Mexique : La longue histoire de violence paramilitaire et d'impunité de l'ORCAO
Publié le 18 Septembre 2021
Radio zapatista
16 septembre 2021
Le 11 septembre, selon le Réseau Ajmaq, deux membres du Conseil de bon gouvernement "Patria Nueva" du Caracol 10 (Ocosingo) ont été enlevés par l'Organisation régionale des producteurs de café d'Ocosingo (ORCAO). À ce jour, les autorités zapatistes José Antonio Sánchez Juárez et Sebastián Núñez Pérez sont toujours portées disparues. Depuis le collectif radio zapatiste, nous appelons à la solidarité nationale et internationale pour exiger leur libération immédiate.
L'ORCAO, dénoncé à plusieurs reprises par les conseils de bon gouvernement comme une organisation paramilitaire, attaque depuis plus de 20 ans les communautés zapatistes avec une violence croissante et en toute impunité.
L'ORCAO a été fondée en 1988 par 12 communautés de la municipalité d'Ocosingo, au Chiapas, en tant qu'organisation de lutte légitime réclamant de meilleurs prix pour le café et une solution à l'arriéré agraire. En peu de temps, de nombreuses autres communautés ont adhéré. Pendant des années, l'ORCAO a entretenu des liens avec le zapatisme. Toutefois, ces liens ont été rompus à la fin des années 1990, lorsque l'organisation, comme tant d'autres, a cédé à la tentation de rivaliser pour obtenir des aides gouvernementales et des fonctions publiques en échange de faveurs. La rupture s'est aggravée avec l'arrivée de Pablo Salazar comme gouverneur du Chiapas en 2000. L'ORCAO a ensuite abandonné la lutte et s'est allié au gouvernement, rompant avec l'EZLN pour avoir accès à l'argent public. A partir de là, les agressions sont devenues de plus en plus fréquentes et violentes.
Voici un résumé de la trajectoire de la violence de l'EZLN depuis cette époque.
- En janvier 2002, quelque 70 membres de l'ORCAO ont attaqué des bases de soutien zapatistes dans le Nuevo Poblado Javier López, municipalité autonome de Francisco Gómez, avec la complicité et le soutien de la police, en utilisant des pierres, des matraques, des lances-pierres des chaînes et des machettes.
- En juin 2002, des membres de l'ORCAO de Sibacá ont détruit deux hectares de cultures dans la municipalité autonome Primero de Enero, en plus de démolir des barrières à Pomalá, de menacer les habitants de López-Chamizal, d'expulser des zapatistes d'Ucumiljá et de Ja'ten'chib (Ocosingo) et de les déplacer en tirant sur eux depuis leurs maisons à San Pedro Buena Vista (Sitalá), en les dépossédant de 30 hectares de terres et en volant leurs maisons et tous leurs biens.
- En janvier 2009, alors que l'EZLN célébrait le Festival de la Digne rage à San Cristóbal de Las Casas, des membres de l'ORCAO ont attaqué et tenté de déposséder les bases de soutien zapatistes d'un terrain de 500 hectares à Bosque Bonito, municipalité autonome Che Guevara. Peu après, 220 membres de l'ORCAO, à bord de 19 camions et camionnettes, ont tenté de pénétrer de force dans le caracol de Morelia. À la même époque, l'ORCAO a également empêché le passage de zapatistes transportant du bois pour la construction de nouveaux espaces pour l'école autonome Primero de Enero.
- En avril de la même année, alors que la police sectorielle et le groupe paramilitaire OPDDIC attaquaient et harcelaient les zapatistes autour des cascades d'Agua Azul, des membres de l'ORCAO ont menacé de mort les zapatistes, ont tenté d'incendier la tente collective au passage de Cuxuljá (un acte qu'ils ont consommé en août 2020) et ont mis le feu à 60 hectares.
- À la fin de cette année-là, les conseils de bon gouvernement de La Garrucha et de Morelia ont dénoncé le fait que l'ORCAO avait organisé un groupe pour prendre le marché des agriculteurs d'Ocosingo, en expulsant les zapatistes.
- En juillet 2011, des membres de l'ORCAO ont envahi des terres récupérées par l'EZLN dans le village d'El Paraíso. Cette attaque fait suite à plusieurs autres attaques menées entre mars et juin 2011, au cours desquelles ils ont détruit 4 500 plants de café, un demi-hectare de canne à sucre et un demi-hectare de milpas, et volé du bétail, du fil de fer et du bois. En juin de la même année, des membres de l'ORCAO ont enlevé et torturé deux zapatistes à Ocosingo.
