Colombie : Le peuple Malibú
Publié le 27 Novembre 2021
rioMagdalena https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Rio_Magdalena,_Colombia_01.jpg
Peuple autochtone de Colombie qui vivait le long du Rio Magdalena dans les états actuels de Bolívar et Magdalena.
Il y a 800 ans le bassin inférieur du rio Magdalena en Colombie était contrôlé par un groupe ethnique appelé Malibú qui profitait de l’importance de cet axe fluvial pour les communications.
Ils ont pu consolider un réseau commercial s’étendant au-delà des rives du fleuve jusqu’au rio San Jorge.
Un des plus importants centre commerciaux était Zambrano dans le bas Magdalena.
Ce lieu rassemblait des personnes et des produits de différentes régions du pays.
Des objets en céramiques, des objets en or ou en argent, des ornements en os et des coquillages ont été trouvés dans le sol de la région et peuvent témoigner de ce réseau commercial.
La poterie malibú se caractérise par sa couleur orange avec des taches de cuisson zonées, des motifs incisés et diverses formes.
Au moment de la conquête, les espagnols profitent des compétences des Malibús comme navigateurs pour remonter le fleuve Magdalena à la conquête des hauts plateaux du nord-ouest de l’Amérique du sud.
Le nom de Malibú leur a été donné par les espagnols.
Les Malibús se divisaient en 3 tribus :
- Les Pacabuey, et les Sampallón ou Malibú des lagunes
- Les Malibús du fleuve Magdalena
- Les Mocana entre Carthagène et le bas Magdalena
Localisation
Les Malibús au moment de la conquête vivaient sur les rives bordant le rio Magdalena, de Tamalameque à Tenerife (source Antonio Rodriguez de Medina).
Les Malibús des lagunes occupaient les villages de Senpeheguas, Panquiche, Sopati, Sopatosa, Simichagua, Soloba.
Les Malibús du rio occupaient les villes de Tamalaguataca, Tamalaque, Nicaho ; toutes les rives en aval jusqu’à Tenerife.
C’étaient deux groupes indigènes de langues différentes mais apparentées, s’étendant au moment de la conquête depuis le sud de la lagune de Zapatoza jusqu’à l’embouchure du Magdalena, à l’ouest jusqu’à la région de Carthagène.
Les Malibús des lagunes de Zapatoza portaient aussi le nom de Pacabuey. Le cacique qui dirigeait les Pacabuey était Tamalameque.
Les indigènes des environs de Carthagène étaient aussi des Malibúes.
Le peuple Mocana (Mokana) selon Rivet était probablement une tribu Malibú.
La dépression Momposina
La dépression Momposina est une vaste dépression située entre la plaine des Caraïbes et les contreforts des chaînes de montagnes Ayapel, San Lucas et Perijá. Les tronçons bas des rivières San Jorge, Cauca, Cesar et leurs confluents respectifs avec le Magdalena forment une vallée fertile avec de vastes marais -temporaires et permanents- qui, à l’époque des inondations, augmentent considérablement leur surface.
C’est un « delta intérieur » qui reçoit une grande quantité de sédiments des Andes avec les eaux de crue, en étant soumis à un processus constant d’affaissement ; dans sa morphologie plate, l’alternance des crues provoque le débordement des marais, en étendant les eaux ou les playones pour qu’ils deviennent secs et exploitables. Avec une pluviométrie annuelle moyenne de 2500 mm, sa forêt tropicale abrite une faune diversifiée : oiseaux, poissons, amphibiens et reptiles.
Quand le río Magdalena atteint El Banco, il se divise en deux bras -Mompox et Loba-Quitasol- formant l’énorme île fluviale de 2,930 km2- de Mompox. Le système d’eau de la dépression Momposina servait de voie de communication dans une grande partie des basses terres des Caraïbes, à l’ouest les eaux d’amont de San Jorge rejoignent presque le Sinu supérieur, à l’est le Cesar était la voie traditionnelle pour atteindre le bassin du lac Maracaibo par la Sierra Nevada de Santa Marta sud.
Une présence culturelle continue a été établie au moins depuis 810 av. JC-Caño Pimienta – jusqu’à 1650 ap JC . Durant ces années, ils ont construit, entretenu et remis en état un système hydraulique qui contrôlait le débit des débordements et obtenait une fertilisation périodique des sols avec les sédiments apportés par les rivières.
