

C'est pourquoi être reconnaissant envers nos ancêtres ou nos proches disparus nous amène à ne pas les invoquer mais à coexister toujours à partir de notre mémoire, qui est le lieu du repos intérieur.

Dans notre décompte des jours, il y a deux vingtaines où nous travaillons sur ces événements, tlaxochimako (quand on offre des fleurs) et tepeilhuitl (fête des collines).

Les cérémonies mises en œuvre sont multiples en fonction de la région, de ses usages et de ses coutumes. Nous essayons de faire ce que nos proches aimaient sur ce plan, la nourriture, leurs traditions et d'une manière cérémoniale et rituelle ces célébrations sont effectuées.

Avec le syncrétisme, seule la date qui a lieu dans les premiers jours de novembre est restée, et non plus les dates d'août et de septembre. La nature indique ces étapes avec la naissance de la fleur de cempaxúchitl, qui se produit deux fois par an et c'est pendant ces périodes. C'est pourquoi cette fleur est très représentative et l'on croit que nos proches viennent sous la forme de fleurs de la couleur du soleil parce qu'ils sont maintenant la lumière.

Tlalmanalli, L'offrande de la nourriture de l'âme


D'autre part, nous avons parlé avec la sœur Gisela Romero Núñez, originaire du peuple Nahua de Mixquic, un lieu au passé préhispanique parmi les chinampas, qui nous a raconté comment ils préparent l'autel pour leurs âmes/tonalli.

Quelle est la signification de ce rite et de ses offrandes ?

- Pour ma communauté, les jours où nous commémorons et nous souvenons de nos fidèles défunts sont des moments de rituel et de cérémonie, nous ne visualisons pas la tradition comme une fête mais comme un acte cérémonial d'offrande et de souvenir de ceux qui ne sont plus avec nous, dans nos maisons nous commençons à placer l'autel de nos âmes du 28 octobre au 2 novembre.

Les offrandes que nous plaçons sont des fleurs, comme la giroflée qui est une fleur sauvage blanche typique de Mixquic, la fleur de nuage, le velours et le cempasúchitl, généralement les fleurs blanches qui représentent la pureté sont placées quand il s'agit d'un autel dédié aux filles et aux garçons. La fleur orange que nous appelons cempasúchitles est placée pour les adultes, nous mettons aussi des fruits comme des oranges, des mandarines, des goyaves, des cannes à sucre, des bonbons à la citrouille, le chacualole, qui est un bonbon traditionnel de ma ville, le Mixmole qui est un plat typique aussi de Mixquic, des tamales, de l'atole, du mole, du poulet et quelques boissons comme le pulque, la tequila ou le mezcal selon ce qu'aimait le défunt, le pain des morts et la fumée aromatique du copal, allumée dans un popochcomitl ou sahumador, les bougies, le papel picado pour donner de la couleur à l'offrande, les golletes qui sont des pains ronds roses. Nous plaçons également les photos pour qu'elles restent présentes en image.

Combien de niveaux ont vos autels ?

- Notre autel traditionnel d'offrandes a 3 niveaux qui représentent le ciel, la terre et le monde souterrain, il est important de souligner que dans ma communauté l'offrande est placée au fur et à mesure que les heures passent, tout n'est pas placé en une fois, mais petit à petit des éléments sont ajoutés, au petit déjeuner, au déjeuner et au dîner car nous avons l'idée qu'ils sont avec nous et en même temps nous partageons la nourriture avec eux.

Comment sont-ils reçus ?

- Nous accueillons les âmes des enfants le 31 octobre à midi, les cloches sonnent et les portes des maisons sont ouvertes, ils sont accueillis avec de la fumée de copal et un chemin de fleurs. Nous faisons la même chose le 1er novembre pour accueillir les âmes plus âgées, à midi nous ouvrons les portes, les cloches sonnent et nous déposons un chemin de cempasúchitl sur l'autel que nous avons préparé avec amour pour eux.

Comme nous pouvons le constater, les villes ont des caractéristiques communes, car elles sont guidées par le cycle agricole, dans ce cas la saison des pluies. Ce partage, cette préparation, cette attente, cette discussion avec les ancêtres est la véritable ayni/réciprocité, un échange d'énergies entre deux plans ou deux mondes, le monde spirituel et le monde dans lequel nous vivons, à ces dates ces plans, ces mondes, se réunissent.

L'ayni andin est l'application éthique et sociale du principe de complémentarité. Tout acte humain (mais aussi divin) n'atteint sa finalité que lorsqu'il correspond à un acte équivalent réciproque et complémentaire d'un ou plusieurs autres, sujet, le don de donner et de recevoir. Nous pouvons dire que le jour des morts se distingue de l'ensemble des coutumes d'un peuple, en raison de son exigence et de son efficacité, puisque la protection du peuple en dépend, qui donne ses offrandes, symbole de munay/amour, llankay/travail et ayni/réciprocité.

Ce rite aux ancêtres peut être interprété comme un renouvellement qu'année après année, les enfants de la terre font avec la nature et le cosmos. La chose la plus importante à prendre en compte est la croyance de ces personnes, qui assurent qu'après la mort l'esprit vit, il ne meurt pas, nous devons seulement nous souvenir d'eux parce qu'ils sont parmi nous.

Par Amalia N Vargas. PukioSonqo
Date : 1/11/2021

Glossaire :
Cempasúchitl : fleur à vingt pétales.
Ayamarq`ayKilla : le mois où les morts sont ressuscités (Quechua).
WiñayPacha : Temps éternel (Aymara)

traduction carolita d'un article paru sur Elorejiverde le 01/11/2021

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