- En août 2011, les paramilitaires de l'ORCAO ont détruit une maison destinée aux observateurs dans la communauté de l'Ejido Patria Nueva, qui appartenait alors au Caracol de Morelia. Le même mois, 12 groupes armés de l'ORCAO ont attaqué des bases de soutien zapatistes avec des armes à feu, des pierres et des bâtons.
- En mai 2012, le JBG de Morelia a dénoncé les dépossessions de terres par L4ORCAO dans les municipalités autonomes de 17 de Noviembre et Lucio Cabañas. En août de la même année, l'ORCAO a mené plusieurs attaques avec des armes à feu contre des bases de soutien zapatistes, selon le JBG de Morelia.
- En juillet et août 2014, des membres de l'ORCAO ont mené une série d'attaques et déplacé des bases de soutien zapatistes dans la municipalité autonome de San Manuel, caracol de La Garrucha, juste avant que le partage entre les peuples indigènes du pays ait lieu dans le caracol de La Realidad en août de la même année. (Voir Action urgente Frayba).
- Le 23 février 2020, des membres du Congrès national indigène (CNI) des communautés de San Antonio Bulujib et Guaquitepec, municipalité de Chilón, dont deux bébés, ont été battus et enlevés par des membres de l'ORCAO et du groupe paramilitaire Los Chinchulines, ainsi que par des membres du parti MORENA, en représailles pour avoir participé aux Journées de défense du territoire et de la Terre Mère "Samir Somos Todas y Todos"..
- Le 22 août 2020, des membres de l'ORCAO ont pillé et incendié deux entrepôts de maïs et de café appartenant à des bases de soutien zapatistes, au carrefour de Cuxuljá, entre Oxchuc et Ocosingo, dans la municipalité autonome de Lucio Cabañas, déclenchant une forte condamnation nationale et internationale. (Lire/écouter le rapport de la Caravane de solidarité vers les communautés zapatistes de Moisés Gandhi et Nuevo San Gregorio. Voir également ce rapport d'Avispa Mídia et celui de Pie de Página).
- Le 8 novembre de la même année, l'ORCAO a enlevé et torturé la base de soutien zapatiste Félix López Hernández, qui a été libéré grâce à la pression nationale et internationale quelques jours plus tard. Dans la même plainte, le JBG de Patria Nueva affirme quE L'ORCAO a reçu une aide gouvernementale pour construire une école, mais l'a utilisée pour acheter des armes de haut calibre, avec la complicité présumée du gouvernement 4T.
- En janvier 2021, le Centre des droits de l'homme Fray Bartolomé de Las Casas a signalé de nouvelles agressions armées de l'OR/CAO contre la communauté Moisés Gandhi. En avril de la même année, deux membres de ce centre des droits de l'homme ont été kidnappés alors qu'ils se rendaient à une réunion à Palenque, dans le village de San Felipe, habité en majorité par des membres de l'ORCAO, dans ce que tout indique être un acte de représailles pour le travail de documentation du centre.
Ce n'est pas une coïncidence si l'enlèvement des deux membres du Conseil de Bon Gouvernement dU Caracol 10 Patria Nueva a lieu dans le contexte du Voyage pour la Vie, juste au moment où la délégation aérienne zapatiste arrive à Vienne pour entamer une série de rencontres avec des collectifs et organisations de gauche en Europe. Face à la lutte pour la vie, la violence paramilitaire impunie promue par le gouvernement de la supposée Quatrième Transformation.
Nous nous joignons à la demande de libération immédiate de José Antonio Sánchez Juárez et Sebastián Núñez Pérez et de fin des agressions et de l'impunité dont jouit l'Organisation régionale des caféiculteurs d'Ocosingo (ORCAO).
source d'origine Radio Zapatista
Traduction carolita d'un article paru sur Desinformémonos le 16/09/2021
La larga historia de violencia paramilitar e impunidad de la ORCAO
El pasado 11 de septiembre, conforme denuncia de la Red Ajmaq, dos miembros de la Junta de Buen Gobierno "Patria Nueva", del Caracol 10 (Ocosingo), fueron secuestrados por la Organización Regional...
https://desinformemonos.org/la-larga-historia-de-violencia-paramilitar-e-impunidad-de-la-orcao/