Guatemala : Le pêcheur Eduardo Bin est détenu à El Estor ; son avocat affirme que son emprisonnement est illégal

Publié le 29 Octobre 2021

27 octobre 2021
18 h 17
Crédits : Nelton Rivera. Presse communautaire.
Temps de lecture : 4 minutes
Par Regina Pérez

Au quatrième jour de l'état de siège instauré par le gouvernement d'Alejandro Giammattei à El Estor, Izabal, à la suite de l'expulsion violente de la résistance pacifique contre le projet minier Fénix de la Compañía Guatemalteca de Níquel (CGN), la police et le ministère public ont effectué 11 descentes, dont certaines aux domiciles de plusieurs dirigeants communautaires qui participaient au sit-in contre la compagnie minière russo-suisse Solway Investment Group.

Dans le cadre de cette procédure, ils ont arrêté Eduardo Bin Poou, qui a été capturé avec un mandat d'arrêt qui a été exécuté en 2017, raison pour laquelle son avocat de la défense considère que cette détention est illégale.

Mercredi matin, des perquisitions ont été signalées au domicile d'Adolfo Ich Choc, membre du Conseil des autorités ancestrales Maya Q'eqchi, et au domicile de Germán Chub. Ich est le fils du professeur Adolfo Ich Chamán, qui a été assassiné en 2009 par le colonel Mynor Rolando Padilla, ancien chef de la sécurité de la compagnie minière, dans le cadre des expulsions menées contre la communauté de Las Nubes pour favoriser les opérations de la compagnie canadienne Hudbay Minerales, qui possédait à l'époque la Compañía Guatemalteca de Níquel (CGN).

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Germán Chub, quant à lui, a été directement victime de l'attaque menée contre Ich Chamán en 2009 par la sécurité privée de la compagnie minière et est resté paralysé.

La PNC a également signalé l'arrestation de Delfín Oliverio Cacao Bol, pour les délits de détournement et de rétention abusive.

La détention de Bin Poou est illégale, selon l'avocat de la défense

Eduardo Bin Poou a été capturé à El Estor, avec un mandat d'arrêt qui a été exécuté en 2017, suite à une plainte de l'entreprise CGN contre lui et d'autres membres du syndicat. Carlos Choc, correspondant de Prensa Comunitaria, est également cité dans la plainte.

Le mandat d'arrêt contre Poou porte sur les délits de menaces, d'instigation à commettre un délit, d'association illégale, de réunions et manifestations illégales, de dommages et de détentions illégales.

L'avocat de la défense de Bin Pou, Santiago Choc, a souligné que l'arrestation du leader communautaire est illégale, car le mandat d'arrêt avec lequel il est détenu a été exécuté en 2017.

Ce mandat d'arrêt contre Bin Pou a été émis par le juge Edgar Aníbal Arteaga, du tribunal de première instance pénal, trafic de drogue et délits contre l'environnement d'Izabal en 2017, suite à une plainte de la CGN.

"Don Eduardo Bin était détenu sous ce mandat d'arrêt, ce mandat n'est pas en vigueur et la police le détient avec ce mandat, cela signifie que c'est manifestement illégal", a déclaré l'avocat Choc.

M. Choc estime que le tribunal "n'a sûrement pas envoyé les documents correspondants à la police nationale civile, c'est pourquoi la police pense que le mandat est en vigueur".

Selon l'avocat, ils prennent des mesures pour indiquer au tribunal qu'ils doivent se conformer à leur obligation d'envoyer les lettres officielles à la police indiquant que le mandat d'arrêt n'est pas en vigueur.

Jorge Aguilar, porte-parole de la PNC, a déclaré que 11 raids ont été effectués aujourd'hui et a confirmé l'arrestation de Bin Poou. Lorsqu'on lui a demandé s'il était détenu avec un mandat d'arrêt qui n'était plus en vigueur, il a répondu qu'il serait mis à la disposition du tribunal "où il devra régler sa situation juridique".

Des organisations telles que l'Unité de protection des défenseurs des droits de l'homme (UDEFEGUA) et le Centre d'action juridique pour les droits de l'homme (CALDH) ont dénoncé cette détention, qu'elles ont qualifiée d'illégale.

"Nous condamnons la détention illégale à laquelle a été soumis le défenseur Eduardo Bin, où la police a utilisé une décision de justice inexistante, pour un processus de criminalisation auquel le défenseur fait face depuis 2018", a déclaré l'UDEFEGUA sur son compte Twitter.

Bin Poou attend actuellement le début du débat oral et public sur la plainte de la CGN, qui a été suspendue au moins neuf fois. Le dirigeant s'est vu accorder des mesures alternatives.

Les raids et les arrestations ont eu lieu dans le cadre de l'état de siège imposé par le président Alejandro Giammattei dans la municipalité, suite aux expulsions violentes du peuple Q'eqchi' qui demande à être inclus dans la consultation communautaire sur le projet minier de Fénix, qui ont été effectuées par la police et des membres de l'armée les 22 et 23 octobre.

traduction carolita d'un article paru sur Prensa comunitaria le 27/10/2021

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