Mexique : Communiqué dans le cadre de la visite de la CNDH dans les communautés de la Basse Montaña de Guerrero qui composent le CIPOG-EZ
Publié le 22 Octobre 2021
20 OCTOBRE 2021
À L'ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE EZLN
AU CONSEIL INDIGENE DE GOUVERNEMENT
AU CONGRÈS NATIONAL INDIGÈNE
AUX RÉSEAUX DE RÉBELLION ET DE RÉSISTANCE
A LA SEXTA NATIONALE ET INTERNATIONALE
AUX MÉDIAS
AUX ORGANISATIONS SOCIALES
20 octobre 2021
Le 18 octobre, un groupe d'observateurs de la Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH) est arrivé dans nos communautés, après des tentatives répétées auprès de tous les niveaux de gouvernement, après tant de meurtres, tortures, disparitions, enlèvements, extorsions, embuscades, fabrication de crimes avec leurs mandats d'arrêt respectifs ; Après avoir demandé et traversé toutes les instances institutionnelles, de la paperasse et encore de la paperasse ; après des promesses non tenues et un verbiage abondant de la part des gouvernements fédéral, d'état et municipaux ; après des mobilisations, des blocages de routes, des dénonciations ; après la solidarité de collectifs et d'organisations, ainsi qu'un rassemblement devant la CNDH. Au milieu de tant de violence et de tant de morts, après tant de résistance et d'organisation ?
Enfin, la Commission nationale des droits de l'homme est arrivée dans nos communautés.
Qu'est-ce qu'on attend ? Nous espérons qu'ils documenteront la douleur qui traverse et marque la vie des garçons, des filles, des hommes et des femmes, des grands-pères et des grands-mères ; nous espérons qu'ils diront la vérité ; nous espérons que le gouvernement mexicain écoutera cette Commission, car il ne nous a pas écoutés, au contraire, il nous a rabaissés, censurés, diffamés, critiqués et oubliés. Nous espérons que le nouveau gouvernement du Guerrero de la Quatrième Transformation, aujourd'hui dirigé par Evelyn Salgado Pineda, se penchera sur la situation dans la Montaña Baja de Guerrero, qu'il reconnaîtra l'existence des groupes criminels connus sous le nom de "los ardillos" et "los rojos", leurs liens avec le mauvais gouvernement, leur proximité avec le PRD et des personnages comme Celso Ortega, et qu'il les démantèlera, de la tête, qui se trouve au sein du PRD, au bureau du procureur de l'État, à la police municipale, jusqu'aux pieds. Dans des zones entières, le pavot est semé et le transit de la drogue est libre, les extorsions et les déplacements qui ont pour but ultime l'expropriation de notre territoire pour l'exploitation minière, des pratiques bien connues et qui sont la raison de tant de violence dans l'État pour le contrôle territorial et pour le contrôle de ceux d'entre nous qui y vivent ; c'est aussi la raison pour laquelle nous avons décidé de nous organiser. En bref, nous attendons d'eux qu'ils fassent le travail que leurs prédécesseurs, à commencer par Héctor Astudillo, qui ont décidé de ne pas faire.
Il est courant que les gouvernements entrants blâment les gouvernements sortants pour la crise qui existe dans l'état du Guerrero, nous n'oublions pas et aujourd'hui nous le leur rappelons. Nous espérons, pour la vie de nos communautés, qu'elles regarderont de haut les personnes vivant dans la pauvreté et la violence. Sachez que nous n'attendons plus de paroles vides et de promesses non tenues. Nous attendons la justice et nos bras seront toujours en l'air pour la réclamer ; nous attendons que les enfants de nos communautés puissent vivre sans avoir peur d'aller à l'école à cause des incursions de "Los Ardillos", que notre peuple puisse vivre libre sans risquer d'être assassiné, kidnappé, torturé par ces groupes criminels organisés qui nous entourent et nous traquent sur les routes, qui tuent sans le moindre sens de l'humanité, parce que l'argent est plus important pour eux que la vie de ceux d'entre nous qui veulent vivre dans la dignité et la liberté.
Nous savons que dans quelques jours Andrés Manuel Lopez Obrador sera à nouveau dans le Guerrero, sans avoir rien fait pour nous, et nous réitérons que nous ne luttons pas pour un poste public, nous ne sommes financés par aucun parti, nous luttons pour la vie, parce que les groupes de crime organisé comme "los ardillos" et "los rojos" opèrent avec la complicité du mauvais gouvernement ; nous lui disons que notre douleur et nos demandes ne sont pas pour ses jeux. Nous demandons au président : à quoi sert un programme social si les criminels se cachent au coin de la rue pour nous extorquer ou nous assassiner. Pour nous, dans l'intensité, la chose la plus importante est la sécurité de nos communautés.
Nous disons également que la Commission nationale des droits de l'homme qui nous rendra visite, si elle décide de dire la vérité, ne dira rien de plus que ce que nous avons déjà dénoncé et que le gouvernement entrant d'Evelyn Salgado connaît sûrement ; bien que nous puissions également penser qu'elle ne connaît pas la situation de la Montaña Baja de Guerrero et qu'elle a bien l'intention de la connaître. Nous espérons qu'il y aura une intervention directe et une solution rapide à nos justes demandes, que notre voix sera entendue ; nous, les peuples nahua qui composent le Conseil indigène et populaire de Guerrero - Emiliano Zapata, ne sommes pas des ennemis à vaincre ; nous existons à cause de l'absence de justice, de liberté, de démocratie, nous existons parce que nous choisissons de vivre.
En attendant, nous continuerons à insister, à nous battre pour la vie que la résistance crée.
Sincèrement vôtre :
Conseil indigène et populaire de Guerrero - Emiliano Zapata
traduction caro d'un communiqué paru sur le site du CNI le 20/10/2021