Plus de 5 000 km2 de terres gorgées d’eau ont été utilisés tout au long de l’année pour la production alimentaire. Les canaux des camellones et des caños servaient de moyens de communication et de transport des produits. Ce système, avec ses marécages, son réseau de canaux et de camellones reliés et ses canalisations, faisait partie d’un environnement fluvial magnifique pour le développement des communautés indigènes. La dépression Momposina est un garde-manger agricole, ironiquement la connaissance de la gestion de l’eau a été perdue et les gens qui y vivent aujourd’hui vivent dans des conditions précaires. (source de cette traduction)
Après l’an 1000 après J.C. pour des raisons inconnues jusqu’alors, les zones inondables ont été progressivement retirées et expulsées.
Vers 1300 après J.C., elles ont été occupées par des groupes Malibus du rio Magdalena, qui n’ont pas construit de canaux et se sont consacrés à tirer profit de la zone environnante.
Céramique Tradition Incisée Lissée
Les vestiges de cette occupation sont dispersés sur les berges des rives et des méandres sans rapport avec les systèmes hydrauliques. Ils déposaient leurs morts dans des urnes funéraires enterrées dans leurs maisons. Les céramiques trouvées dans les dépotoirs et les sépultures sont de bonne qualité et les formes sobres, sans distinction entre les pots à usage domestique et rituel, correspondent à la tradition de l’Incisée Lissée, répandue sur le cours inférieur de la Magdalena.
Ils cultivaient le maïs, le manioc doux et le manioc amer ; leur régime agricole devait être soumis au rythme de l’augmentation et de la sécheresse des voies fluviales, faute de travaux pour le contrôle des eaux. Leur économie de subsistance était complétée par la pêche, la chasse, l’agriculture et la cueillette de nourriture végétale ; un mode de vie semblable à celui de ses habitants actuels. (source de cette traduction)
Ce que l’on sait d’eux par rapport aux fouilles
En 2013 la compagnie pétrolière Pacific Rubiales a découvert des vestiges archéologiques des indiens Malibues datant de 700 ans, à Sucre dans le nord de la Colombie, dans la zone d'exploration dite Bloque La Corriente. Des céramiques, des outils en pierre, des restes osseux des anciens habitants de cet endroit. (source)
Ils ne semblaient pas produire d’orfèvrerie et l’or mentionnés dans leur dossier démontre la présence dans des artefacts découverts lors des fouilles d’objets provenant probablement des Zenús ou des Taironas.
En étudiant les différentes composantes trouvées dans les fouilles les chercheurs émettent des hypothèses :
1. Les coquilles et mollusques marins démontrent que les Malibúes avaient des relations étroites avec l’Amérique centrale et l’on retrouve des coquillages dans le bas Magdalena et la Serranía de San Jacinto dans les chronologies tardives.
2. Rapport à l’environnement
Les Malibues avaient, semble-t-il une autre façon de se rapporter à l’environnement que celle des Zenues qui avaient adopté le système d’ingénierie hydraulique dans la dépression Momposina générant peut-être de la déforestation et produisant un paysage adapté à la dynamique climatique de la région.
A certaines périodes de l’année, les Malibues vivaient près de la rivière, à d’autres ils vivaient dans les parties hautes.
Les Zenues, eux, vivaient toujours au même endroit qu’ils avaient adapté comme habitat.
Musée communautaire San Jacinto
Langue
De Straughn - Trabajo propio, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4477747
Selon le père Simón, les Mocana seraient venus en canots de la région comprise entre Maracapana et Caracas (10, LV,19), ce qui laisse à penser à une affinité linguistique karib.
Les comparaisons avec les idiomes d’Amérique du sud ou centrale ont été vains pour Rivet. De nos jours ces langues sont éteintes et toujours mal connues.
La langue malibú a été regroupée dans une seule famille avec la langue chimila. Cependant le chimila est une langue chibcha et le regroupement ne serait fait sans aucune base factuelle.
Vocabulaire
Rivet donne une brève liste de mots de malibú et de mocana sans distinguer ces deux langues :
- Tahana : arbre manzanillo, hippolame mancinello L. Sa sève sert de poison pour les flèches.
- Malibú : cacique ou chef en mocana
- Man : canot
- Man : chicha, boisson fermentée de manioc ou de maïs
- Entaha : manioc
- Embutac : manioc
- Mayun : nariguera d’or (ornement nasal)
- Cacarracacá : petit poisson qui chasse les crocodiles
- Mayban : prêtre indigène, sorcier
- Cararia : résine qui sert à peindre le corps
- ytaylaco/yteylaco/yntelas/ytaylas : démon, dieu
- Kalimboor : position, lieu
Sources : una mirada a la vida de los Malibú desde su cultura material
Les indiens Malibú de Paul Rivet
Vidéo Los Malibues recorrido virtual desde Mapuka
Cultures des Caraïbes sud-américaines : Peuplement de la dépression Momposina - coco Magnanville
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