"La volonté du peuple hondurien doit être respectée"

Publié le 27 Novembre 2021

24 novembre, 2021 par Tercer Mundo

Olivia Zúniga Cáceres, députée du Parti Libre du Honduras, a dénoncé les campagnes de haine, de violence et d'intimidation contre les membres et les candidats de l'opposition dans le cadre des élections présidentielles.

Par Zoe Alexandra Pepper pour ARG Medios

Ce dimanche 28 novembre, 5,5 millions de Honduriens et Honduriennes pourront participer aux élections générales visant à élire le président, 128 députés au Congrès national, 298 maires et 20 députés au Parlement d'Amérique centrale. Le processus électoral a été dénoncé par des membres de l'opposition et des organisations de défense des droits de l'homme, à l'intérieur et à l'extérieur du Honduras, pour la grave violation des droits fondamentaux de l'opposition et du peuple à un processus électoral pacifique et légal.

Pour Olivia Zúniga Cáceres, députée du Partido por la Liberación y Refundación/Parti pour la Libération et la Refondation  (Libre) du département d'Intibucá, cela est dû au contexte du Honduras et à la situation politique de la dernière décennie. "Huit ans de dictature de Juan Orlando Hernández (JOH) et 12 ans de dictature du Parti national (PN), donc évidemment ce n'est pas un processus normal", explique-t-elle.

En juin 2009, le président hondurien de l'époque, Manuel Zelaya, a été renversé par un coup d'État militaire qui a rompu avec l'ordre démocratique du pays et imposé ce que beaucoup qualifient aujourd'hui de "narco-dictature", dirigée par le Parti national. Ces 12 années ont été caractérisées par une forte militarisation du pays, la cession de territoires à des acteurs privés pour l'extraction de ressources naturelles, la détérioration des conditions socio-économiques de la majorité, des coupes dans le secteur public, une corruption flagrante et une migration massive vers l'étranger.

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C'est dans ce sens que la campagne du parti Libre, avec son slogan "Se Van", cherche à mettre fin à ce cycle qui a miné le bien-être du peuple hondurien dans tous les sens du terme. La candidature de Libre a reçu un grand soutien, avec Xiomara Castro comme candidate présidentielle, qui est en tête dans presque tous les sondages d'opinion et les intentions de vote. Toutefois, comme nous le rappelle Zúniga Cáceres, ceux qui sont arrivés au pouvoir par des coups d'État et des fraudes ne quitteront pas le pouvoir comme ça. Et elle prévient qu'il y a "une certaine peur de la violence du Parti national, de la violence de ceux qui se sentent vaincus, qui savent qu'ils vont perdre le processus électoral".

Campagnes contre la haine

Selon la députée d'Intibucá, l'atmosphère à six jours des élections est "marquée par la répression, la persécution, la criminalisation et de nombreuses campagnes de haine, en particulier contre les femmes". Elle-même a reçu des menaces et des attaques constantes de la part des médias hégémoniques, des membres et des partisans du Parti national et des forces de sécurité pour sa position ferme contre les actes de corruption et de violence du parti au pouvoir.

Le 14 novembre, le Bureau au Honduras du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a condamné les actes de violence électorale suite au meurtre de trois candidats à la mairie : Francisco Gaitán, Elvir Casaña et Luis Gustavo Castellanos. Le HCDH a dénoncé le fait que, depuis les élections primaires, il y a eu au moins 28 décès dans le cadre de la violence politique et a appelé les acteurs impliqués à "mener des élections pacifiques dans le respect des droits de l'homme". Le 22 novembre, suite au meurtre de deux défenseurs des droits de l'homme, le HCDH a émis une nouvelle alerte sur l'augmentation de la violence politique dans le pays.

