EZLN, CNI et FPDTA lors de la manifestation de la grève climatique à Vienne, en Autriche

Publié le 27 Septembre 2021

Posté par : POZOL COLLECTIVO 25 septembre 2021


Vienne 24 septembre. Vingt mille personnes sont descendues dans les rues de la capitale autrichienne aujourd'hui pour demander un changement urgent face au changement climatique. Au milieu de la foule, une demi-centaine de zapatistes et d'autres peuples indigènes du Mexique, présents à travers les délégations du Congrès National Indigène et du Front des Peuples pour la Défense de la Terre et de l'Eau, ont défilé dans les rues.

La manifestation a quitté le Praterstern vers 13 heures et a parcouru les larges avenues de Vienne sur un parcours de 4 km rempli de slogans en anglais et en allemand réclamant la justice climatique, une action urgente pour lutter contre le réchauffement de la planète, le changement de système et le soutien de la résistance à Lobau, à la périphérie de la ville, contre la construction d'une autoroute dans sa plus importante réserve naturelle. Elle s'est terminée au Parlement autrichien, où les derniers manifestants sont arrivés deux heures et demie après le début de la marche.

Après les discours des organisateurs et la prestation d'un groupe musical, deux compañeras sont montées sur scène et ont fait résonner le message des peuples indigènes du Mexique devant des milliers de personnes, devant le balcon majestueux d'où Hitler a prononcé son discours en 1938, consommant l'annexion de ce territoire à l'Allemagne nazie. Le discours des deux compañeras a été applaudi par des milliers de personnes.

Libertad, une compañera zapatiste, a pris la parole en premier, racontant l'histoire d'une femme. "La couleur de sa peau n'a pas d'importance, car elle a toutes les couleurs. Peu importe sa langue, car elle écoute toutes les langues. Peu importe sa race et sa culture, car en elle vivent toutes les voies. Peu importe sa taille, car elle est grande et pourtant elle tient dans une seule main. Chaque jour et chaque heure, cette femme est violée, battue, blessée, violentée, moquée, méprisée. Un homme exerce son pouvoir sur elle, chaque jour et chaque heure. Elle vient à nous, nous-mêmes, elle nous montre ses blessures, ses douleurs, ses peines, et nous ne lui donnons que des mots de réconfort, de pitié, ou nous l'ignorons. Peut-être, en guise d'aumône, lui donnons-nous quelque chose pour guérir ses blessures, mais le mâle continue sa violence.

Nous et vous savez où cela s'arrête. Elle sera tuée et avec sa mort, tout mourra. Nous pouvons continuer à ne lui donner que des mots d'encouragement et des médicaments pour ses maux. Ou nous pouvons lui dire la vérité : le seul remède qui puisse la guérir et la soigner complètement est qu'elle affronte et détruise celui qui la viole. Et nous pouvons aussi, en conséquence, la rejoindre et nous battre à ses côtés.

Nous, peuples zapatistes, appelons cette femme "Terre-Mère". Au macho qui l'opprime et l'humilie, donnez-lui le nom, le visage et la silhouette que vous voulez. Nous, les peuples zapatistes, donnons un nom à ce macho meurtrier : le capitalisme.

Et nous sommes venus à cette géographie pour vous demander : allons-nous continuer à panser qu'avec des onguents et des analgésiques, les coups d'aujourd'hui seront résolus, même si nous savons que demain la blessure sera plus grande et plus profonde ? ou allons-nous lutter ensemble avec elle ?

Nous, les communautés zapatistes, avons décidé de lutter avec elle, par elle et pour elle".

Libertad termine l'intervention sous les applaudissements et les cris de "Ah, Anti, Anti-capitalistes". C'est ensuite au tour d'Isabel, une femme otomí du Congrès National Indigène, de prendre la parole, d'abord en otomí, puis en espagnol :

"Aujourd'hui, nous constatons que ceux d'entre nous qui vivent dans la ville n'y ont aucun droit et que ceux qui sont dans nos villages sont dépossédés. De nombreuses entreprises nous font croire qu'il s'agit d'un progrès. Nous avons des centrales thermoélectriques, le train Maya, des parcs éoliens, les parents d'Ayotzinapa, et des produits agrochimiques qui ne sont plus vendus ici dans les pays développés et ils les emmènent dans nos villages pour nous tuer tous.

Aujourd'hui, nous sommes ici, tous les peuples, de l'autre côté du monde, pour marcher ensemble. C'est pourquoi nous, en tant que Conseil Indigène de Gouvernement, marchons ensemble avec nos frères et sœurs zapatistes. Il s'agit d'une Tournée pour la vie parce que, si la Terre Mère prend fin, si nous la tuons tous, nous allons finir avec elle, nous allons mourir avec elle. Et d'ici, nous disons au capitalisme et au patriarcat que la seule chose que nous voulons, c'est notre autonomie, nos peuples, nos eaux libres de toute pollution (...) Nous ne voulons plus de capitalisme, nous ne voulons plus d'entreprises. Et nous disons aussi que nous n'oublierons pas, que nous n'abandonnerons pas et jusqu'à la victoire... Zapata vit !" Et la foule répond : "La lucha sigue!

Texte : Guillotina info

traduction carolita d'un article paru sur Collectivo Pozol le 25/09/2021

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