Brésil : Le protagonisme des femmes quilombolas

Publié le 9 Novembre 2021

Le protagonisme des femmes quilombolas

Avec 20 ans d'existence, la Coordination Nationale d'Articulation des Communautés Rurales Noires Quilombolas - CONAQ continue dans la lutte quotidienne pour la démarcation des territoires et la souveraineté du peuple Quilombola dans le pays, dans la confrontation contre le racisme institutionnel, environnemental, social, culturel et surtout dans la vigilance constante pour que les Lois soient accomplies, en faveur de ceux qui en ont besoin. Il n'y a pas de lutte quilombola sans la participation des femmes.

Nous savons que nous, femmes quilombolas, accumulons tout au long de notre vie les fonctions de mère ou non, de responsable du foyer, de soin du champ, des animaux, de casser des noix de coco, de griller de la farine ou de faire du charbon de bois, dans le labeur quotidien des tâches ménagères, de prendre soin de la famille, de travailler dans le commerce, dans la santé, dans l'éducation, d'étudier. En bref, le cumul des fonctions dans la tâche quotidienne qu'est être une femme.

Dona Bernadete Pacífico, matriarche quilombola de la communauté Pitanga dos Palmares à Bahia

La violence que nous subissons est une violence pour le fait que nous sommes des femmes, c'est la première violence.  La violence peut être physique, morale, psychologique. Les innombrables formes de violence qui affectent les femmes quilombolas sont vécues sur notre propre territoire, impliquant : la famille, l'environnement, la religiosité, le racisme institutionnel. La violence domestique est l'un des principaux problèmes de nos communautés, et nous restons fermes en la dénonçant toujours !

Nous avons constaté qu'il est difficile de garder nos leaders au sein des communautés, en particulier nos jeunes femmes. Rien ne les incite à rester dans les territoires. Nous devons quitter le quilombo à la recherche d'une formation technique et professionnelle. Cela affaiblit le lien avec la communauté et le sentiment d'appartenance à nos racines.

Autour de questions qui sont prioritaires dans notre lutte en tant que femmes quilombolas, nous nous réunissons en groupes de travail, échangeons des expériences, organisons des réunions nationales, des ateliers et préparons des propositions pour la construction et l'amélioration des politiques publiques, du point de vue des femmes quilombolas. Nous avons discuté de ce que nous voulons dans le processus de régularisation des terres, de la gestion de notre territoire, de l'éducation des quilombos, du logement, de la santé des femmes, de la génération de revenus, de la valorisation de la production culturelle et artisanale locale.

Même les communautés qui ont obtenu des titres fonciers souffrent des actions des agriculteurs, des entreprises, des agences gouvernementales et autres. Nous demandons que le processus de régularisation foncière devienne moins bureaucratique et plus agile, car cette lenteur implique une augmentation des conflits.

La Convention 169 de l'OIT doit être mise en pratique. L'adhésion du Brésil à cette convention est fondamentale pour nous. Nous soulignons également l'importance de combattre d'autres tentatives visant à faire reculer la garantie de nos droits, comme l'Action directe d'inconstitutionnalité - Adi 3239, qui remet en cause la constitutionnalité du décret 4887/2003 et la Proposition d'amendement constitutionnel - PEC 215, en procédure avancée au Congrès, sur la démarcation et la délimitation des terres indigènes et quilombos.

C'est dans ce sens que les femmes quilombolas du Brésil ont tenu, à Brasília-DF, entre le 13 et le 15 mai 2014, la Ière Rencontre nationale, avec pour objectif de consolider la lutte pour la terre, d'évaluer les politiques publiques et de promouvoir le dialogue entre les différentes organisations quilombolas du Brésil. Nous avons participé activement à la construction et à la réalisation de la Marche des femmes noires en 2015, une étape importante dans la lutte des femmes noires au Brésil et nous ne nous arrêtons pas car nous continuons à organiser des réunions étatiques, régionales, municipales de femmes quilombolas dans tout le pays, nous avons organisé 03 ateliers de femmes : Kalunga - Goias région du Pantanal - Mato Grosso et à Piauí et en 2017 nous avons organisé la 1ère réunion des coordinatrices de la CONAQ de la région Nord-Est à Ceará et l'atelier national des femmes dans l'État de Rio de Janeiro, qui serviront à guider nos pas dans l'autonomisation des femmes quilombolas, qui se manifeste sous ses formes, gestes et manifestations les plus variés, face à l'inégalité raciale, sociale, de genre, de génération et ethnique.

Au nom de toutes les femmes de Quilombola qui sont privées de liberté, menacées de mort, et pour toutes celles qui sont tombées dans la lutte, qui ont vu leur sang versé par le conflit agraire, par la violence domestique ; au nom de chaque fille qui naît ; au nom de chaque femme qui assume le rôle de transformer une société raciste, machiste et patriarcale, nous continuons fermement, chaque jour plus fort dans notre construction d'une société avec égalité, respect, sans racisme. machisme, nous continuons à transformer le destin et à écrire les pages de l'histoire des femmes quilombolas, en suivant les traces de Dandara dos Palmares, Tereza de Benguela, Zacimba Gaba, Aqualtune et de tant d'autres leaders quilombolas qui ont vu leur histoire annulée.

traduction caro du site de la CONAQ

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