La vie à bord d'un navire négrier

Publié le 7 Novembre 2021

7 novembre, 2021  


Les navires négriers passaient plusieurs mois à voyager dans différentes parties de la côte pour acheter leur cargaison. Les captifs étaient souvent en mauvaise santé en raison des abus physiques et mentaux qu'ils avaient subis. Ils étaient emmenés à bord, déshabillés et examinés de la tête aux pieds par le capitaine ou le chirurgien.


Les conditions à bord du navire pendant le voyage étaient épouvantables. Les hommes étaient entassés sous le pont et attachés avec des fers aux pieds. L'espace était si exigu qu'ils étaient obligés de s'accroupir ou de s'allonger. Les femmes et les enfants étaient gardés dans des quartiers séparés, parfois sur le pont, ce qui leur laissait une liberté de mouvement limitée, mais les exposait aussi à la violence et aux abus sexuels de l'équipage.

L'air de la cale était fétide et pourri. Le mal de mer était courant et la chaleur était oppressante. Le manque d'hygiène et les conditions étouffantes signifiaient que la menace de maladie était constante. Les épidémies de fièvre, de dysenterie et de variole étaient fréquentes. Les captifs enduraient ces conditions pendant environ deux mois, parfois plus.

Par beau temps, les captifs étaient emmenés sur le pont en milieu de matinée et forcés à faire de l'exercice. Ils étaient nourris deux fois par jour et ceux qui refusaient de manger étaient nourris de force. Ceux qui sont morts ont été jetés par-dessus bord.

La combinaison de la maladie, de la nourriture inadéquate, de la rébellion et des punitions a eu un grand impact sur les captifs et l'équipage. Les archives qui subsistent suggèrent que jusque dans les années 1750, un captif africain sur cinq à bord d'un navire négrier est mort.

Certains gouvernements européens, comme les britanniques et les français, ont introduit des lois pour contrôler les conditions à bord. Ils réduisaient le nombre de personnes autorisées à bord et exigeaient la présence d'un chirurgien. La principale raison de cette action est le souci de l'équipage plutôt que des captifs.

Les chirurgiens, bien que souvent non qualifiés, étaient payés pour maintenir les captifs en vie. Vers 1800, les registres montrent que le nombre de décès d'africains est tombé à environ un sur dix-huit.

Plan du navire négrier Brookes (1788) par l’abolitionniste Thomas Clarkson, représentant un entassement invraisemblable Par Plymouth Chapter of the Society for Effecting the Abolition of the Slave Trade — 

Résistance

Nos ancêtres enlevés ont résisté à leur perte de liberté par des actes de résistance individuels et des révoltes organisées. La plupart de ces révoltes ont échoué et ont été punies avec une férocité brutale. Certains captifs ont résisté en se suicidant, généralement en sautant par-dessus bord.

Les capitaines et les équipages avaient toujours peur des révoltes, ce qui ajoutait à l'atmosphère de violence et de suspicion. Ils fouillaient quotidiennement les cales à la recherche d'armes éventuelles et punissaient sévèrement tout acte de résistance, même mineur.

Tentatives d'insurrection à bord de l'Unity

Nous publions ici des extraits du journal de bord du navire négrier Unity de Liverpool, propriété de la famille Earle, où le capitaine Richard Norris a consigné les tentatives de soulèvement à bord. Le journal de bord fait partie des collections du Centre des archives du Musée national de Liverpool.

Le registre fournit des détails précieux sur les activités d'un capitaine d'esclaves et la vie à bord de son navire, y compris les décès de nos ancêtres réduits en esclavage et les insurrections (révoltes). Après avoir pris une cargaison de cauris à Helvoetsburg, en Hollande, le 8 août 1769, le navire est arrivé au large de la côte africaine, au château de Cape Coast, le 16 novembre 1769.

Deux jours plus tard, ils arrivent à Whydah et, après un intervalle inexpliqué de deux mois, "montent à Abomey, la capitale du Dahomey pour assister le roi", étant transportés en partie dans des hamacs. Ils sont partis le 28 avril 1770, avec 227 ancêtres asservis à bord, et à leur arrivée à São Tomás (Sáo Tomé), ils ont reçu un transfert de 200 africains asservis du navire "Society", portant le total à 425, avec la perte d'un homme connu seulement comme "esclave numéro 8".

Le voyage a été mouvementé, comme le montrent les extraits suivants. Cela nous montre que nos ancêtres n'ont jamais cédé passivement à leur destin et que seule la violence criminelle a réussi à les briser :

6 juin 1770

"Les esclaves ont fait une insurrection qui a été rapidement réprimée avec la perte de deux femmes".

23 juin 1770

"Mort d'une esclave, n°13. Les esclaves tentent une insurrection, perdent un homme de l'achat du capitaine Monypenny, qui saute par-dessus bord et se noie. Les hommes ont été attachés avec des chaînes et les femmes en question ont reçu 24 coups de fouet chacune."

26 juin 1770

"Les esclaves, ce jour-là, ont proposé de faire une insurrection et certains d'entre eux ont enlevé leurs menottes mais ont été détectés à temps."

27 juin 1770

"Les esclaves ont tenté de forcer les barreaux la nuit dans le but d'assassiner les blancs ou de se noyer, mais ils en ont été empêchés par le gardien. Au matin, ils ont avoué leur intention, et les femmes et les hommes étaient déterminés à sauter par-dessus bord, mais étant empêchés par leurs fers, ils ont résolu comme dernier recours de brûler le navire. Leur obstination m'a mis dans l'obligation d'abattre le meneur".

Il est impossible d'imaginer la terreur, le désespoir et la douleur que nos ancêtres ont endurés sur ces navires qui les emmenaient contre leur gré vers des terres inconnues. Nous ne pouvons que nous souvenir de leur mémoire et ne pas oublier, continuer à exiger la réparation de ce crime comme une étape essentielle.

Où que soient ceux qui n'ont jamais atteint leur destination et ont péri dans des rébellions et des représailles ou en se jetant à la mer par désespoir, ils vivront toujours en nous. Nous sommes leur victoire.

Afroféminas

traduction caro

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