Brésil : Le quilombo de Palmares et le jour de la Conscience Noire
Publié le 11 Novembre 2021
Le quilombo de Palmares (quilombos dos Palmares) a été le plus grand quilombo d’Amérique latine.
Il était construit dans la région actuelle d’Alagoas et comptait environ 20.000 habitants.
Il est un grand symbole de la résistance des esclaves brésiliens et de ce fait il a connu de nombreuses expéditions organisées par les portugais et les hollandais pour y mettre un terme.
Le quilombo était considéré comme une menace par les colonisateurs car il encourageait les fuites d’esclaves.
Il sera détruit en 1694 et son leader Zumbi sera tué l’année suivante dans une embuscade.
Le quilombo apparaît à la fin du XVIe siècle sur le territoire de la Capitainerie de Pernambouco (actuel Alagoas).
Etat d'Alagoas où se trouvait le quilombo de Palmares Par Raphael Lorenzeto de Abreu — Travail personnel, CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=724809
Serra da Barriga https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Mirante_Serra_da_Barriga.jpg
Ce sont des esclaves en fuite des plantations qui le forment dans la Serra do Barriga, une zone forestière.
La première mention du quilombo dans un document date de 1597 – des théories pour autant disent qu’il existait avant. La quilombo devient connu et attire de plus en plus d’esclaves en fuite portant le nombre à 20.000 personnes.
Le nom palmares vient de la présence de palmiers dans la région où il est implanté. Ces arbres représentent une grande valeur pour la survie des noirs marrons, il fournit tout d’abord de la nourriture avec les cœurs de palmier, ses feuilles servent à recouvrir les toitures des maisons.
La vie dans le quilombo n’est pas simple, il faut sans cesse être sur ses gardes.
Pour se protéger le quilombo est situé dans une région montagneuse, peu peuplée et couverte de forêts denses.
Les macombos
Le quilombo était formé de macombos, c'est-à-dire de petites colonies d’esclaves en fuite qui formèrent ensuite une confédération quilombola s’étendant sur un territoire assez vaste. Certains mocambos étaient Aqualtune, Andalousia, Subupira, Cerca Real do Macaco (Mocambo do Macaco).
C’est ce dernier qui est le plus important, c’est le centre politique de Palmares, le lieu où réside le roi du quilombo, c’est la capitale la plus peuplée avec 6000 habitants. La sécurité y était stricte, la colonie était entourée de trois palissades en bois, elle avait des tours de guet, des veilleurs, des pièges étaient situés autour constitués de fossés avec des piques cachées dans de la paille. Le chemin d’accès au quilombo était connu seulement des habitants.
Réplique du siège administratif du quilombo https://pt.m.wikipedia.org/wiki/Ficheiro:Replica_da_sede_administrativa_do_Quilombo.jpg
La jonction des mocambos formant Palmares était nommée par les quilombolas Angola Janga (petit Angola). Ils avaient la volonté de former un petit état africain en plein cœur du continent américain.
La quilombo avait sa propre structure de pouvoir, d’administration et de travail. Ils entretenaient des contacts avec les petits colons, avec les petits villages de la région en vue d’échanges de marchandise.
Ils produisaient une agriculture de subsistance à base de manioc (farine), haricots, pommes de terre et maïs, mélasse ( à partir de la canne à sucre) complétée par la cueillette de cœurs de palmier et de fruits de la forêt.
Statue de Zumbi dos Palmares https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Est%C3%A1tua_de_Zumbi_dos_Palmares.jpg
Deux dirigeants sont connu, Ganga Zumba mort dans des conditions mystérieuses qui dirige Palmares de 1645 à 1678 et Zumbi qui est élu chef du quilombo de 1678 à 1695, il sera tué par les portugais.
Dans les années 1670, Ganga Zumba avait un palais, trois épouses, des gardes, des ministres et des sujets dévoués dans son complexe royal appelé Macaco . Macaco vient du nom d'un singe qui avait été tué sur le site. Le complexe se composait de 1 500 maisons qui abritaient sa famille, des gardes et des fonctionnaires, tous considérés comme des membres de la royauté. Il recevait le respect d'un monarque et l'honneur d'un seigneur.
En 1678, Zumba accepta un traité de paix proposé par le gouverneur portugais de Pernambuco , qui exigeait que les Palmarinos se réinstallent dans la vallée de Cucaú . Le traité a été contesté par Zumbi , l'un des neveux de Ganga Zumba, qui a mené une révolte contre lui. Dans la confusion qui a suivi, Ganga Zumba a été empoisonné, très probablement par l'un de ses propres parents pour avoir conclu un traité avec les Portugais. Et beaucoup de ses disciples qui s'étaient installés dans la vallée de Cucaú ont été de nouveau réduits en esclavage par les portugais. La résistance aux portugais s'est ensuite poursuivie sous Zumbi.
Zumbi dos Palmares Par Antônio Parreiras — [2], Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10820172
Journée de la Conscience Noire
Zumbi quand à lui a été élu symbole de la lutte et de la résistance des esclaves noirs au Brésil par les membres du mouvement noir unifié contre les discriminations raciales lors d’un congrès en 1978.
Par Carlos Latuff — http://latuff2.deviantart.com/art/Black-Conscience-Day-43204479, Copyrighted free use, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3117948
Le 20 novembre est devenu la date pour célébrer et se souvenir de cette lutte des noirs contre l’oppression au Brésil.
Le choix du 20 novembre s’inscrit dans le contexte du déclin de la dictature militaire (à la fin des années 1970) et de la redémocratisation du pays. Avec cette redémocratisation brésilienne et la promulgation de la constitution de 1988, les segments de la société y compris les mouvements sociaux comme les mouvements noirs y accèdent à plus d’importance dans les décisions politiques.
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Quilombo_dos_Palmares_%C3%A9_palco_de_reflex%C3%A3o_e_festa_no_20_de_novembro_(31061856911).jpg
Dans le cadre de la journée nationale de Zumbi et de la Conscience noire, la date est créée par la loi n° 12.519 le 10 novembre 2011 sous le gouvernement de Dilma Rousseff.
Ce n’est pas un jour férié national, les gouvernements de chaque état et des villes brésiliennes choisissent s’ils le souhaitent d’en faire un jour férié. En 2018, 1047 municipalités sur 5561 ont choisi de célébrer la date de la Conscience noire. Ce qui est loin d’être un record !!
Cette journée de reconnaissance ne doit pas faire oublier le fossé d’inégalités existant au Brésil entre les populations afrodescendantes, quilombolas et autochtones dans tous les domaines sociaux et des droits humains.
La crise du COVID 19 dans sa gestion catastrophique par le gouvernement brésilien en a révélé les relents : non accès aux soins primaires de santé et d’eau potable ainsi que des intrants nécessaires à la limitation de la pandémie dans les quilombolas, par exemple : un scandale sanitaire et humain qui relève, comme pour le cas des autochtones d’une volonté génocidaire. Mais ce mot fait peur apparemment dans les textes dénonciateurs : génocide n’est pourtant qu’un mot qui a une définition qui correspond, elle, à la réalité des gens sur le terrain.
sources : brasilescola, wikipedia