Xiomara Castro a été la cible constante de campagnes de haine, de menaces et d'attaques de la part du parti au pouvoir et d'autres forces. Lors d'une marche organisée le 7 novembre par Nasry Asfura, candidat du Parti national - ou "Papi" -, ses partisans portaient une banderole avec un dessin représentant Xiomara en train de poignarder le ventre d'une femme enceinte. Lors de la marche, le slogan était "Papi oui, communisme non !
La représentante du Parti Libre au Conseil National Electoral, Rixi Moncada, qui sera l'une des personnes chargées de garantir un processus électoral transparent et légitime, a également été la cible "d'une énorme campagne de diffamation et de haine, et surtout d'un boycott de tout ce qu'elle a développé dans ce processus électoral", explique Zúniga Cáceres.

La fraude a déjà commencé


Les élections de 2017 ont été classées par de nombreuses organisations et institutions honduriennes et internationales comme frauduleuses en raison d'irrégularités dans le processus de dépouillement. La tendance irréversible en faveur du candidat de l'opposition, Salvador Nasralla, a été inversée en faveur de Juan Orlando Hernández après une panne du système. Après l'événement, l'écart s'est creusé et la victoire inattendue (et pour beaucoup, inventée) de JOH a été consolidée.

La fraude évidente a motivé des milliers de personnes à descendre dans la rue en signe de rejet, organisant des occupations et des blocages de routes dans tout le pays pour "lutter pour la défense des principes démocratiques selon lesquels la volonté du souverain, du peuple hondurien doit être respectée", déclare Zúniga Cáceres. Au cours de ces manifestations, plus de 35 jeunes ont été tués par les forces de sécurité et, à ce jour, aucune justice n'a été rendue dans ces affaires.

"Aujourd'hui, nous espérons que cette même histoire ne se répète pas, que la volonté du peuple prévaut, que les principes démocratiques prévalent et qu'une fois de plus nous ne verrons pas des Honduriens et des Honduriennes assassinés dans les rues de manière flagrante et une répression avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des emprisonnements extrajudiciaires", souligne-t-elle.

La fraude ne concerne pas seulement le décompte des voix le jour du scrutin. Selon la députée, il s'agit d'un processus beaucoup plus large qui se manifeste déjà par "l'achat de votes et la fourniture d'aide par les agences de coopération internationale et d'autres pays lors des ouragans Eta et Iota". En outre, elle dénonce le fait que la campagne politique du Parti national a été financée "par le trafic de drogue et l'argent volé lors de la pandémie de COVID-19 avec les fameux cas des hôpitaux mobiles".

La violence

Avec le déploiement des militaires sur l'ensemble du territoire national, couplé aux rumeurs selon lesquelles les forces armées se préparent à une crise prolongée et à l'ombre des violences répressives de 2017, beaucoup craignent ce qui pourrait arriver après le 28 novembre.

Dans les médias grand public, la violence électorale est qualifiée d'"émeutes terroristes" et les manifestants sont traités comme des manifestants de guerre. Zúniga Cáceres précise que ceux qui imposent la violence sont "le Parti national et la dictature". Les élites oligarchiques aussi, qui ne veulent pas renoncer à leurs avantages, à leurs privilèges. La violence n'est jamais venue du peuple.

La députée hondurienne souligne : "Nous parions que nous allons être victorieux. Notre appel a toujours été pour la paix, pour une fête démocratique, une fête civique. Nous savons que le peuple hondurien sortira de manière disciplinée et ordonnée pour exercer son suffrage". Enfin, Zúniga Cáceres demande qu'il n'y ait plus d'assassinats de dirigeants politiques et insiste pour que l'opposition ne tombe pas dans la provocation et "cette stratégie violente qui a été menée contre le peuple hondurien et contre le parti Libre, contre Xiomara Castro et tous les candidats de l'opposition".

*Par Zoe Alexandra Pepper / Photo de couverture : Fernando Antonio - AP.

traduction caro d'un article paru sur la Tinta le 24/11/2021

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Honduras, #Elections, #Violence, #Campagnes de haine

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