Colombie :  Minga de l'Art indigène : une stratégie pour rester en vie

Publié le 22 Novembre 2021

Photo : Cric

Servindi, 21 novembre, 2021 - Que peut faire un peuple quand il est poussé aux limites de sa résistance, quand ses territoires sont envahis et dépossédés et quand de jeunes leaders et combattants sont impitoyablement assassinés ?

Il semblerait que la Minga d'art indigène qui se déroule ces jours-ci à Popayán soit une stratégie pour se faire sentir comme des peuples vivants et réels et ainsi exprimer leur richesse et leur sensibilité dans toute leur plénitude.

La Minga d'art indigène est organisée par le Conseil régional indigène du Cauca (CRIC) et l'Association des médias indigènes de Colombie (réseau AMCIC).

"Avec l'art, la société pourra comprendre la vie indigène dans les territoires, liée à son histoire, à son présent et aux décisions proposées en tant que peuples à partir de notre autonomie", indique le CRIC.

Dans la Minga d'art indigène, chacun des onze peuples originaires du Cauca participe, mettant en valeur les sept cercles du mot : art visuel, danse, musique, nourriture, tissage, oralité et art ancestral.

"Tous les arts se complètent (...) ils racontent une même histoire, ils racontent l'histoire de chaque peuple, c'est pourquoi ils sont pratiqués avec le respect et tout l'honneur qu'ils méritent", peut-on lire dans une note du CRIC.

"Il ne s'agit pas seulement de danser pour le plaisir de danser, ou de tisser pour le gain économique, mais nous devons aussi être conscients de notre histoire et la capturer avec toute notre essence de peuples autochtones dans chaque art que nous faisons ou pratiquons".

Ces réunions réunissent des experts culturels autochtones locaux, nationaux et internationaux, qui montrent leurs connaissances et leur essence en tant que peuples autochtones.

La minga cherche à rendre visible et à renforcer l'art en tant qu'élément principal de la participation culturelle. Pour cette raison, elle va au-delà des mobilisations et des revendications pour des accords non respectés.

La minga a commencé par une démonstration de danses, un moyen de résistance qui raconte et transmet les histoires de la lutte des peuples. Chaque étape, chaque élément du costume porte une signification qui enrichit le souvenir.

Dans ses différents niveaux et dimensions, la minga cherche à faire ressentir la vie et à ce que les nouvelles générations puissent connaître et apprécier la richesse ressentie par chaque peuple dans ses différentes manifestations. C'est ainsi que l'avenir se tisse dans les enfants et les adolescents.

Le sac à dos est un tissu très important pour les femmes car il représente le ventre de la femme, qui peut s'agrandir avec l'arrivée d'un nouvel être et, dans ce cas, les choses qui y sont déposées (Imelda Jiménez, peuple Yanacona). 

Les colliers, bracelets et autres accessoires fabriqués avec des perles colorées pour hommes et femmes se distinguent par la diversité des motifs de chaque peuple autochtone.

Il ne s'agit pas d'un concours de dessins ou de prix, mais de montrer la diversité et la personnalité de chaque peuple autochtone.

L'art dépasse la valeur économique pour devenir une forme de survie du peuple (Amanda Ulchur, peuple Quizgó). 

Et il ne s'agit pas de rester dans le passé. La culture est quelque chose de vivant, de dynamique, qui s'enrichit en fonction de la vie. C'est ce que rapporte une note du CRIC sur l'initiative d'un couple de jeunes étudiants en stylisme.

Originaires du Pueblo Nuevo, territoire de Sat Tama Kiwe, ils associent l'art ancestral aux connaissances académiques pour présenter de nouvelles propositions de vêtements et d'accessoires. 

Ils utilisent la beauté des fleurs locales de leur territoire et les reproduisent en boucles d'oreilles, colliers ou appliqués pour les attacher à des costumes qui ressemblent aux costumes traditionnels du peuple Nasa.

L'important, disent-ils, est que ces connaissances soient partagées avec les tisserands et les artisans en général dans la communauté afin que leur peuple soit reconnu d'un point de vue artistique et ne soit pas seulement une composante folklorique du territoire national, selon la note d'information.

Il ne manque pas non plus de tissages Chumbes de différents villages qui communiquent en général l'histoire des ancêtres, la richesse de la terre mère, le maïs comme produit principal pour préserver la santé et la vie, la fertilité, l'unité familiale, entre autres thèmes.

Ci-dessous, vous pouvez voir le programme de la Minga del Arte Indígena préparé jusqu'au 21 novembre. Vous pouvez suivre l'événement sur les réseaux sociaux du CRIC.

Comment est née la Minga régionale d'art et de communication indigènes ?

Le droit à leur propre communication est l'une des composantes établies pour le développement intégral de la politique publique autochtone pour le CRIC (décret 1811 de 2017).

Ainsi, à travers l'acte spécifique sur le thème de la communication, il est fait mention des quatre axes stratégiques sur le thème de la communication autochtone :

  • les formes indigènes de communication,
  • les médias appropriés,
  • le plan de formation et
  • les droits et garanties pour son opérabilité.

Le programme de communication du CRIC propose une stratégie visant à garantir l'intégrité du droit à la communication autochtone et à mettre en pratique ses principaux postulats afin de faire progresser la réalisation effective et inéluctable de ce droit.

Nous avons appelé cette stratégie "la Minga régionale de l'art et de la communication indigènes". En tenant compte du fait que l'art autochtone a été considéré comme un élément structurel de la communication propre des peuples autochtones (Politique de communication publique des peuples autochtones de Colombie - 2017).

traduction carolita d'u article paru sur Servindi.org le 21/11/2021

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